La Doctrine Sociale de l’Eglise, des repères pour vivre sa foi au quotidien

Avoir des repères pour vivre sa foi au quotidien et ne pas être chrétien que le dimanche ? C’est possible en découvrant le trésor caché de la Doctrine Sociale de l’Eglise. Un magistère qui peut sembler indigeste à première vue mais de nombreux outils existent aujourd’hui pour le rendre accessible et concret. Le père Grégoire Catta, jésuite et directeur du service national Famille et Société de la Conférence des Evêques, enseigne, entre autres, la Doctrine Sociale de l’Eglise (DSE) au Centre Sèvres à Paris.

Il nous confie : « Pour moi, la DSE est au cœur d’une dynamique missionnaire et d’évangélisation. Dans Evangelii Gaudium, le pape François écrit, au début de la quatrième partie dans laquelle il déploie la dimension sociale de l’évangélisation : « Evangéliser, c’est rendre présent dans le monde le royaume de Dieu ». Et la DSE est un point de rencontre entre l’évangile, ce qu’il enseigne, et les réalités politiques, économiques et sociales de nos vies. Faire connaitre cette Doctrine est un moyen concret de permettre aux personnes de cheminer et de rencontrer le Christ. »  

Au Congrès Mission, vous animerez un atelier intitulé : « se former à la Doctrine Sociale de l’Eglise, chemin d’évangélisation. » Sur quelles initiatives particulières vous appuierez-vous pendant l’atelier ?

« En tant que Jésuite, je vais parler du CERAS, centre jésuite de Recherche et d’Action Sociale, qui contribue aux recherches et aux débats sur les questions sociales et l’évolution de la société contemporaine. Nous avons une page dédiée à la Doctrine Sociale Catholique qui propose, outre les textes officiels et des analyses, un certain nombre d’outils. Je m’appuierai notamment sur une web série intitulée « jeunes et engagés, portrait d’une église qui (se) bouge. » Cette série part de réalités vécues par des jeunes, et présente le portrait d’un jeune engagé, l’interview d’un expert et une action institutionnelle.

Nous avons aussi des vidéos sur le travail et sur l’encyclique Laudato Si.

Donc, l’objet de l’atelier sera de présenter ces outils qui permettent d’expliquer la Doctrine Sociale de l’Eglise et ensuite d’en discuter ensemble. »

Selon vous, en quoi la Doctrine Sociale est-elle actuelle et permet-elle de répondre aux questions que l’on peut se poser quotidiennement ?

« La DSE ne donne pas de réponses toutes faites mais elle donne des repères sur lesquels s’appuyer. Par exemple, elle instaure deux grands principes qui sont la recherche du bien commun et le respect de toute vie humaine.

Dans le monde du travail, rechercher le Bien Commun c’est réaliser que le travail ce n’est pas simplement ce qui me permet de gagner ma vie mais que c’est aussi ce qui devrait me permettre d’être plus humain. Cela permet de s’interroger sur les conditions de travail qui vont permettre aux personnes de s’épanouir et de produire quelque chose de bon pour la société. Autrement dit, le Bien Commun a une dimension collective et le respect de la dignité de toute vie humaine, une dimension individuelle. Il convient de combiner les deux.

Il existe un troisième principe : l’option préférentielle pour les pauvres. Il s’agit de faire attention aux personnes les plus fragiles, au niveau interpersonnel (dans l’entreprise) mais aussi collectivement. Par exemple, si on s’intéresse aux lois concernant les personnes handicapées, on peut se demander si elles sont respectées parce qu’on considère que c’est une priorité de prendre soin de ces personnes ou pour éviter de payer une amende.

Une autre grande question qui sera abordée dans l’atelier : comment le travail me transforme-t-il et quel impact a-t-il sur la société ? Aujourd’hui, si on le peut, on doit s’interroger sur le choix de son travail : ce n’est pas pareil de produire des mines anti-personnelles ou de produire des médicaments, des produits qui polluent l’atmosphère ou des produits qui luttent contre la pollution.

Dans la dernière notion, il s’agit de « discerner les signes des temps » comme nous y invite Gaudium et Spes. Il n’y a pas toujours de réponses immédiates mais on a souvent besoin d’en discuter. A la question de savoir quelle est la meilleure activité pour faire avancer l’écologie intégrale, nous n’aurons pas tous la même réponse. La Doctrine Sociale de l’Eglise appelle donc le discernement et le dialogue.

L’enjeu, au Congrès Mission, sera, pour nous les catholiques, de comprendre en quoi le respect du bien commun et de la dignité de toute personne, sont bien au cœur de notre foi, parce que nous croyons que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu et que le Christ est venu sur terre et a sauvé tous les hommes.  

Il faut donc faire le lien entre ces grands principes qui sont fondés sur notre désir de suivre le Christ. Si on en est convaincus, on saura le faire transparaitre, explicitement ou pas d’ailleurs, pour que les gens reconnaissent, à la manière dont nous vivons, dont nous agissons, que cela renvoie vers quelqu’un de plus grand que nous. »

En cela, la Doctrine Sociale de l’Eglise est un chemin d’évangélisation ?

« Oui, par exemple, travailler pour l’option préférentielle pour les pauvres va plus loin que simplement aimer son prochain. Car Jésus nous dit qu’en rencontrant les pauvres, on le rencontre Lui. Non pas que tous les pauvres soient immédiatement des saints mais le chemin qui nous mène vers le pauvre, nous mène, en même temps, vers Jésus. Le Christ nous conduit aux plus pauvres mais en faisant cela, on approfondit notre chemin de rencontre du Christ (Mt 25) Il faut creuser ces rapprochements pour faire de ces principes un chemin d’évangélisation en profondeur. »

La DSE est comme une porte d’entrée pour rencontrer le Christ, ou au moins allumer une première étincelle ?

« L’encyclique Laudato si, par exemple, a été lue et travaillée par beaucoup de gens qui étaient en dehors de l’Eglise. Ils ne se sont pas mis à aller à la messe du jour au lendemain, mais ils ont pu découvrir un autre visage de l’église. Voilà comment ouvrir des chemins de dialogue.

Par ailleurs, les thèmes de la DSE, s’ils ne sont pas tous consensuels, ne suscitent pas un blocage immédiat de la part des gens extérieurs à l’Eglise, comme les sujets de bioéthique. Autant en profiter ! »

Une bonne raison de venir au Congrès Mission d’après vous ?

« C’est une bonne occasion de rencontrer des gens et des expériences autres que celles que nous connaissons là où nous sommes, de se laisser déplacer par ces expériences vécues ici ou là. Notre église est riche : il faut élargir son horizon. »

Pour découvrir la Doctrine Sociale de l’Eglise, il existe aussi le Parcours Zachée, peut-être près de chez vous ?

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