Ils ont connu l’aridité, les distractions, l’endormissement dans la prière. Pourtant, ils ont persévéré. La vie de prière des saints est un riche enseignement. Jean-Luc Moens, animateur de Marcher avec les saints (sur l’application Prier aujourd’hui) explique comment.
Répondre à la question n’est pas facile parce que la prière est éminemment personnelle, elle appartient au secret du cœur, à la dimension intime de l’âme et elle est, d’une certaine manière, incommunicable. Chaque saint a eu sa propre manière de prier. On peut cependant dégager quelques grandes lignes.
1.Pas de sainteté sans prière
Une première remarque essentielle : tous les saints ont prié. Il n’est pas possible de devenir saint sans prier, et prier beaucoup. Saint François de Sales conseillait de n’accepter de nouvelles responsabilités que si on pouvait augmenter son temps de prière. Mère Teresa demandait à ses sœurs de prier deux heures par jour, malgré la quantité de travail qu’elles avaient à effectuer.
2.La prière communautaire
Déjà, dans les Actes des Apôtres, saint Luc souligne la dimension communautaire de la prière : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14). Cette prière communautaire s’est développée dans l’histoire de l’Église à travers le monachisme, la prière des psaumes qui rythmait les journées des moines et des moniales. Le mérite de saint Benoît est d’avoir organisé cette prière pour qu’en une semaine, tous les psaumes puissent être priés. Dans le Renouveau Charismatique, cette dimension communautaire de la prière a été redécouverte, en particulier à travers la louange.
3.La prière personnelle
Le même Benoît qui a organisé la prière communautaire des moines a été d’abord un ermite. Il a passé des années à prier dans la solitude. Saint François a fait de même. C’est au cours d’une de ses périodes de prière érémitique qu’il a reçu les stigmates au Mont Alverne. Son contemporain Dominique était connu pour ses nuits de prière. Il mettait en pratique l’exhortation de Jésus : « Veillez et priez » (Mt 26, 41). On sait qu’il priait la nuit à voix haute car l’un de ses frères l’a surpris dans la basilique Sainte-Sabine à Rome alors qu’il criait vers le Seigneur : « Jésus, ma Miséricorde, que deviendront les pécheurs ? »
4.Les déserts, les sécheresses
Il ne faut pas croire que les saints ont prié facilement ou qu’ils étaient toujours en extase. Beaucoup ont expérimenté la sécheresse, la difficulté de prier. Thérèse de Lisieux le raconte dans ses Manuscrits. Elle se plaint de s’endormir pendant sa prière, d’être distraite, de ne pas pouvoir prier quand une de ses sœurs fait des bruits énervants pendant la prière commune. Elle en arrive à se dire que sa prière consistera seulement à écouter avec attention ce bruit qui l’épuise.
5.La fidélité
Malgré toutes les difficultés, la prière des saints est fidèle, même si parfois, elle connaît des creux. Thérèse d’Avila confesse qu’elle a diminué ses oraisons pour un temps et que sa vie spirituelle en a souffert.
6.L’adoration eucharistique
Beaucoup de saints ont prié devant le Saint Sacrement. C’est devant le tabernacle que sainte Julienne de Cornillon a reçu la demande du Seigneur d’instituer la Fête-Dieu pour honorer l’eucharistie. C’est pendant l’adoration que Marguerite-Marie a reçu les révélations du Sacré-Cœur.
7.La méditation de la Parole
De nombreux saints ont nourri leur prière par la méditation amoureuse de la Parole de Dieu. Dans ses exercices, saint Ignace conseille d’imaginer la scène que nous décrit l’Évangile, d’entrer dans les sentiments de Jésus.
8.Le don des larmes
On sait que saint François, saint Dominique, saint Ignace avaient le don des larmes dans la prière. « Cela nous fera du bien de demander le don des larmes, nous dit le pape François, afin de rendre notre prière et notre chemin de conversion toujours plus authentique et sans hypocrisie. Cela nous fera du bien de nous poser cette question : est-ce que je pleure ? »
9.La louange
Beaucoup de saints ont loué le Seigneur avec passion, y compris – et peut-être surtout dans les difficultés. On connaît la louange de saint François alors qu’il était en train de mourir. Mais il y a tellement d’autres exemples. Élisabeth de la Trinité voulait être une louange de gloire pour le Seigneur. La vénérable Claire de Castelbajac, morte à 21 ans, écrivait : « Je suis tellement heureuse que, si je mourais maintenant, je crois que j’irais au Ciel tout droit, puisque le Ciel, c’est la louange de Dieu, et j’y suis déjà ! »
10.La prière continuelle
Beaucoup de saints ont vécu l’invitation de saint Paul « Priez sans cesse » (1 Th 5, 17), souvent en répétant simplement le nom de Jésus, ce qu’on appelle aussi la prière du cœur.
