« Il appelle à Lui ceux qu’Il voulait pour être avec Lui… »

Irène, laïque consacrée, est au service des vocations sacerdotales. A la maison de la Source, ouverte en 2021 à Paris, elle participe à la formation et au discernement des séminaristes de l’Emmanuel. Témoignages et explications.

Article extrait des Nouvelles de la maison Notre—Dame de l ‘Emmanuel de février 2022

Qui es-tu ? Quelle est ton expérience dans la formation ?

Vignette carree Irene consacreeJe m’appelle Irène Goulven. Originaire de Bretagne(Port-Louis, près de Lorient), je suis engagée et laïque consacrée dans la communauté de l’Emmanuel depuis 40 ans.
Etant institutrice, être au service de la croissance de la personne a été une joie et un souci permanent de compétence. Ce travail s’est poursuivi dans les différentes missions que m’a confiées le Conseil de la Communauté : auprès de femmes en cheminement vers l’engagement au célibat à la maison de formation d’Aix-en-Provence, puis de jeunes en année de discernement en vue du sacerdoce à Namur(Belgique) et des séminaristes de la communauté à Bruxelles, maintenant à Paris.
A chaque lieu, c’est aussi une belle expérience de travail en équipe – dans la complémentarité des vocations – au service de jeunes, pour accompagner leur discernement dans l’Eglise et venant d’horizons et de pays très différents. Un travail en paroisse et une mission en République Démocratique du Congo m’ont aussi beaucoup apporté et sont aussi importants aujourd’hui.

Quelle sont tes missions à la Source ?

—la prière (laudes du matin, adoration du Saint Sacrement le soir, temps de retraite en maison)
—le partage du quotidien de la vie des séminaristes (repas, temps fraternel de rencontres, sorties culturelles, temps de formation le samedi, temps de mission, …)
—la participation à la formation et au discernement (Conseil de Maison)
—le suivi des temps d’apostolat par des rencontres personnelles

Qu’est-ce qui y fait ta joie ?

—Joie de l’appel de Jésus-Christ, aujourd’hui -comme hier – comme il l’a fait pour tant d’autres et pour moi : « Il appelle à Lui ceux qu’Il voulait pour être avec Lui… » Marc 3, 13 – un mystère et un signe pour le monde. Un appel et un « oui ».
— Etre le témoin émerveillé de l’œuvre de Dieu dans les cœurs et dans les vies, quel que soit leur chemin.
— Participer à la formation des prêtres avec d’autres membres de la communauté ; Etre ainsi au service des diocèses et de l’Eglise. Quelle joie lors de leurs ordinations !

Quels enjeux, quels défis dans la formation des séminaristes selon toi ?

Il y en a plusieurs :
—encourager chacun à grandir dans l’union au Christ : « Que se fortifie en vous l’homme
intérieur » Saint Paul aux Ephésiens 3, 16-17 « et que vous soyez enracinés, fondés dans l’amour. »
—la formation humaine : une liberté d’homme qui s’engage pleinement dans la vie quotidienne au service de l’Eglise, en cohérence.
—l’ouverture et la docilité à la vie dans l’Esprit Saint pour approfondir la connaissance de soi et répondre à sa vocation particulière dans l’Eglise et pour le monde.
—privilégier le service au pouvoir, la fécondité à l’efficacité, la personne à la fonction et approfondir le lien entre le ministère baptismal etle sacerdoce ministériel.

Pourquoi est-ce si précieux qu’une sœur consacrée participe à la formation des séminaristes ? Quels “apports spécifiques” ?

La Ratio Fundamentalis (texte sur la formation des séminaristes) de 2016 au n° 150- 151 dit : « il est souhaitable d’associer des laïcs, hommes et femmes, des diacres permanents ou des personnes consacrées »
—la présence d’une femme exprime l’altérité – la complémentarité – la réalité de ce vis-à-vis dans la vie et dans l’église d’où l’importance de l’expérimenter dans sa formation
—le primat de la vie intérieure dans une vie consacrée dans le célibat
—le témoignage dans une société sécularisée d’un célibat consacré pour une compréhension et un soutien mutuel.
—la conscience d’une grâce reçue, d’un appel spécifique
—le regard croisé pour un discernement plus ajusté et complémentaire.
—la dimension fraternelle : l’appel à la sainteté dans une même communauté ; la communion des états de vie et leur fécondité se vivant dans la louange, le partage de la parole et les services ensemble, la mission. Une expérience de Fraternité qui les renvoie à la fraternité sacerdotale et ecclésiale.


« Être pasteur selon son cœur » – témoignage d’un séminariste

La vie au séminaire repose sur quatre piliers : la formation humaine, la formation intellectuelle, la formation spirituelle et enfin la formation pastorale. Ce dernier domaine nous rend participants du ministère du seul bon pasteur qu’est le Christ. « Moi je suis le bon pasteur, le vrai berger qui donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10). Pour ma part, j’ai la joie de servir à la paroisse Saint-Laurent (Paris 10). En tant que séminariste, je vis cette mission comme le déploiement réel de l’appel que j’ai reçu du Christ à « être pasteur selon son cœur » (Jr 3), à être au service de Celui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14). A travers la préparation d’adultes au baptême, à la confirmation ou au mariage, je suis le témoin privilégié de l’action de Jésus dans le cœur des femmes et des hommes de notre temps. Dieu appelle à Lui ses enfants bienaimés d’une ardeur sans cesse renouvelée. Je suis moi-même un membre parmi les autres de cette Eglise convoquée par le Roi de l’Univers. Loin de jouir d’un quelconque ascendant, ma seule légitimité repose sur mon expérience d’avoir été libéré par Jésus et sur mon désir de collaborer au projet sanctificateur de l’Esprit Saint. « Ma grâce te suffit car ma puissance se déploie dans la faiblesse ». (2 Co 12) Qu’il est beau ce peuple de Dieu ! Il se compose de tant de visages différents mais parfois aussi déroutants. La confrontation avec la réalité polit nos sculptures bien géométriques façonnées par des théories trop inhumaines. Ce pilier pastoral est vital car il nous donne de rester relié à la réalité de notre monde. Il nous rappelle à la profondeur de ce que veut dire le mot « incarnation ». Le Christ est venu sauver les hommes dans leur situation concrète cabossée par les événements de l’histoire. Ayons confiance car « on ne veut pas chez votre Père qui est aux cieux qu’un seul de ces petits ne se perdent » (Mt 18).

Corentin [diocèse de Rennes]

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