Maman Cécile TANKOU
Maman Cécile TANKOU est née le 7 Août 1941
Parent Seul (Séparée puis veuve) : 4 enfants (une fille et 3 garçons), 2 garçons nous ont précédés auprès du père.
Postulant dans la Communauté de l’Emmanuel en 1998, elle s’y engage en 2000, puis se consacre dans la fraternité de Jésus en 2006.
Cumulativement responsable de la province du Cameroun et du secteur de Douala de 1999 à 2003.
Elle quitte la responsabilité de responsable de province donc en 2003 mais continue avec la responsabilité du secteur de Douala jusqu’en 2007.
Le Seigneur l’a rappelée à lui dans son sommeil au petit matin du 7 décembre 2017. Elle a vécu effacée, elle est morte effacée dans son lit.
Témoignages
Il nous semble très difficile de trouver un juste bout par lequel commencer pour parler de Maman Cécile. Ainsi il nous parait juste de laisser parler sa vie à travers quelques petits témoignages.
Elle a vécu une retraite personnelle de 2 semaines dernièrement, elle y est revenue rayonnante. Elle m’a partagé pendant près de 4 heures les fruits de sa retraite. Pendant qu’elle me parlait, je la voyais paisible, rayonnante joyeuse, c’était l’extase. C’est comme si le Seigneur avait pris possession d’elle. J’étais moi-même tellement émerveillé et j’ai ressenti une paix et une joie immense m’envahir. Je crois ce jour la même elle était déjà prête pour rencontrer son bien aimé face à face. Ce soir-là, elle m’a dit avec une telle profondeur et douceur « prendre soins des gens, prendre soins des âmes, c’est très important». Je ne comprenais pas encore que c’était un autre testament qu’elle me laissait. Elle était l’étoile polaire de notre charge de responsable et je sais qu’elle continuera à guider nos pas
Michel et Lucie, Douala Cameroun
Maman Cécile : à la rencontre de Jésus dans le pauvre
Nous sommes en Septembre ou octobre 2013, maman Cécile me parle d’une femme qu’elle voit tous les jours fouiller la poubelle qui se situe entre son domicile et la paroisse sainte Monique de Makepe (son quartier d’habitation). Le fait de la voir faire la même chose tous les jours attire son attention et elle décide d’aller vers la femme et lui propose je pense à manger. Elle conduit la femme chez elle, lui propose de prendre une douche, lui donne des vêtements de rechange et lui sert à manger. Elle accompli ce geste 2 à 3 fois en essayant de connaître davantage la femme. Au bout d’environ une semaine si mes souvenirs sont bons, elle m’appelle et me dit : tu sais, on pense qu’elle est folle, mais je crois qu’elle est un peu lucide et n’a pas quelqu’un qui la comprenne ; si elle avait une famille, à manger…ce ne serai pas ainsi, elle ne parlerai pas seule ni manger dans la poubelle ! Tu te rends compte ma petite chérie, peut-être qu’elle a des enfants ! Un être humain mange dans les poubelles ? C’est pas possible. Qu’est-ce qu’on va faire ? Je ne peux pas l’accueillir éternellement chez moi … Je lui proposai alors qu’on l’emmène dans un centre pour les soins ; après avoir passé quelques coups de fil au confrère propriétaire d’un centre psychiatrique, l’affaire s’arrangea et en cours de semaine, maman Cécile pris sur elle d’y conduire ladite malade ; elle paya tous les premiers soins ainsi que l’hospitalisation. Au bout d’une semaine, je crois que c’était lors d’une rencontre communautaire elle me dit : – « notre personne » (parlant de la dame) va mieux, elle est propre, elle ne délire plus beaucoup et par la grâce du seigneur j’ai trouvé sa famille qui habite juste à côté du centre où elle est hospitalisée. Tu te rends compte, le seigneur voulait peut-être qu’on la conduise à sa famille. Je vais aller les voir demain. Et aussi je vais aller me soigner. Je ne sais comment nous allons nous organiser pour continuer à lui donner à manger. Maman Cécile rencontre entre temps un jeune moto taximan à qui elle remettait la ration alimentaire de « notre personne », elle m’en fit part et me demande de suivre l’affaire lorsqu’elle sera absente et ajouta : – Le docteur m’a dit qu’elle doit prendre une injection par mois ; dans 2 semaines, il lui faut donc cette injection. Je te revaudrai ce que tu auras dépensé pour cela ; J’essayai avec manque de tact à suivre l’affaire. Des malentendus entre le centre et la délégation régionale de la santé conduisirent à la fermeture du centre ; plusieurs jeunes de la communauté m’apprirent que l’incident passa au journal télévisé et que « notre personne » avait plié ses bagages disant retourner chez elle. Effectivement, elle retourna dans la rue, mais ne s’alimentait plus dans la même poubelle… Heureusement maman Cécile revint de son voyage et pris la relève. Elle fit des tours de la ville et finit par la retrouver. Heureusement aussi le malentendu se clarifia et le centre fut réhabilité. Un bon jour, maman Cécile m’appela. Nous fixâmes un rendez-vous chez elle. Dans notre entrevu, elle me dit : pour que « notre personne » soit autonome, il est important qu’elle fasse quelque chose : – Je compte lui demander de travailler avec moi ici, mais elle peut embêter les employés ; si elle délire, je ne saurai gérer et si quelque chose lui arrive, sa famille peut porter plainte contre moi. Ils ont refusé de prendre soin d’elle et pense que je suis une ONG qui exploite leur sœur. Ils l’endoctrinent et la trompent. Chaque fois qu’elle y va elle fait une rechute. Je lui proposai d’en parler au docteur. Heureusement, ils trouvèrent tous 2 une bonne formule : elle fut « recrutée pour faire le ménage au centre » ; ce qui il y a quelque mois était utilisé comme son argent de poche fut transformé en « salaire ». Le directeur du centre vit lui aussi au rabais plusieurs coûts ; tous les mois, maman Cécile versait l’argent nécessaire à la clinique : médicaments, séances de psychothérapies, consultation, ergothérapie, atelier d’art et tout le reste. Un terrain de petite entente fut trouvé avec la famille qui acceptât de l’héberger. Durant ces 4 années, maman Cécile a continué à accompagner « notre personne ». Elle a continué à faire des démarches auprès de sa famille qui jusqu’ici ne comprend pas encore que maman Cécile n’est pas une ONG qui cherche à exploiter leur sœurs. Il y a à peine un mois, elle m’a emmené dans ce centre visiter un malade. Sur notre chemin de retour, elle me disait : – « Ses frères ne comprennent pas. Ils pensent que j’utilise leur sœur pour m’enrichir. C’est pas vrai …moi Cécile NGUENI. Je ne peux pas faire une chose pareille ! De toutes les façons, ma petite chérie, ils ne peuvent pas comprendre (…) ils racontent leur vie. Ils disent leur part (c’est leur façon de voir)… Il ne faut jamais te laisser ébranler par des choses pareilles, l’essentiel est qu’elle est bien. Et ils ne voient pas ça ! (rire). Ils ne peuvent pas comprendre. Pendant qu’elle conduisait nous fîmes des commentaires et des fous rires. Je lui dis à un moment que j’aurai dû prendre de l’argent en sortant de la maison, question de profiter pour faire les courses. Elle me remit la somme qu’il fallait, me conduisit dans le marché adéquat, attendit dans la voiture et me conduisit jusque dans la fraternité… Christine, Douala
Ayant appris la nouvelle du départ de Maman Cécile, je voudrais présenter à la communauté du Cameroun mes profondes condoléances pour ce deuil qui vous frappe. Maman Cécile a joué un grand rôle dans les débuts la Communauté de l’Emmanuel à Douala et au Cameroun. Quand elle a succédé à Michel Brulon, j’ai été frappé par sa disponibilité pour ce service qu’elle n’avait en rien souhaité avoir. Je pense qu’elle avait aussi une étroite relation avec le Cœur de Jésus, et que sa prière nous a beaucoup portés en ces années-là et probablement aussi après. Puisse le Seigneur l’accueillir maintenant dans la joie du bon serviteur et lui permettre d’intercéder pour la communauté et l’Église du Cameroun. Je me joins à vous à distance par la prière et l’offrande du sacrifice eucharistique… Martin PRADERE, France
Ce qui m’a beaucoup marqué chez Cécile, c’est son don de soi qui se traduisait par le service. Je l’ai vu pour la première fois au monastère de Babété, alors que j’étais avec d’autres frères et sœurs de la Communauté en retraite au week-end communautaire. Elle n’en faisait pas encore partie. Elle était en train de nettoyer la devanture et l’escalier du monastère, avec zèle tout en rayonnant autour d’elle. Sachant qu’elle n’était pas une domestique ou une sœur du monastère, ce don d’elle-même dans la joie m’a beaucoup touché.
Plus tard je me suis réjouis de la voir rentrer dans la Communauté et de constater que ses dons et qualités n’étaient pas pour un moment, mais qu’elle était toujours serviable et joyeuse. Comme responsable ou comme soeur de Communauté tout simplement, elle arrêtait tout pour se mettre au service des autres, en prenant sur elle tout ce qui pouvait être lourd pour les autres dans leurs propres démarches ou affaires.
Quant à l’hospitalité, n’en parlons pas : on était accueilli chez elle comme des princes. Je pense aux enfants en difficultés qu’elle accueillait pour longtemps comme ses propres enfants. .. Mon dernier souvenir personnel là-dessus ne date pas de très longtemps, c’était en janvier dernier. J’ai trouvé qu’elle était restée la même malgré les années, l’épreuve de la mort de son fils, l’ampleur du son travail dans son atelier… Malgré tout cela, elle s’est mise à mon service pour les courses, pour le retour à l’aéroport…
Cécile aimait aussi la vérité, l’objectivité, la droiture.
Bref, j’ai réalisé, en côtoyant Cécile, que cette parole de Saint Paul se concrétisait dans sa vie: “l’amour est patient, l’amour rend service… ne fait rien de malhonnête, ne cherche pas son intérêt… mais trouve sa joie dans ce qui est vrai”. Théophile, Abidjan Côte d’Ivoire
Je n’ai pas tellement vécu avec elle. Mais durant mes 4 années au Cameroun, elle m’avait fortement marqué par sa capacité de discernement, son assudité dans la prière, son humilité et sa simplicité de vie. Elle était habitée par un grand cœur de compassion. Elle cherchait toujours le bien des autres, que les autres soient bien. Elle nous aimait fortement, nous ses frères prêtres. Elle avait un grand désir de sainteté. Dans ses partages, elle était très profonde. Elle avait vraiment l’amour de la communauté qu’elle appelait sa famille. Très discrète. L’ab. Pascal Osongo, Kinshassa RDC
Femme de prière, toujours à l’écoute de l’Esprit. Cécile avait confiance aussi à ses frères de communauté que le Seigneur lui a donnés pour la mission. C’est ainsi qu’elle appelait de temps ses frères pour prendre un temps de prière soit à la maison communautaire à De la salle soit au centre spirituel bonamoussadi. Elle m’a plusieurs fois surpris, papa Gabi qu’est-ce tu fais mon papa, rien, viens me rencontrer à tel endroit et j’y allais, je la rencontrais avec toujours quelqu’un d’autre dans la voiture. Puis elle dit “allons écouter le seigneur pour quelques minutes et on prenait o moins une heure et à la fin, d’une oreille attentive elle nous écoutait, motions de l’Esprit St puis nous nous séparons C’est ainsi que j’ai pris goût à écouter le seigneur en associant mes frères pour le service de la Communauté. Merci. Cécile comblée par une grâce spéciale de compassion.
Plus d’une fois maman Cécile m’appelle pour partager ce qu’elle a reçu dans la prière en ce qui concerne la compassion, va, prie et discerne. Quelques jours après, elle me dit : il faut que nous allions donner un repas aux enfants de la rue de Bepanda. Je ne savais comment nous allions nous y prendre pour réaliser cela. Un soir elle confirme cette mission demain matin on va préparer ensemble et c’était le couscous maïs. C’était la première fois que nous tournions 2 grosses marmites de couscous. On comptait au moins 200 boules de couscous et nous sommes allés offrir cela aux enfants de la rue de Bepanda. A la fin j’ai été fortement touché, marqué par cette mission de compassion. Bonbwaha, Douala CAMEROUN
Nous rencontrons maman Cécile pour la première fois au monastère de Babette lors d’une retraite annuelle de la communauté. Elle n’en faisait pas encore partie. Nous la voyons, balai et serpillière à la main nettoyant toute seule la chapelle du monastère en saison des pluies. Cette tache aurait découragé le premier venu. Par la suite nous saurons qu’elle prenait un temps de retraite chaque année. Elle a demandé à suivre les enseignements et depuis ce temps elle fait partie de la communauté de l’Emmanuel. Elle prend sur elle de fleurir et de décorer la chapelle et les lieux de l’enseignement.
Maman Cécile faisait preuve de délicatesse. Quand nous sommes allés en mission à Cotonou, elle a veillé avec méticulosité et tendresse maternelle qui sont siennes à ce que nous ayons l’essentiel pour le voyage : des draps et de l’argent en coupures de l’Afrique de l’Ouest.
Hospitalière. Lors d’un passage à Douala, non seulement elle nous laisse dormir dans sa chambre mais le lendemain, elle prend la peine de repasser nos tenues du jour.
EST BIEN CE QUI FINIT BIEN. Maman Cécile est retournée au Père comme elle a vécu : dans le service, le silence et la prière. Jean Emmanuel et Thérèse Ngamo, Yaoundé Cameroun
Maman Cécile m’a aidé comme un fils et comme un frère à un moment où je me posais de grandes questions concernant l’église catholique et ma foi. Elle m’a encouragé à prendre des décisions et à faire confiance au Seigneur. Ce fût le cas dans le choix de ma vocation, alors que j’hésitais elle m’a encouragé à suivre le parcours Pierre Goursat.
Je me souviens aussi pendant les obsèques de mon papa, en plus de tout le soutien dont je bénéficiais déjà de toute la communauté, maman Cécile a pris le temps de me faire un repas pour la route avec mes amis jusqu’au village. Jean Leonel, Douala CAMEROUN
Tous les jeudi 23 h elle était unie à la passion du christ pour offrir le monde. Marie Claire, Douala Cameroun
Mami, tu t’en vas si brusquement en laissant un très grand vide dans nos cœurs. Avec toi j’ai été profondément marqué par cette joie que tu gardais même au coeur de l’épreuve, cette espérance profonde en l’amour de Dieu et surtout ce don sans mesure de ta personne pour la mission. Tu me manques vraiment mais je m’accroche à ce magnifique souvenir que tu nous laisses. Que le Seigneur dans sa miséricorde te donne part à la joie éternelle. Repose en paix Mami. Desfortunées, Bafoussam