« J’étais prêt à tout » : témoignage de Marcelin, 27 ans, sorti de la pornographie

Marcelin raconte comment, après 10 ans d’addiction à la pornographie, le parcours Libre pour aimer l’a aidé à s’en sortir.

Je crois que ce que nous attendons tous, nous les personnes marquées au fer rouge par l’addiction à la pornographie et à la masturbation, c’est que quelqu’un nous dise que c’est possible d’en sortir, et que c’est vrai. Que d’autres l’ont déjà fait et que d’autres encore sont aujourd’hui même en route pour s’extraire de cette torpeur malsaine, comme nous. Quand nous n’arrivons pas à trouver la force d’en sortir nous-même, nous avons avant tout soif d’espérance, d’un regard sur nous qui ne juge pas et en qui nous pouvons avoir confiance. D’un regard qui y croit pour nous et dans lequel nous pouvons puiser cette première goutte d’espoir. C’est pourquoi il est essentiel de mener ce combat en étant accompagné, et si je voulais qu’il ne reste qu’une chose de ce témoignage, ce serait que vous puissiez croire que c’est possible.

Un jour, n’en pouvant plus de m’enfoncer intérieurement dans cette addiction, j’ai décidé d’utiliser ce même outil qui me détruisait au quotidien – Internet – en y cherchant une solution avec force et rage, suppliant le Seigneur de m’aider, ne désirant que m’extirper de cette paralysie intérieure. Dix ans, je fêtais mes dix ans d’addiction à la pornographie et à la masturbation, après avoir découvert à l’âge de onze ans que mon propre père était lui-même une victime de ce fléau. Ce fut un héritage immensément lourd à porter pour l’enfant que j’étais. L’image du père et la cohérence de l’éducation que j’avais reçue s’effondrèrent. Soudain, je n’étais plus enfant. Ce que j’avais vu avait violé mon enfance et détruit ma relation avec mon père, la remplaçant par de l’incompréhension, puis de la violence. Je sais aujourd’hui que ce qui anime ma démarche, c’est d’épargner ce fardeau à mon enfant, de rompre le maillon de la chaine de l’héritage.

Avec le temps, ma dépendance se transforma peu à peu en une seconde peau, m’empêchant d’être moi-même, de naître au monde, d’ouvrir les bras à l’existence. L’addiction à la pornographie était comme une camisole de force intérieure. Tout mon être était tourné vers une boule en moi-même que je haïssais, qui me dominait, mais dans laquelle je me réfugiais. Tout le mouvement de mon corps et de mon esprit se tournait au-dedans, tel un fœtus apeuré, incapable de vivre dans notre monde. Ce fut cela pendant des années. L’addiction était une prison dans laquelle je fuyais et me réfugiais, dans laquelle je me fuyais moi-même et fuyais le monde. C’était un auto-enfermement, j’étais mon propre geôlier, prisonnier et malheureux.

Vraiment, après dix ans, je n’en pouvais plus. Ma peau comme prison, esclave d’une force en moi-même bien plus forte que moi. Ce jour-là, en cherchant, je suis tombé sur plusieurs sites et plusieurs ouvrages que j’ai rapidement achetés et consultés. J’étais prêt à tout. Tout valait mieux que de continuer comme ça. C’est cet élan qui m’a sauvé en réalité. Ce n’était pas un élan de volonté au sens où je promettais à tous les dieux et à moi-même une fois de plus de ne plus jamais aller sur des sites pornographiques. Ça ne marchait jamais et j’en sortais déçu et dégouté de moi-même. Non, c’était différent. C’était la volonté d’en sortir coûte que coûte, de prendre d’autres armes, d’autres moyen que la confrontation directe qui ne faisait que me décevoir et me rabaisser.

Je peux dire que ma vie a changé en décidant d’ouvrir le livre Sortir de la pornographie aux Éditions de l’Emmanuel et de vivre sur la période de Carême le parcours « Libre pour Aimer ». Pour moi, c’était la première fois qu’une porte apparaissait devant moi, laissant entrevoir en son entournure un filet de lumière porteur d’espérance. Pour la première fois je me suis mis à y croire, après dix ans de pratiques masturbatoires, de relations sexuelles plus ou moins équilibrées et d’addiction à la pornographie. Je sais que, le dernier jour, au soir de Pâques, quand j’ai brûlé dans mon petit jardin la lettre que j’avais écrite et qui comportait le récit confessé de ces années d’aliénation, je sentais que la suite n’allait plus être pareil. Le poids n’était plus le même. Un goût de liberté me fit sourire, je ressentais au cœur une joie vraie et authentique.

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