La correction fraternelle, mode d’emploi

Un exercice délicat de la charité

Correction fraternelle : deux mots qui peuvent sembler antinomiques. Pourtant, à l’exemple du Christ qui la pratique abondamment dans l’Evangile, la correction fraternelle fait partie des instruments indispensables qui nous sont donnés par la Tradition de l’Eglise pour nous aider mutuellement à grandir en sainteté. 

– Une tradition évangélique

À partir de l’enseignement et de l’exemple de Jésus, c’est une tradition dans la vie de l’Eglise, une obligation d’amour et de justice en même temps.

Saint Paul conseille aux chrétiens de Corinthe de “s’exhorter les uns les autres”.

” Si tu découvres quelque défaut chez un ami, corrige-le en secret […] Les corrections, en effet, font du bien et sont plus bénéfiques qu’une amitié silencieuse “. Saint Ambroise, IVème siècle.

– Une nécessité pour le chrétien

Corriger les autres est une expression d’amitié et de franchise et un trait qui distingue le flatteur du véritable ami. A son tour, se laisser corriger est un signe de maturité et une condition du progrès spirituel.

– Corriger par amour

 « Nous devons donc corriger par amour ; non pas avec le désir de nuire, mais avec l’intention aimante d’amener leur amendement. Pourquoi le corrigez-vous, parce que cela vous a ennuyé d’être offensé par lui ? Dieu nous en préserve. Si tu le fais par amour de toi-même, tu ne fais rien. Si c’est l’amour qui vous anime, vous vous en sortez très bien. » Saint Augustin

– Un devoir de justice

« Si l’un d’entre vous s’écarte de la vérité et qu’un autre l’y ramène, qu’il sache que celui qui ramène le pécheur de son errance sauvera son âme de la mort et couvrira la multitude de ses péchés. » Jacques 5, 19-20

Face aux fautes des frères, il n’y a pas de place pour une attitude passive ou indifférente, particulièrement à l’égard de ceux qui occupent certaines positions d’autorité qui en plus de recevoir la correction fraternelle doivent la pratiquer.

– Dispositions nécessaires pour faire et recevoir la correction fraternelle

Prendre conscience que je suis responsable de la sainteté de mes frères. J’ai le devoir de les encourager à persévérer là où Dieu les appelle à se sanctifier.

Actualiser régulièrement mon désir de sainteté pour voir dans la correction reçue une grâce divine qui m’aidera à faire grandir ma fidélité envers Dieu.

Exercer la vertu d’humilité pour pouvoir écouter la voix de Dieu sans endurcir mon cœur.

– Comment pratiquer et recevoir la correction fraternelle

  • Dans une vision surnaturelle

Puisque la sainteté de mon frère est en jeu, je discerne, dans la prière et à la lumière de l’Esprit-Saint, l’opportunité de la correction et la manière la plus prudente de l’exercer (le moment, les mots appropriés…) pour éviter d’humilier mon frère.

  • Avec humilité

« Lorsque nous avons à réprouver les autres, considérons d’abord si nous avons commis cette faute ; et si nous ne l’avons pas commise, considérons que nous sommes des hommes et que nous avons pu la commettre. Soyons conscients de notre fragilité commune, afin que la miséricorde, et non la rancœur, précède cette correction. » St Augustin  

  • Avec douceur et affection

Saint Josémaria enseigne : « Quand tu devras la faire, la correction fraternelle devra être imprégnée de délicatesse — de charité ! — dans la forme comme dans le fond, car tu es à ce moment-là un instrument de Dieu. » 

Un signe concret de délicatesse sera de donner l’avertissement seul à seul avec la personne concernée, en laissant de côté tout commentaire ou plaisanterie.

  • Avec prudence

« La prudence dispose la raison à discerner, en toute circonstance, notre véritable bien et à choisir les moyens appropriés pour l’atteindre. »  Pour cette raison, une norme de prudence, scellée par l’expérience, est de demander l’avis d’une personne sage (directeur spirituel, prêtre, supérieur, etc.) sur l’opportunité de faire la correction.

– Les fruits de la correction fraternelle

Joie, paix et miséricorde.

Charité, humilité et prudence.

La correction fraternelle facilite et humanise nos relations, canalise tout esprit critique négatif ou jugement de valeur, évite les commérages, renforce l’unité de l’Eglise et l’esprit de communion et nous permet d’expérimenter un soutien fraternel. « Le frère aidé par son frère, est comme une ville fortifiée. »

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