LE FIGARO – Crise de l’Église: «Le travail de purification du passé nous permet d’avancer librement vers l’avenir»

Dans une interview donnée au Figaro, le Père Jean-Baptiste Bienvenu partage sa vision de jeune prêtre sur la manière dont lui et ses paroissiens traversent la crise. Un élan d’enthousiasme et de fraicheur pour éclairer ce temps difficile.

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Crise de l’Église: «Le travail de purification du passé nous permet d’avancer librement vers l’avenir»

INTERVIEW – Représentatif d’une nouvelle génération de jeunes prêtres, le père Jean-Baptiste Bienvenu livre au Figaro son point de vue sur la crise que traverse l’Église.

Publié le 25 décembre 2019 à 19:08, mis à jour le 25 décembre 2019 à 19:13
Portrait du Père Jean-Baptiste Bienvenu
Le père Jean-Baptiste Bienvenu, du diocèse de Versailles. Paroisses catholiques Saint Jean-Baptiste en Josas

Le père Jean-Baptiste Bienvenu est un prêtre du diocèse de Versailles, membre de la communauté de l’Emmanuel et l’un des rédacteurs du «Padre Blog».

LE FIGARO. – Comment, en tant que jeune prêtre, réagissez-vous à tout ce qui a pu se dire en 2019, sur les prêtres, l’Église, à la suite des scandales de pédophilie ?

Jean-Baptiste BIENVENU. – Comme tout le monde, j’éprouve de la colère quand je découvre que, dans tel ou tel pays, des prêtres ont commis des crimes ou que des évêques ont préféré protéger l’institution plutôt que les victimes. C’est une telle injustice ; l’Église aurait toujours dû être du côté des plus fragiles. En revanche, je ne me sens pas atteint dans mon identité de prêtre. Pour les prêtres de ma génération – j’ai été ordonné il y a trois ans -, la révélation des scandales du passé constitue une trame de fond depuis le temps de notre formation. Benoît XVI était pape quand nous étions au séminaire, et son immense travail concernant les abus sexuels commis en Irlande ou en Allemagne avait déjà marqué les esprits. Je vis avec ça, l’Église doit vivre avec ça. Le travail de purification du passé nous permet d’avancer librement vers l’avenir.

Je remarque aussi que la révélation des scandales permet à beaucoup de personnes de venir me parler des abus qu’ils ont subis dans leur vie, le plus souvent dans le cadre de leur famille. Cette libération des cœurs par la parole me réjouit profondément. Enfin, au quotidien, je constate la bienveillance des fidèles de tous les âges et de toutes les sensibilités. Il y a une confiance profonde, car les gens sentent notre sincérité ; ils savent qui nous sommes. Nous vivons dans les paroisses comme dans une famille, nous partageons les joies et les peines de tous : c’est une vie simple, transparente et lumineuse.

Il y a eu l’incendie de Notre-Dame de Paris et la prise de conscience pour beaucoup, hors de l’Église, qu’ils pouvaient y avoir, au fond d’eux, un lien particulier avec le christianisme. En avez-vous été témoin ?

Il est sûr que, pour beaucoup, cet incendie a revêtu une forte valeur symbolique. Conséquence de cet événement, beaucoup de personnes assez éloignées de la pratique religieuse viennent pour poser des questions. Dans le contexte de fragilisation de la structure de notre société, ils ont envie de retrouver un lien vivant à leurs racines. Je le vois en particulier pendant les animations que nous proposons devant le supermarché du quartier : tout le monde est très bienveillant, les gens sont ravis de partager leurs intentions de prière et de déposer une bougie devant l’icône de la Vierge Marie, même publiquement.

De ce point de vue, comment abordez-vous l’année 2020 ?

Avec enthousiasme ! 2020, c’est une année sans complexe, une année pour sortir des églises et aller à la rencontre de ceux qui n’osent pas encore y entrer, une année pour montrer que l’Église est proche d’eux. Nous voulons être des facilitateurs d’une rencontre avec le Christ qui change la vie : à Vélizy, nous organisons des après-midi de témoignages, d’échanges et de prières festives. Les gens sont ravis, et la plupart ne sont pas des pratiquants habituels.

La crise de l’Église, particulièrement aiguë en France en 2019, serait-elle annonciatrice d’un nouveau départ, ou est-ce une illusion ?

J’ai l’impression que le nouveau départ est déjà pris. Il n’y a qu’une condition pour qu’il se poursuive : que les paroisses continuent à mettre leur centre de gravité auprès de ceux qui souffrent et de ceux qui s’interrogent sur Jésus. C’est pour eux que le cœur de l’Église bat en priorité !

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