La co-responsabilité entre prêtres et laïcs en vue de la mission

« L’ avenir de l’Eglise en dépend » Cardinal Kevin Farrell

Du 16 au 18 février, s’est tenu à Rome, un congrès organisé par le dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Ces journées de travail qui ont réuni 200 participants du monde entier avaient pour thème « Pasteurs et fidèles laïcs, appelés à marcher ensemble » : une invitation urgente à porter ensemble, prêtres et laïcs, la responsabilité de la mission dans l’Eglise. Cette perspective met l’accent sur la nécessité de la formation des laïcs.

Michel-Bernard de Vregille, modérateur de la Communauté de l’Emmanuel, et Véronique et Benoit Rabourdin, responsables internationaux d’Amour et Vérité, y ont participé.

Vignette Facebook MB Vregille IEV 353Frappé par la « simplicité et l’humour du pape François », Michel-Bernard de Vregille veut souligner tout d’abord « la richesse incroyable de l’assemblée, marquée par une grande diversité des personnes, qui a été le terreau d’une très belle rencontre d’Eglise. Les temps prévus de rencontres entre les personnes nous ont permis d’expérimenter que la communion dans l’Eglise est d’abord une communion entre les personnes. » 

Colloque pasteurs laics 2Ce que confirment Benoit et Véronique Rabourdin : « Nous avons vu la différence entre le premier et le dernier jour. Au début, les prêtres et les évêques étaient beaucoup entre eux, puis au fur et à mesure, ils sont venus voir les laïcs, ils se sont mélangés à nous. A la fin, ils venaient carrément s’asseoir à notre table pour discuter. Il s’est produit quelque chose de l’ordre d’une détente intérieure. Beaucoup de prêtres, issus d’églises très cléricales dans leur pays, sont venus nous remercier d’être là. C’était très beau. » 

« La synodalité est la voie que Dieu montre à l’Église. »

Que s’est-il donc passé qui a permis cette fraternité d’un genre nouveau pour nombre de participants ? Michel-Bernard explique que l’introduction du Cardinal Farrell, préfet du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, « a planté le décor ». En effet, ajoute-t-il, « le Cardinal a affirmé que l’expression « marcher ensemble » signifie la réalité d’une co-responsabilité des laïcs et des clercs dans une véritable église synodale. La synodalité, qui d’après le pape, est « la voie que Dieu montre à l’Eglise. »

« Les laïcs ne doivent pas être le « géant endormi » ! »

Colloque pasteurs laics 1Pour le modérateur de la Communauté de l’Emmanuel, « la co-responsabilité signifie simplement que les pasteurs et les laïcs portent ensemble la vie et la mission de l’Eglise. Tous les baptisés, quelle que soit leur responsabilité, sont appelés à travailler ensemble pour le bien commun de l’Eglise et sa fécondité, sans supériorité des uns vis-à-vis des autres. Et les laïcs doivent prendre toute leur place. Le père Navarro a rappelé un chiffre édifiant : sur le presque milliard quatre cents millions de catholique dans le monde, 99,99% sont des laïcs. Et il a eu cette interpellation marquante : les laïcs ne doivent pas être le « géant endormi » !

« En effet, l’exigence de valoriser les laïcs ne dépend pas de quelque nouveauté théologique, ni même d’exigences fonctionnelles à cause de la diminution des prêtres ; elle ne naît pas non plus de revendications catégorielles, pour accorder une “revanche” à ceux qui ont été mis de côté dans le passé. Elle repose plutôt sur une vision correcte de l’Église : l’Église comme Peuple de Dieu, dont les laïcs font partie à part entière avec les ministres ordonnés. Les ministres ordonnés ne sont donc pas les maîtres, ils sont les serviteurs : les pasteurs, pas les maîtres. »

Pape François

Pour réveiller le géant, le Congrès a mis en lumière la nécessité et l’importance de la formation. « Pas une formation théorique ou théologique uniquement, mais une formation pour la mission » explique Véronique Rabourdin. Car, cette co-responsabilité n’a qu’un seul enjeu, l’évangélisation, comme l’a rappelé le Pape François : « La synodalité trouve sa source et son but ultime dans la mission : elle naît de la mission et est orientée vers la mission. »

C’est dans cet esprit que Véronique et Benoit ont témoigné, au nom d’Amour et Vérité, fort de ses 40 ans d’expérience : « Rome nous a demandé de livrer notre expérience de collaboration entre prêtres et laïcs, qui est dans l’ADN d’Amour et Vérité mais aussi de la Communauté de l’Emmanuel. Nous avons ainsi partagé combien la formation théologique ou exégétique des prêtres pouvait nous être précieuse pour comprendre le magistère de l’Eglise, notamment sur les questions de sexualité, et en même temps combien l’expérience de terrain vécue concrètement par les laïcs permettait aux prêtres d’éviter d’avoir une vision hors-sol et déconnectée de la réalité. Ce dialogue prêtres – laïcs est un garde-fou contre une vision idéologique de la foi que le pape François dénonce d’ailleurs comme « une peste ».

Se former pour la mission suppose de se former ensemble, prêtres et fidèles laïcs, chacun dans son rôle et sans confusion. Pour les Rabourdin, « il faut accélérer la prise de conscience car l’avenir de l’Eglise en dépend, le Cardinal Farrell l’a rappelé. Le temps où c’étaient les clercs et les religieux qui partaient en mission pour évangéliser est aujourd’hui révolu. Si les laïcs ne sont pas en mission avec les clercs et les religieux, le monde sera privé d’évangélisation. L’Eglise demande aux laïcs de se mettre en mouvement, de se former avec les prêtres, dans une perspective missionnaire et c’est urgent ! »

Une urgence qui répond à notre vocation de baptisé, de chrétien comme l’exprime le Pape François : « Dans cet unique Peuple de Dieu, qui est l’Église, l’élément fondamental est l’appartenance au Christ. Dans les récits émouvants des Actes des martyrs des premiers siècles, nous trouvons souvent une simple profession de foi : “Je suis chrétien”, disaient-ils, (…) Aujourd’hui encore, dans un monde qui se sécularise de plus en plus, ce qui nous distingue vraiment comme Peuple de Dieu, c’est la foi dans le Christ, et non l’état de vie considéré en soi. Nous sommes baptisés, chrétiens, disciples de Jésus. Tout le reste est secondaire. » Mais, mon Père, même un prêtre ? » – « Oui, c’est secondaire » – « Même un évêque ? » – « Oui, c’est secondaire » – « Même un cardinal ? » – « C’est secondaire ». Notre appartenance commune au Christ nous rend tous frères. »

Quelques pistes concrètes pour vivre la co-responsabilité

Extrait du discours du Pape François 

“Cette coresponsabilité vécue entre laïcs et pasteurs permettra de dépasser les dichotomies, les peurs et les méfiances réciproques. Il est temps que pasteurs et laïcs marchent ensemble, dans tous les domaines de la vie de l’Église, dans toutes les parties du monde ! Les fidèles laïcs ne sont pas des “hôtes” dans l’Église, ils sont chez eux, c’est pourquoi ils sont appelés à prendre soin de leur maison.

Les laïcs, et surtout les femmes, doivent être davantage valorisés dans leurs compétences et dans leurs dons humains et spirituels pour la vie des paroisses et des diocèses. Ils peuvent porter, par leur langage “quotidien”, l’annonce de l’Évangile, en s’engageant dans diverses formes de prédication.

Ils peuvent collaborer avec les prêtres pour former les enfants et les jeunes, pour aider les fiancés dans la préparation au mariage et pour accompagner les époux dans la vie conjugale et familiale. Ils doivent toujours être consultés lors de la préparation de nouvelles initiatives pastorales à tous les niveaux, local, national et universel. Il faut leur donner une voix dans les conseils pastoraux des Églises particulières. Ils doivent être présents dans les bureaux des diocèses. Ils peuvent aider dans l’accompagnement spirituel d’autres laïcs et apporter également leur contribution dans la formation des séminaristes et des religieux.

J’ai entendu une fois une question : « Mon Père, un laïc peut-il être directeur spirituel ? C’est un charisme laïc ! Il peut être prêtre, mais le charisme n’est pas presbytéral ; l’accompagnement spirituel, si le Seigneur vous donne la capacité spirituelle de le faire, est un charisme laïc.

Et, avec les pasteurs, ils doivent apporter le témoignage chrétien dans les milieux séculiers : le monde du travail, de la culture, de la politique, de l’art, de la communication sociale.

Nous pourrions dire : laïcs et pasteurs ensemble dans l’Église, laïcs et pasteurs ensemble dans le monde.”

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