Lettre à mon frère martyr que j’oubliai

Chronique
Par Joseph Challier

La chronique de la semaine

Cher frère, ou chère sœur, mais cher martyr,
De par le monde, tu es persécuté, traqué, emprisonné, assassiné. Au nom de Jésus.

Aujourd’hui je pense à toi qui tente de vivre.
Aujourd’hui je prie pour toi qui tente de survivre.
Aujourd’hui, tu n’es plus l’actualité, tu es mon frère.
Aujourd’hui, je réalise que tu es au ciel avec beaucoup d’autres.
Et je songe à tous ces jours où je ne pensai pas à toi. Où je t’ai oublié. Où j’ai ignoré ton martyre.

J’oubliai ton martyre…

Le citoyen d’occident que je suis était bien trop occupé à consommer.
Le catholique de France que je suis était tenaillé entre ses craintes et passions entrecoupées de tentatives timides d’annoncer le Christ.
Le pécheur que je suis tentait de se rappeler que Dieu m’aimait et que ça changeait tout.
Le bon catholique que je suis a même fait des dons à telle association te concernant, s’est ému devant telle photo, s’est mis à prier durant deux jours après telle vidéo.
Bref, je te rangeais au rayon actualité à suivre, autre nom pour sujet sensible à mettre de côté.

Et puis il y eu cette énième lecture de Jean aux chapitres 15, 16 et 17.
Cher frère, chère sœur souffrant ou même mort pour le Christ… Je réalise.
Que tu sois au ciel, en Chine, en Corée, au Nigeria ou n’importe où :
Toi, tu es ce sarment accroché à la vigne.
Toi, tu demeures en Christ.
Toi, tu vis la vraie haine que le monde porte au Christ.
Toi, tu as aimé et tu aimes.
Toi, tu as révélé aux hommes Son Nom.
Et parfois tu es mort. Donc Vivant.

Aujourd’hui, tu es mon frère.
Que vais-je faire de ton martyre ?

Je voudrais commencer par te dire merci.
Merci de ta fidélité, de ton amour du Christ. Merci de ton don. Merci de ton témoignage.
Puis je te demanderai pardon, pour l’oubli et l’indifférence.
Du Royaume des Cieux où tu es bien vivant pour l’éternité, je te supplie de me donner la Vie nécessaire pour être digne de ton martyre.
Du bout de Terre où tu es persécuté, je voudrais t’assurer de ma prière fidèle et de mon amour.
De par la communion des saints, nous sommes unis.
Je t’aime mon frère. Je t’aime ma sœur.

Parce que je t’aime, il m’arrive de pleurer pour toi. Mais alors ton martyre me redonne une terrible espérance.

Que vais-je faire de ton martyre ?

En Christ notre Sauveur,

Joseph

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