Des catéchumènes tombés du ciel

Une joie pour l’Eglise mais aussi une responsabilité !

Alors que la Conférence des Evêques de France vient d’annoncer plus de 10 000 baptêmes d’adultes lors de la Vigile Pascale 2025, un chiffre en hausse de 45% par rapport à l’an dernier, nous avons rencontré Eric Jacquinet, curé de la paroisse Saint Nizier à Lyon, et Caroline Dewavrin, à Caen.

Avec étonnement et joie, ils accueillent des personnes, toujours plus nombreuses, qui viennent demander à l’Eglise le sacrement du baptême. Entre impératifs de formation, nécessité d’accompagnement et expérience de fraternité, la responsabilité de l’Eglise se joue dans la durée.

« C’est la première fois que je vois ça ! » s’écrie Eric Jacquinet. Prêtre depuis bientôt 33 ans, il est curé de la paroisse Saint Nizier à Lyon depuis le 1er septembre. « Depuis cette date, toutes les semaines ou presque, des gens se présentent pour demander le baptême. Parfois jusqu’à 4 par semaine. » A la fin de la messe, lors de la mission du 8 décembre ou en d’autres circonstances. « Ce qui me marque c’est la maturité de leur cheminement. Lorsqu’ils arrivent, ils ont déjà regardé des vidéos, lu pas mal de choses, écouté des témoignages. Tous ont déjà beaucoup réfléchi et certains ont déjà fait une expérience de Dieu. »

Ils sont issus pour moitié environ de familles de tradition chrétienne, pour moitié de famille très éloignées de la foi catholique : « Parmi ces derniers, tous ont été enseignés en songe de manière très forte » témoigne Eric Jacquinet. « Comme cet homme de 45 ans, musulman, marié avec une catholique. En songe, il a vu quelqu’un lui dire « Je suis descendu du ciel pour sauver tous les hommes, y compris les Juifs et les Arabes. » Ou cet autre, convaincu que la religion c’est l’opium du peuple. Lors d’un mariage religieux, il se laisse toucher par l’homélie, pleure une bonne partie de la messe, va acheter l’évangile de Matthieu qu’il lit entièrement à l’occasion d’un déplacement à l’étranger. A la lecture du verset : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » il est percuté par la vérité de la Parole de Dieu. De retour en France, il s’inscrit à un bachelor en théologie. Il sera baptisé à Pâques avec 19 autres catéchumènes de la paroisse. »

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A Caen, ce sont les jeunes étudiants qui viennent en nombre à la Mission Etudiante du centre-ville demander le baptême. Caroline Dewavrin a été appelée par le prêtre responsable, avec sa maisonnée de l’Emmanuel, pour accompagner les catéchumènes : 

« Les jeunes sont issus de familles non-croyantes, parfois musulmane. Pour 80% d’entre eux, c’est le décès d’un grand-parent qui fait naître un questionnement existentiel. Ils attendent parfois 2 ou 3 ans avant d’oser frapper à la porte de l’Eglise. Ils demandent le baptême sans rien connaitre et ne vont pas forcément à la messe » s’étonne la mère de famille.

Au contraire, Eric Jacquinet est surpris par l’intelligence de la foi des catéchumènes. Il donne l’exemple de cette jeune fille de 18 ans d’origine musulmane avec qui il faisait un point d’étape : « Touchée par la fraternité, elle découvre que l’Eglise est sa famille et que Jésus a donné sa vie pour la sauver de ses péchés. Elle me parle de la Trinité aussi, comme d’un feu, en me disant : « Il y a les flammes qui représentent le Père, la lumière qui symbolise Jésus et les étincelles qui manifestent l’Esprit-Saint. Ça fait trois en un, je suis contente de pouvoir l’expliquer à mes copines ! »

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A Caen, les 20 catéchumènes qui seront baptisés cette année à Pâques se retrouvent une fois tous les 15 jours pour un temps de prière et un topo. Ils bénéficient aussi d’un accompagnement personnel par un membre de l’équipe ou un paroissien. Caroline a noué de beaux liens avec la jeune catéchumène qui lui a été confiée : « Elle était curieuse de découvrir comment vit une famille chrétienne, comment était notre coin-prière, celui des enfants. 

Régulièrement, elle vient garder nos enfants et alors, on lui demande d’arriver un peu plus tôt pour qu’on vive la prière familiale du soir ensemble. Les premières fois, elle était discrète, maintenant elle confie des intentions de prière. Au début du carême, elle m’a dit qu’elle aimerait bien qu’on fixe un rendez-vous d’adoration une fois par semaine, ensemble, parce qu’elle ne se sentait pas d’y aller toute seule. Je lui ai dit : 10 minutes minimum et ensuite tu me dis quand c’est assez pour toi. On a adoré ensemble toutes les semaines entre 20 et 25 minutes. » 

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Messes des scrutins, repas dominical, anniversaires des enfants… toutes les occasions sont bonnes pour enraciner le lien. Pour cette raison, des familles chrétiennes invitent régulièrement des catéchumènes à partager un repas : « C’est une manière de témoigner de qui nous sommes : le repas en famille, le bénédicité… c’est nouveau pour la plupart d’entre eux » explique Caroline.

En effet, pour Eric Jacquinet, il ne faut pas sous-estimer le décalage culturel : « Nous avons élaboré une culture chrétienne qui nous semble aller de soi : nous mangeons ensemble, nous nous rendons service, nous nous demandons pardon, nous prions ensemble, nous partageons de l’argent ou du temps avec les pauvres…

Il nous faut en témoigner car cela ne coule pas de source pour tout le monde et aider les catéchumènes à entrer dans un mode de vie chrétien. Pour cela, il faut être prêt à durer dans le compagnonnage avec eux. »

A Lyon, à la demande de l’archevêque, des fraternités catéchuménales, animées par les fidèles, ont été mises en place pour accueillir les catéchumènes, leur faire goûter à l’expérience de la vie fraternelle et les accompagner, y compris après le baptême :

« C’est une manière de contrer une difficulté récurrente dans l’Eglise, à savoir l’intégration des catéchumènes dans la communauté chrétienne. Si on se pose la question après le baptême, c’est trop tard ! » Et le père Eric d’ajouter : « Le but c’est que les accompagnateurs de la fraternité ne soient pas des catéchistes mais des frères ! Les catéchumènes sont très heureux de ne pas être seuls. »

Mission jusque là périphérique, l’accompagnement des catéchumènes « devient le cœur de notre mission » se réjouit Eric Jacquinet. « Nous ne sommes qu’au début de la prise de conscience d’un phénomène complètement nouveau qui va devoir impliquer toute la communauté chrétienne. » Et qui pose un nouveau défi à l’Eglise : « Il s’agit maintenant de former des accompagnateurs, capables de rendre compte de leur foi et de marcher aux côtés de tous ces chercheurs de Dieu qui arrivent dans nos églises. C’est Saint Paul qui le dit :

« Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour. »

Mon défi en tant que curé de paroisse est désormais de trouver des personnes qui vont pouvoir former des accompagnateurs ! »

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Pendant la nuit de Pâques, parmi les 10 383 catéchumènes qui recevront le baptême un peu partout en France, 20 seront baptisés à Saint Nizier à Lyon et 20 autres à Caen.

A la demande des catéchumènes eux-mêmes, la paroisse caennaise va installer un jacuzzi dans l’Eglise pour les baptiser par immersion : une catéchèse en actes qui se passe de mot pour signifier le passage dans la mort et la résurrection du Christ, comme l’exprime Saint Paul : 

“Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne”

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