Joseph Challier : Saint Joseph, loin des images d’Epinal

Joseph écrit à son saint patron. Non pour lui demander un emploi ou une maison, mais comme à un confident et à un père.

Propos recueillis par LAURENCE DE LOUVENCOURT

Aimez-vous votre prénom ?
J’ai le plus beau prénom qui soit ! En me donnant ce prénom, mes parents ont voulu me confier à saint Joseph auquel ils étaient très attachés. Pendant longtemps, j’étais assez indifférent à mon prénom. C’est lorsque mon père a quitté la maison que je me suis tourné vers mon saint patron et lui ai demandé de devenir mon père, de m’aider. J’étais alors adolescent. Et mon attachement personnel à saint Joseph n’a cessé de croître au fil des ans. On m’a dit un jour que mon prénom signifiait « faire grandir, éduquer » ; cela illustre très bien qui est saint Joseph pour moi.

Vous écrivez régulièrement à saint Joseph. Pourquoi ?
Il y a quelques années, l’un de mes amis est parti discerner sa vocation pendant un an. Je ne pouvais alors communiquer avec lui que par courrier, ce qui m’a fait redécouvrir la joie d’écrire. C’est alors que l’idée d’adresser une lettre à saint Joseph m’est venue, comme je le ferais pour un membre de ma famille. À la fin de cette première lettre, j’ai décidé de continuer à écrire à saint Joseph de temps en temps et c’est ce que j’ai fait. Je voulais ainsi entretenir la relation, et aussi découvrir davantage le Joseph authentique, loin des images d’Épinal. Je voulais rencontrer l’artisan de Nazareth, qui avait éduqué Jésus : par amour de Jésus, je souhaitais mieux connaître son père. De plus, ces lettres ont évolué au fil du temps : on n’écrit pas la même lettre à saint Joseph à 22 ans qu’à 27. J’en ai écrit 25 jusqu’ici.

Quels sujets abordez-vous ?
Des sujets assez différents. Et j’aime parfois revenir sur un thème. Par exemple, le voisinage. À travers la méditation de l’Évangile et des informations recueillies dans des livres, j’ai appris à connaître saint Joseph comme un artisan du bois, inséré dans la vie d’un village, connaissant les gens qui vivent près de chez lui, leurs besoins, leur vie, passant des commandes… Il m’est alors apparu plus comme un “faiseux” discret que comme un silencieux. Mais nul doute qu’en travaillant le bois de ses mains, il méditait dans son cœur. L’année dernière, j’ai suivi une retraite des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, après une année où j’ai découvert la méditation ignatienne. Je n’hésite donc pas à imaginer : la main de Joseph sur le bois, le style de bois. Cela devient concret, incarné, sensible. J’ai compris ainsi que pour Joseph, le meilleur moyen de cacher l’identité divine de Jésus, c’était de vivre une vie ordinaire, dans la merveilleuse banalité de la vie quotidienne.

Saint Joseph répond-il à vos lettres ?
(Rires.) Je ne lui demande pas vraiment de choses concrètes. Dans la foi, j’espère qu’il me répond. J’en suis même convaincu. Dans l’une des lettres, je lui confie l’Église, les chrétiens persécutés, les chrétiens qui se donnent et ceux qui lâchent le Christ. Je lui demande moins une maison, un emploi… que de m’aider à réfléchir et à agir dans ce monde à réparer.

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