Du silence, s’il vous plaît !

Soeren Kierkegaard, Pour un examen de conscience recommandé aux contemporains (publié en 1934)
(Cité par le Cardinal Robert Sarah, La Force du silence, p.129-130)

Oh, si de toute cette situation chrétienne actuelle l’on devait dire que c’est une maladie et que je sois médecin, lorsqu’on me demanderait : « Selon vous, quel est le remède ? », alors ma réponse serait :

« Ce qui est absolument de première nécessité s’appelle : silence »

Silence, silence, donnez-nous derechef du silence. L’on n’entend plus la Parole de Dieu. Donc : silence !

Oh ! Tout est tumulte. Comme l’on dit d’une boisson alcoolisée qu’elle excite, ainsi actuellement l’événement le plus banal, le cri le plus idiot, comptent agiter les sens ou mettre en mouvement la foule, le public, le vacarme. Et l’être déraisonnable qui porte le nom « homme » passe des nuits à inventer ce torrent de moyens neufs pour augmenter le bruit et pour étendre le plus rapidement et le plus possible le tumulte et la stupidité. Oui, nous nous trouvons en face d’un renversement total : maintenant que les moyens de communication ont presque atteint un sommet de vitesse et une étendue sans limite, nous nous trouvons en même temps au point le plus bas de l’insignifiance des communications. Aussi grande est la hâte actuelle pour tout crier sur les toits, aussi grande l’étendue du bavardage ! Oh, s’il vous plaît : du silence !

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