Une fresque monumentale sur la paroi de l’église sainte Madeleine de Nantes

Depuis le mois de septembre, une fresque monumentale déploie ses mille couleurs sur la paroi de l’église sainte Madeleine de Nantes. Cette église, reconstruite dans les années 1950 n’avait jamais été achevée. Prévue pour être beaucoup plus grande, elle voit finalement, faute de moyens, son transept fermer en 1954 par de simples murs de parpaings qu’il a fallu ensuite consolider et qui ressemblaient jusqu’à présent aux bardages utilisés pour les gymnases et les hangars. Dès lors, pas étonnant que beaucoup de passants ignorent la vocation de ce grand bâtiment! Perpétuelle disgraciée, l’église ne portait aucun message. 

Mais depuis deux mois, c’est une immense fresque, réalisée par l’artiste Moner qui habille de ses couleurs vives, la façade ouest de l’église.

Nous sommes allés à la rencontre de Tiffany Sufianu, qui a coordonné le projet, en lien avec le P. Xavier Terrien, prêtre de la communauté de l’Emmanuel et curé de Sainte Madeleine

Est ce que vous pouvez nous raconter comment est né ce projet de fresque ?

Il y a deux ans, toute jeune convertie, je venais souvent à la paroisse à l’heure de ma pause déjeuner. Un jour, je discute autour d’un café avec le père Xavier Terrien qui me parle de la façade de l’église, du bardage assez laid et de son idée de faire quelque chose dessus, idée qui lui paraissait plutôt irréalisable. A l’époque, par mes relations amicales, j’étais beaucoup en contact avec le milieu du graffiti et du street art et cela ne me paraissait pas si fou. 

En sortant de ce café, de façon providentielle, je croise dans la rue, trois gars en train de réaliser une peinture monumentale. Je leur fais part de l’idée de fresque et nous échangeons nos numéros. Rapidement, je suis mise en contact avec l’artiste Moner, que je fais venir à la paroisse. Je découvre ce peintre et le collectif “plus 2 couleurs” qui a pour objectif de démocratiser l’art urbain. L’artiste n’étant pas chrétien, nous prenons le temps d’une catéchèse sur ce qu’est l’église sainte Madeleine et la foi chrétienne. 

Plus 2 couleurs nous met alors en contact avec la directrice du fonds du patrimoine et de la culture, un fonds qui dispose de mécènes prêts à financer des projets artistiques. Séduite par le projet, elle trouve rapidement trois mécènes prêts à financer  la réalisation de la fresque. 

Cette immense fresque très colorée doit parler à la fois à des croyants et des non croyants, est ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce qu’elle représente ?

Moner a choisi de faire un vitrail inversé, habituellement les vitraux se lisent grâce à la luminosité extérieure du bâtiment. Ici il a cherché à créer l’impression que la lumière qui traverse ce vitrail provient de l’intérieur de l’église.

Il y a vraiment une double lecture de cette fresque: chrétienne et non-chrétienne et personnellement, je trouve ça très beau. Celle-ci évoque  le thème de l’humanité réconciliée: l’humanité en harmonie avec son environnement naturel, avec l’idée de prendre plus soin de la création et de la relation des hommes entre eux. 

Avec ses 500 m2 de surface, il fallait vraiment que les habitants du quartier puissent vivre avec et s’y reconnaître. En haut à gauche, un immense soleil vif et luminueux avec des rayons et des ronds jaunes éparpillés sur la fresque, représente pour nous chrétiens,  la présence de Dieu qui illumine toute notre vie. Les personnages peuvent être Marie, Jean, Marie-Madeleine, mais il y a une volonté de ne pas les définir, ils nous représentent aussi, nous, l’humanité.  C’est une des seules églises en France où il y  a une peinture extérieure. 

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Cela fait deux mois que la fresque est terminée, qu’est ce qui a changé dans le lien entre l’église et son quartier ?

On a eu des personnes du quartier qui nous ont dit  “même quand il ne fait pas beau, on regarde la fresque et il fait beau” ou alors “ça fait du bien, ça met de la couleur, de la joie”. Dans le square qui est au pied de la fresque, cela amène à la rencontre, à la discussion.  Pendant deux ans, j’ai fait des allers-retour à l’atelier des artistes, une des personnes de ce collectif m’a dit combien cela avait changé son regard sur l’Eglise. On a passé de bons moments ensemble, avec les mécènes également, il y a eu beaucoup de joie. Au-delà de l’œuvre, le travail en amont a été très beau. Ce n’est pas fini, car l’inauguration ayant été reportée pour des raisons météorologiques, nous continuons à être en lien. 

 

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