Juifs et cathos, une session de découverte du judaïsme à Paray-le-Monial

jeanbaptistenadlerLe Père Jean-Baptiste Nadler, curé d’une paroisse confiée à la Communauté de l’Emmanuel à Tours, est délégué de la Communauté pour l’organisation de cet évènement qui aura lieu du 12 au 17 juillet prochains, pendant les sessions de Paray-le-Monial. Interview.

> Quel est le but de cette rencontre ?

C’est une session de la découverte du judaïsme vivant, pour proposer une rencontre entre jeunes juifs et jeunes chrétiens pendant cinq jours. Cet évènement a déjà eu lieu à Nantes, Rennes et Angers, initié par Thierry Colombié et Danielle Guerrier. Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, a souhaité accueillir à son tour une telle session et proposé à la Communauté de l’Emmanuel qu’elle soit organisée dans le cadre des sessions d’été de Paray-le-Monial.

> Qui est attendu ?

La première des personnalités invitées c’est un Juif très connu, qui s’appelle Jésus ! Sinon, outre les sessionnistes qui sont tous invités, il y aura une ouverture de la session, sur le thème de la miséricorde, donnée par le grand rabbin de France Haïm Korsia et le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon.

> Que pourra-t-on vivre à travers cette session ?

JuifsetcathosIl sera proposé de vivre un shabbat entier du vendredi soir au samedi soir, avec le rite complet, mais aussi une commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, des conférences, de nombreux ateliers très concrets : par exemple, « Le Nouveau Testament est-il plus grand que l’ancien ? », « Dieu nous parle-t-il en hébreu ? », ou encore « Pâque juive et mystère de l’Eucharistie ».

Une partie de ces ateliers seront ouverts à la session des 25-35 ans qui aura lieu dans le même temps, chaque session étant indépendante, mais bénéficiant de ponts, comme la conférence inaugurale ou les repas du shabbat. Ainsi, chaque jour, il y aura 200 repas cachers pour que Juifs et chrétiens puissent déjeuner et dîner ensemble à la même table !

> Pour nous, chrétiens, quelle est l’importance de nous pencher sur le judaïsme ?

Nous vivons actuellement une étape importante dans les relations entre Juifs et chrétiens. Il y a 50 ans le Concile Vatican II, a permis un bond de géant pour l’Eglise catholique dans son rapport au judaïsme, notamment avec la déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes, Nostra Aetate. Cette réflexion de l’Eglise sur son rapport avec le judaïsme n’avait pas été faite depuis 1900 ans ! (Non seulement vis à vis du judaïsme d’il y a 2000 ans, mais aussi avec le judaïsme vivant actuel).

De plus, à la fin de l’année dernière, plusieurs documents importants ont été publiés, notamment cette tribune de rabbins orthodoxes qui ont déclaré : « Nous reconnaissons que le christianisme n’est ni un accident, ni une erreur, mais le résultat d’une volonté divine et un don pour les nations » ; avant d’ajouter : « Les juifs et les chrétiens ont une mission commune d’alliance pour parfaire le monde sous la souveraineté du Tout-Puissant ».

Du côté catholique, notons cette réflexion théologique de la Commission romaine pour les relations religieuses avec le judaïsme, du 10 décembre 2015, intitulée (citant Rm, 11,20) : Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables. Publiée à l’occasion des 50 ans de Nostra Aetate, elle précise que « l’Eglise catholique ne conduit et ne promeut aucune action missionnaire spécifique en direction des juifs. »

Cette déclaration rappelle aussi que « le premier objectif du dialogue est l’approfondissement de la connaissance mutuelle entre juifs et chrétiens », en ajoutant que « ces échanges ne doivent pas être limités aux spécialistes ». Notre invitation à cette session est donc bien pour tous !

Il est important de souligner qu’en scrutant le mystère d’Israël, l’Eglise se comprend mieux elle-même, ainsi que la mission confiée par le Seigneur. Pour nous chrétiens, découvrir nos racines juives et la permanence d’Israël, peut nous permettre de mieux comprendre notre mission d’évangélisation, notre mandat missionnaire auprès des nations du monde entier. L’expérience de Saint Paul, qui découvre Jésus, en est une belle illustration : c’est comme cela qu’il est devenu apôtre des nations.

> Et dans notre foi ?

Découvrir les racines juives de l’Eglise nous permet aussi d’être renouvelé dans notre lecture de la Bible, d’être renouvelé dans notre façon de prier, puisque la liturgie chrétienne s’enracine dans la liturgie juive, par exemple les rites de la messe sont issus des rites du temple de Jérusalem, de la synagogue ou de la liturgie domestique juive (lire à ce sujet Les racines juives de la messe, du P. Jean-Baptiste Nadler, ndlr). lesracinesjuivesdelamesse

> Quelle est l’importance de cet évènement pour la Communauté ?

La Communauté de l’Emmanuel a répondu à l’appel de Mgr Rivière de participer à l’organisation de cette session unique en son genre car cela rejoint aussi l’approfondissement et la contemplation du mystère d’Israël qu’elle vit en son sein. C’est une question de continuité. Déjà, notre fondateur Pierre Goursat avait organisé un pèlerinage en Terre Sainte, en septembre 1979. Par la suite, des membres de l’Emmanuel ont répondu à l’appel d’aller vivre en Israël, travailler et approfondir cette question. La Communauté a aussi acquis une maison d’accueil des pèlerins à Tibériade et organise des pèlerinages en Terre Sainte, qui sont autant d’occasions, comme cette session, d’aller à la rencontre de ce grand et beau mystère d’Israël.

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