La Semaine sainte avec nos frères et sœurs d’Ukraine, de RDC et d’Haïti

Temps de commémoration de la Passion, la Semaine sainte nous est donnée pour communier aux souffrances du Christ qui se poursuivent aujourd’hui chaque fois que le mal est à l’œuvre, particulièrement dans les pays en guerre.

Nous avons recueilli le témoignage de membres de l’Emmanuel en Ukraine, en République Démocratique du Congo et en Haïti. Au cœur des épreuves qu’ils traversent – bombardements, attaques armées, déplacements de populations, faim, maladies, deuils… – la Semaine sainte est pour eux un temps de supplication et de compassion auquel nous souhaitons nous associer par la prière.

« Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. » C’est avec ce verset du psaume 23 que Lesa Pankevych, ukrainienne, nous confie vouloir vivre la Semaine sainte, car « tu ne peux pas te cacher devant la guerre… » Teresa Kolesnicka, elle aussi ukrainienne, raconte : « Pendant cette Semaine Sainte je vais essayer de me calmer et de m’arrêter. La guerre et les nouvelles que nous recevons sont un cauchemar et suscitent parfois de la colère et de la haine. Je prie non seulement pour la paix mais aussi pour l’amour du prochain. S’il y a plus d’amour dans mon cœur pour mes ennemis, la paix régnera alors non seulement dans mon cœur mais aussi dans mon pays. »

Marie Broda est veuve, elle a quitté l’Ukraine pour vivre en Pologne mais offre toutes ses souffrances pour son pays : « Avant le carême, j’ai demandé au Seigneur de pouvoir travailler pour Lui en Pologne et de pouvoir participer à la messe et au chemin de croix au moins une fois par semaine. Le Seigneur m’a exaucée et je travaille actuellement dans une famille polonaise auprès d’une personne âgée. Je peux aller à la messe quotidiennement. J’offre toutes mes souffrances et toutes mes prières à Jésus, pour l’Ukraine pleurante, pour les soldats et pour les innocents qui sont perdus. Seigneur, que tout au long de notre pèlerinage sur la terre, nous soyons toujours prêts à te rencontrer, à faire le bien, à nous pardonner les uns aux autres, à prier, surtout pour nos ennemis… »

« La Semaine sainte est une semaine de supplication pour la paix et de compassion avec les milliers de familles qui meurent de faim.»

En République Démocratique du Congo, le père Giresse Liévin Muyayalo, prêtre de l’Emmanuel depuis 10 ans, vit à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en proie à des conflits armés depuis 30 ans : « Depuis la fin de l’année 2023, les attaques armées se sont multipliées dans le diocèse de Goma. Des villages et des paroisses sont sous le feu des bombardements. Obligés d’abandonner leurs villages, des milliers de personnes se déplacent vers la ville de Goma où elles sont entassées dans des camps de misère. Les gens meurent tous les jours de faim dans les camps des déplacés et s’interrogent : Pourquoi les hommes n’aiment-ils pas vivre en paix ? Pourquoi tous ces massacres ?» Face au mystère du mal, le père Giresse répond par la compassion : « J’achète de la bouillie de maïs aux enfants qui meurent de faim, des milliers d’enfants, dont beaucoup ne savent pas si leurs parents sont encore vivants. Dès que nous recevons quelque chose, avec d’autres prêtres et des sœurs, avec l’aide de familles d’accueil, nous essayons de les prendre en charge. »

Camp deplaces Goma RDC temoignage semaine sainte 2024
Le père Giresse dans un camp de déplacés à Goma

A l’issue d’un carême consacré à prier pour la paix, la Semaine sainte, pour le père Giresse et les habitants de Goma, « prend le sens d’une semaine de prière de supplication pour que la paix revienne et de compassion avec les milliers de familles qui meurent de faim. Le jour de Pâques puis pendant le temps pascal, avec la communauté de l’Emmanuel, les jeunes du diocèse de Goma et quelques volontaires, nous aimerions offrir un repas aux enfants qui vivent dans les camps. Nous demandons aussi à tous les chrétiens du monde entier de prier pour nous pendant cette semaine Sainte. Cette guerre injuste n’a que trop duré.»  

« La Semaine sainte est un temps de grande réflexion. Nous voyons nos souffrances dans celles du Christ. »

Comme en RDC, en Haïti, les populations vivent un chemin de croix qui semble ne pas avoir de fin : des gangs armés contrôlent désormais 80% de la capitale, l’insécurité et les tirs de balle sont incessants, les habitants ont faim.

Avec quelques frères et sœurs en Christ, Guerda Milien témoigne de la puissance de la Croix : « Pour nous, aujourd’hui, le désert est là, les accusations, la condamnation, l’agonie et le calvaire sont bien là. Notre réalité n’est que ténèbres et mort.

La Semaine sainte qui vient de commencer est un temps de grande réflexion. Nous voyons nos souffrances dans celles du Christ : bien qu’étant Dieu, il a subi tout cela injustement et l’a accepté par amour pour l’humanité toute entière, c’est-à-dire pour nous. 

Au cœur du découragement, de l’incertitude, de l’inquiétude, de la peur et de la colère, malgré l’obscurité qui nous enveloppe, la solitude, notre foi si fragile, il serait légitime de douter.

Pourtant, nous avons la conviction que rien ne peut nous enlever notre amour pour Dieu, notre confiance en Lui et notre espérance en sa divine miséricorde. Seule la foi peut nous permettre d’accueillir la joie de la résurrection qui nous rappelle que la vie est toujours victorieuse et que de la Croix jaillit la lumière. Car, comme l’écrit St Paul dans sa deuxième lettre à Timothée :

« Si nous sommes morts avec Lui, avec Lui nous vivrons… » 2 Tm 2,11-13

En cette Semaine sainte, nous vous invitons à prier pour Lesa, Teresa, Marie, le père Giresse, Guerda et tous ceux qui souffrent de la guerre en Ukraine, en République Démocratique du Congo, en Haïti mais en bien d’autres endroits du monde, notamment au Proche-Orient.

Seigneur, prends pitié de chacun d’eux.

Seigneur, accorde leur de connaitre la paix. 

 

Psaume 129

Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,

Seigneur, écoute mon appel ! * Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière !

Si tu retiens les fautes, Seigneur Seigneur, qui subsistera ? *

Mais près de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne.

J’espère le Seigneur de toute mon âme ; * je l’espère, et j’attends sa parole.

Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. * Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,

attends le Seigneur, Israël. Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat. *

C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes. 

 

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