Prêtre pour l’Église anglicane, Ben Harding vit activement la prière et la mission autant avec les catholiques qu’avec les protestants.

Je suis né à Plymouth dans le sud-ouest de l’Angleterre. Alors que je poursuivais une licence dans le domaine du tourisme et des langues, j’ai pu faire un stage d’un an au Futuroscope de Poitiers. Cette année a été très importante pour ma vie spirituelle : c’est en effet à ce moment-là que je suis devenu disciple de Jésus.

En tant que prêtre de l’Église anglicane, j’ai compris que si nous voulions répondre à l’appel de Dieu d’annoncer l’Évangile, nous avions besoin des autres chrétiens, car nous sommes peu nombreux en France. Cette faiblesse numérique est en quelque sorte une force. Avec ma femme, nous sommes arrivés à Lyon il y a 8 ans. Nous avons été très bien accueillis par un prêtre catholique et cela a été le début d’une belle amitié entre nous.

Prier et agir ensemble

• En Angleterre, j’avais vu que, dans certaines villes, les responsables de différentes Églises priaient régulièrement ensemble. Avec le délégué pour l’œcuménisme du diocèse de Lyon, le pasteur de l’Église protestante unie de France, moi-même et d’autres encore, nous avons décidé de nous retrouver chaque jeudi matin pour prier ensemble, de façon très simple. Au départ, nous n’étions que six personnes. Depuis, notre groupe s’est élargi. Pendant le confinement, par zoom, nous étions par exemple régulièrement 30 à 40 personnes. Cette prière a permis de faire surgir plusieurs projets communs. En voici quelques-uns.

• Il y a quelque temps, l’aumônier de l’Université catholique de Lyon nous a invités à organiser un parcours Alpha destiné aux étudiants. Nous avons monté ce service ensemble et maintenant, deux personnes travaillent à plein temps pour cette mission. Elles portent également un autre projet que nous avons souhaité lancer : des maisons de l’unité. Le principe est simple : il s’agit de permettre à des jeunes professionnels ou/ et des étudiants de différentes confessions de faire l’expérience de vivre pendant une année avec des jeunes d’autres Églises. Et, deux fois par semaine, ils se retrouvent, entre autres pour découvrir les Églises les uns des autres, apprendre à se connaître, prier ensemble…

• Les vagues successives de réfugiés arrivant à Lyon nous ont aussi mobilisés ensemble. Et pendant un hiver, nous avons pu ouvrir un lieu d’hébergement à Valpré, chez les Assomptionnistes, pour quelques personnes réfugiées. Cela nous a beaucoup unis.

• La plus récente initiative commune me réjouit particulièrement. Avec l’Église protestante unie, nous partageons désormais un pasteur. Il travaille en effet à 50 % pour l’Église unie de France, mais aussi à 50 % comme missionnaire bilingue à Lyon au nom des deux Églises. Ce projet assez novateur est soutenu par l’Église anglicane et l’Église protestante unie de France. À travers ce projet, nous avons appris à nous connaître mutuellement et à mutualiser nos moyens au service d’une seule et même mission : annoncer l’Évangile. Parmi les temps forts que nous partageons au cours de l’année, il y a bien sûr aussi la Semaine pour l’unité des chrétiens, et l’aube pascale, que nous fêtons toujours ensemble. Nous agissons par ailleurs ensemble à travers le CRELE (comité des responsables des Églises de Lyon), qui nous permet de prendre des positions communes. Et en 2018, nous avons vécu un événement exceptionnel à Lyon, le Forum chrétien francophone.

C’est grâce à notre prière commune régulière et à notre amitié et que tous ces événements et initiatives ont pu se concrétiser. Et ce n’est que le début !

(Interview par LAURENCE DE LOUVENCOURT)