La Sainte Tunique, symbole d’unité

« C’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors (les soldats) se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura” » (Jn 19, 24). La tunique du Christ se trouve à la basilique d’Argenteuil depuis plus de 1 000 ans.

Par GUY-EMMANUEL CARIOT, recteur de la basilique d’Argenteuil.

GE Cariot IEV356La sainte Tunique, présente à la basilique d’Argenteuil depuis le début du IXe siècle est un habit de pauvre, confectionné en laine teinte de garance. Elle nous est décrite dans la Passion selon saint Jean : « C’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors (les soldats) se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura” » (Jn 19, 24).

On le sait, dans l’Évangile selon saint Jean, le thème de l’unité est lié à la mort de Jésus : « (Caïphe) prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 51-52).

Devant cet habit que l’histoire lacéra allègrement, accueillons ce que l’Écriture nous révèle : il s’agit d’une tunique sans couture (inconsutile). Depuis saint Cyprien de Carthage (IIIe siècle), la Tunique est devenue symbole d’unité. Cette lecture patristique a été inspirée par la conjoncture d’une Église que divisaient des conflits dogmatiques, époque où, après la terrible persécution de Dèce (290) la question de la réintégration de ceux qui avaient abjuré leur foi devant le persécuteur (les lapsi – ceux qui sont tombés) se posait. « Le vêtement du Christ, tissé d’un seul morceau et sans couture, ne peut pas être divisé par ceux qui la possèdent. Il est un, d’un seul morceau, d’un seul tissu. Il représente l’unité et l’entente de notre peuple, à nous qui avons le Christ comme vêtement. Par le mystère de ce vêtement et par ce signe, le Christ montre l’unité de l’Église » (saint Cyprien de Carthage, De l’unité de l’Église catholique, § 7).

Tissée d’un seul morceau, la Tunique est aussi tissée du haut vers bas. Notons que dans la Passion selon saint Jean, cette information se trouve à quelques versets de la mort même du Christ, de son « Heure », dans le langage johannique. C’est dire qu’aucun “détail” n’est ici à mépriser. La leçon est intéressante : l’unité préexiste et si nous la voyons comme le résultat de nos efforts, nous nous trompons. L’unité préexiste car l’Église est une par nature. Nous n’avons pas autorité pour la diviser, son unité étant d’origine divine.

C’est pour cette raison que l’analogie de l’unité avec un vêtement, la tunique, est si forte. Saint Paul nous parle de l’action de « revêtir le Christ » pour évoquer le baptême. Unis par le baptême au Christ, nous ne revêtons rien moins que le Christ lui-même. Le Christ devient l’habit de l’Église, c’est-à-dire ce qui en fait l’unité. Quel est donc cet habit ? C’est son sang, sa Passion. C’est elle qui nous marque, qui nous définit.

Un signe historique de l’amour de Dieu

Revêtir le Christ, c’est donc comme « entrer dans la peau » du Christ en ne formant qu’un en lui et avec lui. Bien qu’arrachée violemment au corps souffrant de Jésus après la flagellation et le chemin de croix, la Tunique est en réalité un don qu’il nous fait. Il nous laisse un signe clair, matériel, historique, de sa Passion, c’est-à-dire de son amour divin. Le livre de l’Apocalypse nous en donne l’expression : « “Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ?” Je lui répondis : “Mon Seigneur, toi, tu le sais.” Il me dit : “Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau” » (Ap, 7, 13-14). Du sang qui blanchit des vêtements ? On ne peut mieux dire que par cette image saisissante ce qu’est le baptême, une participation à la Passion et à la Résurrection du Christ. Le baptême est bien le socle le plus fort de l’unité des chrétiens. La Tunique, en nous présentant la Passion, c’est-à-dire l’amour sauveur du Dieu vivant, est comme l’habit que nous revêtons au baptême. Le chrétien est bien celui qui est marqué et sauvé par le sang de l’Agneau. « Ce vêtement, c’est l’image de l’unité qui vient d’en haut, c’est-à-dire du ciel et du Père. Celui qui reçoit cette unité et la possède ne peut pas la déchirer, mais il l’obtient tout entière, une fois pour toutes, solidement » (saint Cyprien de Carthage, De l’unité de l’Église catholique, § 23).

Revêtons encore et encore l’habit de la Passion. C’est ainsi que nous acquerrons la robe blanche de ceux qui dansent éternellement dans la joie de Dieu et que, dès maintenant, nous serons l’Église une, ce fleuve d’eau vive pour irriguer une époque aride. ¨

Aller sur le site saintetunique.com

Cet article fait partie du dossier thématique :Unité des chrétiens →

Le magazine Il est vivant a publié le numéro spécial :

IEV n°356 - Unité des chrétiens : marcher, prier, travailler ensemble Se procurer le numéro →

Recommandez cet article à un ami

sur Facebook
par Whatsapp
par mail