« C’est toi que j’ai choisi pour me servir » – Témoignage de Moboy

Moboy Paterne fait partie de ceux qui ont  fait leur 1er engagement dans le célibat pour le Royaume le 30 décembre 2021. Il nous livre, à travers son témoignage, son histoire sainte.

Est ce que tu peux te présenter et  nous expliquer d’où tu viens ?

moboy

Je viens de la Côte d’Ivoire, je vais bientôt fêter mes 40 ans et je travaille dans le domaine des énergies à Paris. Je suis en chemin dans le célibat consacré pour le Royaume depuis plusieurs années.

J’aime particulièrement écouter de la musique et louer le Seigneur. 

Est ce que tu peux nous parler de ta rencontre avec le Seigneur ?

Ma rencontre avec le Seigneur se fait de manière simple et progressive. J’ai la chance de naître dans une famille catholique. Tous les enfants ont été baptisés bébé. Je fais ma 1 ère communion à l’adolescence vers 12-13 ans.  

Alors que je suis en classe de 4ème, je rencontre le renouveau charismatique et c’est là que tout commence. Un de mes oncles est responsable du groupe de prière de la paroisse Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, à l’ouest de la Côte d’Ivoire où je vivais. Dans ce groupe de prière, ma mère est membre du noyau et ma sœur aînée participe à l’animation des chants. Je me mets tout naturellement à les accompagner et c’est là que je participe pour la première fois à un séminaire de vie dans l’Esprit. J’y reçois ma première Effusion de l’Esprit, un vrai clin d’œil du Seigneur. Je reçois également une phrase qui me marque : “c’est toi que j’ai choisi pour me servir” (Aggée 2, 23). 

Avec mon oncle nous prenons l’habitude de prier le rosaire avec Marie en famille le vendredi et le dimanche.

Au collège, je m’occupe de la chorale et de la prière dans mon école. Et en classe de seconde, à l’occasion d’un rassemblement diocésain de jeunes, le 25 mars 2000, je rencontre des membres de la communauté de l’Emmanuel, invités pour une exhortation sur le thème : “Comment les jeunes peuvent-ils répondre à l’appel à la sainteté?”. J’étais dans l’équipe d’animation des chants. 

Puis je suis invité à participer au forum des jeunes cette même année, et j’ai véritablement un coup de cœur pour la communauté de l’Emmanuel. En 2002 en raison d’une crise politique, je m’installe dans la capitale pour vivre en maisonnée résidentielle. Ce qui me touche dans la communauté, c’est de voir des jeunes qui ont entendu l’appel à la sainteté et qui cherchent à y répondre concrètement dans leur vie quotidienne. Auparavant, je n’avais jamais entendu ou compris aussi clairement l’appel à la sainteté pour tout baptisé. C’est grâce à cela, ainsi qu’en découvrant les grâces communautaires: adoration, compassion, évangélisation, que je me pose la question d’entrer dans la communauté en 2004-2005. 

Je prends le temps de discerner, de prier, je fais un pèlerinage dans un sanctuaire marial, et je reçois l’ image d’une plante qu’on arrose et une parole reçue : “c’est moi qui t’ai planté là. c’est moi qui vais t’arroser pour que tu portes du fruit”. J’entre alors en étape d’accueil et de discernement.  La question de la vocation s’est posée bien après 

Peux-tu nous raconter comment tu es venu à te poser la question du célibat consacré ?

Cela s’est passé de façon très simple: à partir de l’année 2000, je vais chaque été au forum des jeunes ou je participe à l’animation des chants. En 2004, lors d’un forum, il y a des carrefours sur l’Eglise, la sexualité, la vocation, la parole de Dieu etc. J’avais déjà assisté à tous les parcours sauf celui sur la vocation animé par un prêtre et un couple de la communauté. Pendant le carrefour j’ai l’impression que ma vie défile devant moi, avec des souvenirs et des événements qui ont marqué mon enfance et en même temps je reçois une grâce de joie, comme si j’avais découvert quelque chose que je cherchais depuis toujours. 

Quelque temps après, commence à naître dans mon cœur le désir de me donner au Seigneur mais je ne sais pas vers quoi m’orienter. J’en parle naturellement au P. Martin Pradère qui s’occupait de la maison Saint Joseph en Côte d’Ivoire et qui m’apprend l’existence du célibat consacré vécu à l’Emmanuel. 

Quelques jours avant mes 24 ans, je me lève un matin avec un mot à la bouche : Castelbajac, or j’ignorais totalement qui était Claire de Castelbajac et un chant dans mon cœur  : “je n’ai d’autre désir que de t’appartenir”. 

Ce jour là,  dans le bureau du secrétariat de la communauté, je tombe sur une revue Il Est Vivant dont le titre était   “créé pour le bonheur” et je découvre à ma grande surprise le portrait de Claire de Castelbajac : en fait cette, revue parlait de l’histoire sainte de plusieurs jeunes comme Saint Dominique Savio et notamment Claire de Castelbajac qui rayonnait de joie et qui est morte en odeur de sainteté. Je suis touché par sa vie. 

C’est également dans cette revue que je découvre que Sainte Thérèse de Lisieux est morte à 24 ans, or, nous étions la veille de mes 24 ans. J’avais l’impression que le Seigneur me disait que moi également, j’avais été créé pour le bonheur. Depuis ce jour, je commence à tisser une amitié avec la petite Thérèse. Elle devient ma confidente. Elle m’apprend l’abandon et la confiance en Dieu. L’une de ses paroles qui me touche beaucoup : « le zéro par lui-même n’a pas de valeur, mais placé près de l’unité, il devient puissant, pourvu toutefois qu’il se mette du bon côté, après et non pas avant ». Dans cette période, grandissait en moi ce désir de me donner au Seigneur mais je ne me sentais pas attiré par le sacerdoce ni par le mariage. Je ne pensais pas non plus à la vie consacrée. 

Je décide alors de donner une année à Dieu en vivant avec les séminaristes à la maison St Joseph à Abidjan. Pendant cette année de formation et de prière, je rencontre Philipp Milligan, responsable des hommes consacrés avec qui je partage et je commence petit à petit  à découvrir et à m’intéresser au célibat consacré. 

Je suis très touché par l’exhortation Vitæ consecrata de Jean Paul II. Au cours d’une retraite ignatienne, je comprends qu’il se pourrait que mon appel soit dans la vie consacrée.

Mais je viens de finir mes études et il faut que je travaille. Et ma façon de me donner dans mon travail est un élément central pour moi. J’aime poser des questions directement au Seigneur alors je lui ai demandé : Est ce là que tu me veux?

Un matin, après la messe dans une chapelle, je reste prier devant le tabernacle. Il se met à pleuvoir et je me dis: je prolonge, jusqu’à ce que la pluie cesse. Et c’est là que j’ai entendu dans mon cœur comme un appel très clair du Seigneur à me consacrer dans le célibat pour le royaume. Il n’ y a pas  eu d’émotion, il y a eu une certitude, je me suis levé, calmement et je suis parti. 

Mon directeur spirituel me demande alors d’écrire mon histoire sainte. Je peux, à cette occasion, partager mes doutes: je suis un pauvre petit pêcheur, est-ce que je serai fidèle jusqu’au bout ?

Et je reçois dans le cœur : aie confiance, avance, ce ne sont pas les bien-portants, mais les malades qui ont le plus besoin du Seigneur. Il est venu appeler les pécheurs. 

Je vois que je m’épanouis dans la communauté, dans mon travail, les différents services: la louange, la liturgie. Le Seigneur me fait avancer doucement. Et ça fait 13ans que ça dure!! Je sais que le Seigneur est là et je suis témoin des merveilles qu’il fait dans ma vie. Après toutes ces années, je comprends que c’est dans cet état de vie que je vais le plus aimer Dieu et mes frères tout en étant disponible pour la mission et en continuant d’avancer dans la confiance sur mon chemin de conversion.  

J’essaie de me laisser conduire  par l’Esprit Saint. Dans ce monde, je ne peux vivre cet appel sans son secours. Je lui demande chaque jour de me rendre toujours plus docile à son action. Vivre dans l’esprit des conseils évangéliques que sont la pauvreté, l’obéissance et la chasteté au cœur du monde c’est aussi un combat. Mais la miséricorde du Seigneur est grande. 

Avec Pierre Goursat qui était très marqué par Thérèse de Lisieux, je comprends que la sainteté, je ne peux y parvenir par mes propres forces. J’ai été très touché quand j’ai découvert qu’il nous encourage, nous ses frères, à approfondir cette petite voie, celle de l’humilité et de la confiance en Dieu. Ce qui me touche chez Pierre, c’est son humilité. Je crois que grâce à l’Esprit Saint, il n’a jamais eu peur de paraître original par amour pour Dieu et ses frères. 

Je crois que si nous ne sommes pas dociles à l’action de l’Esprit Saint malgré  nos pauvretés, nous ne pourrons pas faire la volonté de Dieu. 

Saint Thomas d’Aquin disait : « Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement. » Et c’est Jésus la source de la lumière. Nous chrétiens, sommes invités à éclairer par la charité et avec les dons et charismes que le Seigneur à mis en nous gratuitement pour la mission. Tout ce que nous vivons dans la communauté c’est par l’Esprit Saint. C’est lui qui construit entre nous la vraie fraternité, au-delà de nos cultures diverses, fondée dans le Christ. 

Comment vis-tu ta foi au travail ?

La première des choses c’est que j’aime mon travail et je l’accueille comme un don de Dieu. Ensuite, j’essaie de bien faire mes tâches professionnelles. 

Le 1er octobre 2013, dans une lettre écrite, j’ai demandé au Seigneur par la prière de sainte Thérèse de Lisieux, un travail que j’aime, qui me permette de m’épanouir et de venir en aide à mon prochain. J’essaie aussi d’entretenir de belles relations professionnelles avec mes collègues, d’être vrai, de dire les choses, d’être toujours authentique.

Quelle est la parole qui porte ta prière en ce moment ?

La parole qui me porte actuellement c’est le baptême  de Jésus. Après avoir été baptisé par Jean Baptiste Jésus prie et le ciel s’ouvre, l’Esprit Saint descend et la voix du père se fait entendre. La prière ouvre le ciel et fait venir l’Esprit Saint. Dieu nous le donne quand nous le lui demandons. Ma prière c’est d’être complètement renouvelé dans le feu de l’Esprit ensemble avec mes frères de Communauté pour que nous soyons des témoins au cœur du monde. 

Ce qui me fait vivre dans la joie, c’est la louange. J’aime chanter et louer le Seigneur : “Que les pauvres m’entendent et soient en fête” Ps 33, 3. La louange me fait entrer rapidement dans la prière et dans l’adoration. C’est très important pour moi. Ce temps où je suis en fraternité à Bondy est aussi une occasion d’approfondir ce charisme pour que je puisse accueillir la parole de Dieu, vivre simplement en le servant. 

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