“Il y a un élan missionnaire des paroisses qui s’est accéléré”

Architecte, père de 6 enfants et fondateur d’Anuncio, Raphaël Cornu-Thénard est le responsable du Congrès Mission qui s’est tenu à Paris fin septembre. Il revient avec nous sur cette édition 2020.

Le Congrès Mission existe maintenant depuis 5 ans, peux-tu nous décrire et nous expliquer son évolution ?

Vignette Cornu Thenard Congres mission 2020Si on veut répondre avec des chiffres à cette question, on peut dire que nous sommes passés de 500 personnes et quelques ateliers et table rondes en 2015, à 5000 personnes en 2019, avec une quarantaine de partenaires et 250 intervenants. En 2020, dans le contexte de la crise sanitaire, il y a eu 2500 participants en présentiel et environ 1800 à 2000 personnes qui se sont connectées pour suivre le live. 

Le rapport à la mission a changé, le congrès mission vient rejoindre et accompagner une transformation des communautés paroissiales. Il y a un élan missionnaire des paroisses qui s’est accéléré. 

Vous avez eu l’audace de le maintenir en pleine crise sanitaire, qu’est-ce qui te marque dans l’édition de cette année 2020 ? Quels fruits as-tu perçu ?

Il y avait une grande joie à se retrouver. Joie et espérance étaient encore plus nécessaires cette année avec la crise. Il n’y a quasiment pas eu de grands rassemblements cet été , alors il y avait une certaine gratitude des participants d’avoir maintenu le dispositif. Nous avons retrouvé la même ferveur, la même envie missionnaire que les autres années. Le Covid nous pourrit la vie mais l’Église est bien vivante, il y avait beaucoup de joie derrière les masques !

La crise sanitaire a-t-elle réveillé ou endormi les catholiques ?

Il n’y a pas vraiment de réponse à cette question, la crise nous endort parfois et nous réveille aussi à certains moments. Nous passons tous par les montagnes russes de la foi. 

Le confinement nous a renvoyé à notre capacité à vivre notre foi seuls: pour certains, cela a été dramatique et pour d’autres, cela a vraiment été un temps de retrouvailles avec le Seigneur. 

On voit aussi des innovations missionnaires de charité qui sont extraordinaires ! Notre communauté a fait de l’évangélisation par téléphone. Suite à cela, des gens nous rejoignent, c’est magnifique !

L’année prochaine, vous avez prévu un déploiement en province du congrès, qu’en attendez-vous ?

Toujours plus de réveil missionnaire! Nous avons fait le constat que les gens ne venaient pas, non pas par manque d’intérêt mais parce que c’était trop loin, trop cher. Nous avons voulu rapprocher le congrès mission des gens. Partout où une équipe de laïcs est prête à se mobiliser, et qu’il y a un accord de principe de l’évêque, nous pouvons faire un congrès mission. L’année prochaine, le Congrès Mission aura lieu à Lille, Rennes, Strasbourg, Besançon, Toulouse, Lyon !

Début septembre, vous avez été reçu par le pape François avec une délégation de catholiques et de non-chrétiens autour de Laudato Si. Peux-tu nous expliquer le sens de cette démarche ? En quoi rejoint-il tes engagements missionnaires au service de l’annonce explicite du Christ ?

Quand on fait de l’évangélisation, on se préoccupe du monde qui nous entoure. Beaucoup de jeunes sont très soucieux d’écologie. Moi même j’ai approfondi ma foi,  grâce à l’écologie. Avec Laudato Si, j’ai compris que je ne comprenais rien à l’écologie. J’ai découvert un visage de Dieu que je ne connaissais pas. 

Nos modèles de vie détruisent la planète et sont structurellement des comportements de péché. La question de l’écologie touche directement la question du Salut. J’ai fait des rencontres passionnantes avec des personnes qui ont un rapport édifiant au “vivant” dans son ensemble. Beaucoup de militants pourraient profiter de l’éclairage de la foi chrétienne. C’est dans cet esprit qu’a eu lieu la rencontre avec le Saint Père. 

Évangéliser c’est bâtir des amitiés centrées sur le Christ. Nous sommes allés ensemble à Rome en train, nous avons partagé sur notre foi, nous avons eu des échanges profonds, nous avons rencontré le Pape. Nous avons vécu cette aventure avec des gens loin de l’Église mais pas loin de la foi!

Qu’est-ce qui anime particulièrement ta prière en ce moment ?

Mes enfants!! Je demande également au Seigneur de garder mon cœur dans la joie de la mission. Quand on fait de l’évangélisation, c’est dur de partir mais on revient toujours dans la joie. Et bien je demande au Seigneur de me garder dans cette joie! 

Et puis je prie aussi beaucoup pour notre pays, pour la violence qui l’habite. Je viens de découvrir Twitter, les propos y sont d’une violence inouïe!! Je trouve que le fait de porter un masque est également violent. Je prie le Seigneur de nous soulager. 

3 questions à Marguerite Chevreul, représentante de la Communauté de l’Emmanuel au sein du comité de pilotage du Congrès Mission.

1- En quoi cela a-t-il du sens que la Communauté de l’Emmanuel participe au Congrès Mission ?

Depuis le début, la Communauté de l’Emmanuel a apporté son soutien à cet événement. Le Congrès Mission c’est la question de l’évangélisation et cela rejoint complètement les 3 piliers de la communauté que sont l’adoration, la compassion et l’évangélisation. L’objectif de ce congrès est de réveiller et d’accompagner l’élan missionnaire, c’est en cohérence avec les intuitions profondes qui sont à l’origine de la communauté. 

2- Comment as-tu perçu cette édition 2020 ?

A cause du contexte sanitaire, nous avons eu peur jusqu’au dernier moment de devoir l’annuler. Le fait que le congrès ait eu lieu en 2020 est en soit miraculeux! Dans cette période anxiogène, on avait encore plus besoin de nourrir notre foi et notre espérance. Malgré toutes les contraintes, les participants étaient là, et il étaient là nombreux!

3- Quels sont, selon toi, les fruits du Congrès Mission ? 

C’est un lieu où on échange et où on se nourrit des initiatives missionnaires des uns et des autres. Ainsi, Il y a de nombreuses initiatives menées en direction des familles, des couples, des enfants, du monde du travail, dans les villes et dans les campagnes. On s’enrichit vraiment des expériences des autres. Il y a eu par exemple le témoignage d’une famille qui a passé ses vacances à faire de l’évangélisation en milieu rural. Autre exemple: chez Anuncio, on ne fait pas de l’évangélisation de rue de la même façon que dans la Communauté de l’Emmanuel, et bien on s’enrichit vraiment de nos expériences mutuelles! Ces témoignages réjouissent et stimulent le zèle missionnaire. Il y a également des temps de prière : on apprend et on prie ensemble. 

C’est aussi un événement d’Église, comme en témoigne la présence de nombreux évêques et de plus de cent prêtres venant de toute la France.

Parfois, en communauté on peut être tentés de rester un peu entre nous, et bien cela nous sort de cette tentation. C’est vraiment un laboratoire d’idées, plein de joie et d’espérance !


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