Éprouver la souffrance de la séparation – Méditation sur l’unité des chrétiens

La souffrance de la séparation entre les Églises fait partie du chemin vers leur unité. Luthérienne, consacrée dans la Communauté du Chemin Neuf, Sr. Michaela nous introduit à cette souffrance du cœur du Père, indissociable de l’espérance de l’unité.

Par SR. MICHAELA BORRMANN

Jésus prie pour l’unité des chrétiens

Sr Borrmann IEV356Le premier à prier pour l’unité des chrétiens, c’est bien Jésus : « Père, qu’ils soient un afin que le monde croie. » (Jn 17, 21). Cette prière du Christ, exprimée avant l’entrée dans la passion, a beaucoup de conséquences pour nous :

1. Si Jésus prie pour l’unité de ses disciples, cela veut dire que toute séparation entre enfants de Dieu est opposée à la volonté du Père.

2. Prier pour l’unité des chrétiens n’est pas réservé aux spécialistes, mais c’est tout simplement faire mienne la prière de Jésus. Comme nous avons l’habitude de prier le Notre Père puisque Jésus nous l’a enseigné, nous pouvons aussi prier avec Jésus : « Que tous soient un. »

3. L’unité des chrétiens n’est pas une question privée, mais il en va du salut du monde : « pour que le monde croie » ! L’unité permet un témoignage crédible de l’amour de Dieu – or la séparation nuit au témoignage chrétien.

4. Il y a de l’espérance ! Nous sommes du côté de Jésus quand nous prions pour l’unité, sa volonté se fera.

La souffrance de la séparation

Étant donné que l’unité des disciples de Jésus est la volonté de Dieu, le premier à souffrir de la séparation des chrétiens est bien Dieu le Père !

Nous pouvons prendre l’image d’une famille séparée. Malheureusement, nous en connaissons tous ou même nous faisons partie d’une telle famille. Quelle souffrance de vivre dans une situation familiale de séparation. Quelle tristesse quand une relation avec un enfant est brisée ou quand des frères et sœurs ne se parlent plus. Quand il nous voit séparés, nous ses enfants, quand il ne peut pas nous inviter ensemble à la même table, le cœur de Père de Dieu est brisé.

Consentir au cœur brisé du Père

Quand nous prions dans la Communauté du Chemin Neuf tous les jours pour l’unité des chrétiens avec une prière inspirée de l’abbé Paul Couturier, nous prions « Que ton Esprit nous donne d’éprouver la souffrance de la séparation. »

Il s’agit là de ne pas s’habituer à cette séparation entre nos différentes familles chrétiennes, de ne pas rester indifférent, mais d’entrer dans les sentiments du Père pour que son Esprit puisse faire de nous des instruments d’unité. Il s’agit de consentir aux sentiments du Christ pour mieux entendre l’urgence de son appel à l’unité.

Tenir sur les lieux de fracture ensemble

Nous ne pouvons pas faire l’économie de la souffrance sur un chemin d’unité. Que ce soit un chemin d’unité dans un couple, entre différents pays ou ethnies, ou entre différentes confessions chrétiennes : la souffrance fait partie du chemin d’une relation qui est appelée à durer. L’unité a un prix.

Bien sûr, pour nous chrétiens, la souffrance la plus aiguë est celle de ne pas pouvoir communier à la même table. Dans notre communauté, étant de différentes confessions avec une majorité catholique, ce vécu concret de la souffrance de la séparation fait partie de notre quotidien.

Bien sûr : la liste des joies à être ensemble est très longue ! Nous pouvons vivre tant de choses ensemble, nous partageons tout ensemble : de la grâce baptismale à la joie de suivre le Christ, et du petit-déjeuner jusqu’à une vie missionnaire intense !

Nous partageons tout, sauf… la table du Seigneur. Et cela est douloureux. Nos différentes sensibilités peuvent mener à des malentendus, à des moments de solitude ou d’incompréhension. Mais ce qui est important pour nous, c’est de porter cette souffrance ensemble, de tenir sur les lieux de fracture ensemble. Dans la souffrance de la séparation, nous nous rendons proches du Christ en croix, écartelé : « C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine. » (Eph 2, 14)

L’espérance de l’unité

Tout juste après cette prière pour éprouver la souffrance de la séparation (et de voir notre part dans cette séparation), nous prions pour être dans l’espérance. Une espérance « au-delà de toute espérance ». Nous pouvons tenir ensemble dans les moments de souffrance parce que nous avons cette perspective commune, cette espérance de l’unité qui sera donnée par le Père.

Seigneur Jésus, qui as prié pour que tous soient un, nous te prions pour l’unité des chrétiens, telle que tu la veux, par les moyens que tu veux.

Que ton Esprit nous donne d’éprouver la souffrance de la séparation, de voir notre péché, et d’espérer au-delà de toute espérance.

Amen

Prière composée par la Communauté du Chemin Neuf à partir de la prière de l’abbé Couturier

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