La Toussaint, son sens et son histoire

Bas, responsable d’Emmanuel Music nous parle de la fête de la Toussaint, de son origine à sa signification. 

Tout comme la vénération des saints a commencé, historiquement, par le culte des martyrs pour s’élargir aux autres catégories de saints, la célébration de la Toussaint a débuté par une célébration annuelle de tous les martyrs, spécifiquement ceux et celles qui n’avaient pas une date propre à laquelle ils étaient célébrés.

Toussaint NL 2

Cette célébration semble trouver ses origines dans l’Orient. En Syrie orientale, une telle fête de tous les martyrs avait déjà lieu au début du 5ème siècle, le vendredi après Pâques.

Depuis Jean Chrysostome, à Constantinople, les grandes fêtes pascales se concluent par une célébration commune de tous les martyrs le premier dimanche après la Pentecôte. Ces deux dates semblent indiquer le lien senti par ces églises, entre d’une part le mystère pascal et d’autre part la venue de l’Esprit Saint, qui corrobore les chrétiens pour témoigner de leur foi jusqu’à même l’effusion de leur sang. Aussi, dans l’Orient chrétien, le 13 mai est la date de célébration d’une fête de tous les martyrs, depuis au moins 519 par l’église d’Edesse.

A partir du 6ème et 7ème siècle, nous commençons à repérer ces trois mêmes dates de célébration en Occident. Le vendredi après Pâques, nous retrouvons une célébration de Sainte Marie des martyrs (ad S. Mariam ad martyres), et au premier dimanche après la Pentecôte est attribué le titre de “Dimanche de la fête des saints” (Dominica in natale sanctorum). Mais la date la plus importante est sans doute le 13 mai de l’an 609 (en cette année-là, c’était justement le premier dimanche après la Pentecôte). C’est à cette date qu’eut lieu la dédicace de l’église de Sainte Marie des martyrs (S. Maria ad martyres), l’ancien Panthéon à Rome, par le pape Boniface IV. Ce 13 mai est par la suite devenu la fête annuelle de tous les martyrs pour l’Occident.

Ce sera, ensuite, le pape Grégoire III (731-741) qui élargira cette fête de tous les martyrs à une célébration de tous les saints. C’est lui aussi qui ajoutera, dans le Canon romain (notre actuelle Prière eucharistique I) la mention de “tous les saints” (dans la partie communément appelée communicantes : “Unis dans une même communion, vénérant d’abord la mémoire de la bienheureuse Marie toujours vierge, … et de tous les saints”).

La date actuelle de la Toussaint, le 1er novembre, trouve ses origines dans une tout autre partie du monde chrétien, à savoir l’Irlande et l’Angleterre. C’est là que les chrétiens célébraient déjà au milieu du 8ème siècle, au jour du 1er novembre (début de la saison hivernale), une fête commémorant tous les saints. Ensuite, cette date s’est répandue à travers le pays des Francs, dans le Nord de l’Europe. Enfin, à l’instigation de Louis le Pieux (fils de Charlemagne), le pape Grégoire IV a remplacé à Rome en 844 la fête romaine du 13 mai, par la célébration du 1er novembre.

La nouvelle et actuelle préface, chantée à la messe du 1er novembre, nous indique encore un nouveau développement du contenu de cette solennité de Tous les saints. L’Eglise célèbre désormais en ce jour non seulement tous les saints et saintes canonisés, mais tous ces sublimes membres de l’Eglise qui sont déjà glorifiés (congaudentes de Ecclesiae sublimium glorificatione membrorum), cette couronne de nos frères et sœurs qui, déjà, louent le Seigneur éternellement dans la Jérusalem céleste (caelestisque Ierusalem, ubi iam te in aeternum fratrum nostrorum corona collaudat).

En ce jour, l’Eglise nous invite à nous réjouir avec les anges : “Tous ensemble, réjouissons-nous dans le Seigneur, célébrons ce jour de fête en l’honneur de tous les saints. Les anges se réjouissent avec nous en cette fête ; ils en glorifient le Fils de Dieu.” (antienne d’ouverture de la messe). En effet, nous célébrons cette ‘gloire de tous les saints’(cf. collecte de la messe) évoquée par la préface, cette ‘multitude’ qui ‘intercède pour nous’ (cf. collecte).

C’est de cette ‘multitude’ qu’il est question dans la première lecture: “Et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues […] vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main”. Venant “de la grande épreuve, ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau” (cf. la première lecture Ap. 7, 2-4.9-14). C’est bien ‘le peuple de ceux qui cherchent la face du Seigneur’ (cf. le refrain du Ps. 23).

Avec eux, nous aussi nous cherchons cette face. Nous aussi, nous sommes ‘enfants de Dieu’, “mais ce que nous serons, n’a pas encore été manifesté”. Pourtant, “nous le savons : quand cela sera manifesté, nous serons semblables [à Dieu], car nous le verrons tel qu’il est” (cf. 1 Jn 3, 1-3, deuxième lecture).
Voilà la gloire des saints : voir Dieu tel qu’il est.
C’est bien de cela dont parle l’Evangile de ce jour, quand Jésus dit : “Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu” (Mt. 5, 8). C’est là tout un chemin qui passe par les paradoxes que nous rencontrons dans les béatitudes :

“Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. […] Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.” (Mt. 5, 3-9).

C’est par la purification de la persécution que nous aurons part au Royaume : “Heureux les cœurs purs, […] Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux” (antienne de la communion). Et voilà comment Celui qui est le seul Saint, nous fera ‘passer de la table des pèlerins au banquet de la patrie du ciel’ (prière après la communion). Car c’est le propre des saints de ressembler toujours plus à leur Maître, le Christ.

Pour entrer pleinement dans cette belle fête, nous vous proposons ce beau chant pour prier avec tous les saints et les saintes du Ciel.

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