Don Luigi Orione – Marcher avec les saints

Découvrez ce saint méconnu du XXè siècle, un vrai “stratège de la charité”, fils spirituel du grand Don Bosco. Son histoire nous est racontée par Jean-Luc Moens. Il est fêté le 12 mars.

Don Luigi Orione

Il y a des saints qui sont très connus dans certaines parties du monde et ignoré dans d’autres. Parfois, ce sont de très grands saints, mais leur réputation de sainteté n’est pas arrivée à passer les frontières. Ainsi, par exemple, il y a deux immenses apôtres de la charité italiens qui sont restés inconnus dans nos pays : saint Joseph Cottolengo dont je vous parlerai plus tard et Don Luigi Orione, fêté le 12 mars, que je vais vous présenter maintenant.

Don Orione a été un infatigable « fou de Dieu », un « stratège de la charité » comme l’a défini Jean-Paul II, « un homme dans un état permanent d’extase spirituelle » comme le disait ses contemporains, un précurseur de la vie consacrée chez les laïcs. Lui se définissait simplement comme « le porteur de Dieu » et il se remettait à Dieu avec une totale confiance et la volonté de le servir.

Luigi Orione, Louis Orione, est né le 23 juin 1872 dans le Piémont, au nord-ouest de l’Italie. Sa famille est pauvre. Son père, Victor, est paveur de rues. Sa mère, Caroline, est une femme forte avec une foi profonde. Elle éduque ses quatre garçons, Luigi est le quatrième, avec des principes chrétiens solides, dont deux règles d’or : « Dieu est là » et « Dieu vous voit ». Luigi grandit donc avec la conscience de la présence de Dieu dans sa vie. Sa maman lui enseigne aussi l’amour des pauvres et de la pauvreté qui va marquer toute sa vie.

En octobre 1886, Luigi est accueilli par don Bosco qui devient son confesseur.

En 1888, Don Bosco meurt. Luigi se demande quelle orientation prendre. Devenir salésien ou prêtre diocésain. Il se tourne alors vers le ciel et demande naïvement 3 signes : il entrera au séminaire

• Premièrement, s’il y est accepté sans en avoir fait la demande ;

• Deuxièmement, s’il reçoit une soutane qui lui aille à la perfection sans qu’on ait pris ses mesures ;

• Troisièmement – et là on voit l’âme missionnaire de Luigi – si son père Victor se convertit alors que, depuis longtemps, il s’est éloigné de toute pratique religieuse.

Miracle : les trois demandes se réalisent providentiellement ! La Providence va continuer de se manifester souvent dans la vie de Luigi qui lui fait une confiance totale. C’est ainsi que le 16 octobre 1889, Luigi entre au séminaire de Tortone, son diocèse natal. Ce n’est pas un séminariste banal. À l’époque, la révolution industrielle fait de ravages en Italie du Nord. Luigi est très conscient des problèmes que rencontrent les pauvres. Il écrit : « Il y a un besoin et un remède suprême pour guérir les blessures de ce pays pauvre, si beau et si malheureux : conquérir le cœur et l’affection du peuple et éclairer les jeunes. » Luigi se lance avec ardeur dans les œuvres de charité.

En 1892, Victor Orione décède pieusement et Luigi perd le financement de ses études au séminaire. Ses supérieurs le font nommer gardien de la cathédrale de Tortone avec un salaire qui suffit à payer ses études.

Un matin, Luigi rencontre un garçon qui pleure. Il a été chassé du catéchisme pour mauvais comportement. Luigi le prend dans sa chambre et continue la leçon interrompue. Le garçon revient le lendemain avec des copains. Luigi leur enseigne le catéchisme et leur laisse la disposition de sa chambre. Bientôt le groupe atteint une cinquantaine de jeunes. Vous imaginez la réaction des braves chanoines de la cathédrale. Ils sont incommodés par cette troupe bruyante, mais la réaction de l’évêque est assez étonnante et très belle. Il offre son jardin pour réunir la troupe. C’est ainsi que naît, le 3 juillet 1892, l’Oratoire Saint-Louis.

Dans le groupe de jeunes garçons pauvres, plusieurs désirent devenir prêtres. Comment faire ? Ils ne peuvent évidemment pas payer leur pension au séminaire. Alors, don Luigi (en Italie, on appelle les prêtres et les séminaristes « don » – souvenez-vous de don Camillo !), don Luigi donc obtient de son évêque l’autorisation de fonder pour eux un collège alors qu’il n’est  encore que séminariste ! Il se met en chasse avec l’aide de la Providence qui veille. En effet, dans sa recherche, il rencontre un élève des Salésiens qui lui demande :

« Don Luigi, où allez-vous d’un pas si pressé ? – Je cours ouvrir un collège ! – Alors je m’inscris, répond le jeune avec enthousiasme. Mais où faut-il que je m’inscrive ? – Je suis justement à la recherche d’un lieu, répond Luigi. »

Providentiellement, le père de ce garçon dispose précisément d’une maison qui pourrait servir de local pour la future école. Il la loue pour 400 lires, une grosse somme à l’époque. Luigi décide néanmoins d’accepter la proposition, même s’il est évident qu’il n’a pas cette somme.

Peu de temps après, il croise une vieille dame qui l’interroge :

« Don Orione, quelle bonne surprise ! Que faites-vous donc ici ?

– Je veux ouvrir un collège…

– Alors je vous prie de prendre mon neveu. Combien me demandez-vous pour sa scolarité ?

– Oh ! très peu, ce que vous voulez…

– Si je vous donne 400 lires, combien de temps le garderez-vous ?

– Pendant toutes ses études ! », répond Don Orione très ému.

La Providence s’est à nouveau manifestée avec force.

Quand le 13 avril 1895, Don Orione est ordonné prêtre, il a déjà ouvert deux autres maisons d’étudiants, l’une à Gênes et l’autre à Turin. Beaucoup d’autres vont suivre. Il célèbre sa première Messe au milieu de ses jeunes et il reçoit l’autorisation par un privilège spécial de l’évêque de remettre l’habit clérical à six élèves de son collège. Les bases de la Petite œuvre de la divine Providence sont posées. Pendant sa première messe, don Orione demande avec audace au Seigneur trois grâces pour tous ceux qui s’approcheront de lui et de son œuvre : « Le pain, la paix et le paradis. » Don Orione dira souvent à ses religieux :

« Sauver toujours, sauver tout le monde : sauver au risque de tout sacrifice, avec passion rédemptrice et avec holocauste rédempteur. »

Toute sa vie, don Luigi va être un apôtre infatigable.

En 1899, Don Orione fonde les ermites de la Divine Providence qui se consacrent à la prière pour son œuvre. Il a l’intuition géniale et hors du commun d’ouvrir cette fondation aux hommes aveugles.

Don Orione est infatigable. Il ouvre des écoles, collèges, colonies agricoles, œuvres caritatives et œuvres d’assistance dans toute l’Italie. « Il faut aller vers le peuple, explique-t-il. Nous devons sortir et aller vers les gens. Il est urgent de se jeter dans le feu des temps nouveaux pour l’amour de Jésus-Christ, du Peuple et de l’Église. » On le voit, Don Orione est un précurseur du pape François qui nous parle sans discontinuer d’une Église en sortie.

Don Orione est aussi connu comme le prêtre des tremblements de terre.

En effet, le 28 décembre 1908, un terrible tremblement de terre frappe les villes de Messine en Sicile et Reggio di Calabria. Il y a 120.000 morts. Don Orione part immédiatement sur place pour organiser les premiers secours. Il vit dans une grande pauvreté et totalement donné aux victimes, en particulier aux orphelins pour lesquels il ouvre des orphelinats. Il fait l’admiration générale. Pie X le nomme vicaire épiscopal du diocèse de Messine. En 1915, il est sur le terrain d’un autre tremblement de terre à Avezzano.

En 1915, il fonde les Petites Sœurs missionnaires de la charité, animées du même charisme que les Fils de la Divine Providence. Il leur adjoint une branche contemplative : les Sœurs adoratrices sacramentines chez qui, comme chez les ermites, des religieuses non-voyantes sont accueillies. « Sans prière, on ne fait rien de bien », a-t-il coutume de dire. Et il avoue : « Les œuvres de Dieu se font avec les mains jointes et à genoux. Même quand on “court”, il faut rester spirituellement à genoux devant Lui. »

Il envoie aussi ses religieux en mission au Brésil, en Argentine, en Uruguay, en Palestine, en Pologne, à Rhodes, aux USA, en Angleterre et en Albanie. Lui-même fait deux voyages en Amérique latine.

Don Orione ne s’est jamais épargné. Il s’est donné au Seigneur, à ses pauvres et à ses fils sans aucun retour sur lui-même. Le 12 mars 1940, au soir, il meurt paisiblement en murmurant ces paroles : « Je m’en vais ! Jésus ! Jésus ! Je viens vers Toi. »

Don Orione a suscité autour de lui la désir de la sainteté. Il a voulu toute sa vie faire l’impossible pour que soit réalisée sa prière d’ouvrir le paradis à toutes personnes qu’il rencontrerait.

Nous pouvons, nous aussi, faire nôtre cette prière : « Seigneur, je te demande par ta grâce de donner le paradis à tous ceux qui s’approcheront de moi. Amen. »

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