Bienheureux Daniel Brottier – Marcher avec les saints

Courageux aumonier dans les tranchées, le Père Brottier aura aussi marqué l’œuvre des Apprentis d’Auteuil. Découvrez son histoire au micro de Jean-Luc Moens.

Bienheureux Daniel Brottier

Daniel Brottier naît le 7 septembre 1876 à La Ferté-Saint-Cyr, un petit village de Sologne dans le diocèse de Blois. Il a un frère prénommé Gaston. Ses parents habitent une dépendance du château de Durfort où son père est cocher. À 5 ans, lorsque sa maman lui demande : « Daniel, que feras-tu plus tard ? » sans hésiter, le petit garçon répond : « Moi, je serai pape ! » La maman est un peu étonnée de la réponse. Elle lui fait remarquer qu’avant d’être pape, il y a un long chemin à parcourir ! Il faut d’abord être séminariste, puis prêtre, puis évêque… Mais l’enfant ne se laisse pas démonter : « Eh bien, je serai tout cela ! » On peut constater son caractère décidé, avec un tempérament hors du commun, comme nous allons le vérifier dans la suite ! Dès l’âge de raison, Daniel manifeste un grand amour de Dieu et se confirme le désir du sacerdoce affirmé à l’âge de 5 ans.

En 1886, Daniel a 10 ans. Il fait sa première communion. C’est un moment inoubliable qui marque sa vie. Il fait l’expérience d’une rencontre personnelle avec le Christ dans le plus intime de son cœur.

À 11 ans, il intègre le petit séminaire de Blois. C’est là qu’il se sent appelé à devenir prêtre missionnaire. À 14 ans, il est atteint d’une fièvre typhoïde qui laissera de graves séquelles, et en particulier, fragilisera sa santé pour toujours. À partir de ce moment, il souffre de terribles maux de tête qui le poursuivront et rendront sa vie difficile jusqu’à sa mort.  À 17 ans, il entre au grand séminaire. Le 22 octobre 1899, il est ordonné prêtre. Il a 23 ans. Il a le désir de devenir missionnaire. Il entre finalement au noviciat des Pères du Saint Esprit à Orly le 26 septembre 1902. Il est envoyé au Sénégal.

Le père Daniel se dépense sans compter pendant 3 ans, mais finit par tomber malade. Il doit rentrer en France pour se soigner. Il passe 6 mois de convalescence à La Ferté-Saint-Cyr, son village natal, puis repart en mission. Mais sa santé reste très fragile. En 1911, il doit à nouveau quitter l’Afrique pour raison de maladie. Il n’y retournera plus.

Mgr Jalabert, son évêque, le charge alors d’une mission en Europe : collecter en France les fonds nécessaires à la construction d’une cathédrale à Dakar qu’on appellera « le Souvenir africain ». Il nomme le père Brottier, vicaire apostolique de Dakar, chargé de diriger à Paris l’œuvre du Souvenir Africain.

À nouveau, Daniel Brottier qui ne fait rien à moitié s’engage à fond dans ce travail. Il parvient à trouver en France plus de 200.000 bienfaiteurs pour le Souvenir Africain et récolte une somme totale de 7 millions de francs.

Lorsqu’en août 1914 la première guerre mondiale éclate, le père Brottier demande à partir comme aumônier militaire sur le front dans le corps des aumôniers volontaires. Sur le front, il se fait remarquer par sa bravoure. Il se montre infatigable. Il partage durant toute la guerre la vie des soldats en première ligne. Il prend part aux batailles de Lorraine, de la Somme, de Verdun, et des Flandres. Le Père Brottier se dépense au mépris de tout danger et il est protégé de manière étonnante par Thérèse de Lisieux, mais il ne le sait pas ! En fait, c’est Mgr Jalabert qui la lui fera découvrir après la guerre. Pour le moment, voyant son vicaire général en danger de mort sur les tranchées, Mgr Jalabert le confie à la petite Thérèse. Et cela marche ! Thérèse le protège à tel point le père Brottier qu’il devient un aumônier légendaire. Les poilus lui disent : « près de vous Monsieur l’aumônier, on est comme sous une aile. Vous passez à travers les balles. » Lui-même raconte : « Au long de la guerre, souvent exposé, j’ai été préservé des pires dangers comme par un miracle perpétuel. J’ai fait en volontaire des missions périlleuses auprès des blessés ou des mourants, empêchant les autres d’y aller parce qu’ils risquaient leur vie… tandis que j’étais sûr d’en revenir. Mes habits ont été troués, déchirés, je n’ai jamais eu de vraies blessures. »

À la fin de la guerre, en 1919, le père Brottier rencontre son ancien évêque et ami, Mgr Jalabert, et lui raconte son expérience de protection mystérieuse pendant le guerre. Alors, Mgr Jalabert ouvre son bréviaire et en tire une image de sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus derrière laquelle il a écrit ces mots :  « Petite sœur Thérèse, gardez-moi mon Père Brottier. » Brusquement, le père Brottier comprend. Il a été protégé pendant toute la guerre par la petite Thérèse ! Cette révélation le bouleverse et, à partir de ce moment-là, il va avoir avec la sainte de Lisieux une relation de proximité qui ne va cesser de grandir et de porter un fruit abondant.

Le 19 novembre 1923, le père Brottier est nommé directeur de l’Œuvre des Orphelins Apprentis d’Auteuil. Avec cette nomination commence une nouvelle étape de sa vie, la dernière, mais celle aussi qui le rendre célèbre pour la postérité. Depuis la fin de la guerre, le père Brottier vit en connivence avec Thérèse de Lisieux. Elle vient d’être béatifiée le 29 avril de la même année, 7 mois auparavant. Le père Brottier associe sa nouvelle nomination à la jeune bienheureuse. Il avoue : « Lorsque Mgr Le Roy me parla de prendre la direction de l’Œuvre d’Auteuil, je sentis que c’était là que j’étais attendu par la petite sainte carmélite de Lisieux. C’est pourquoi j’acceptai sans prévoir encore comment elle m’aiderait, mais sûr de sa pluie de roses. »

L’Œuvre des Orphelins Apprentis d’Auteuil est une œuvre fondée en 1866 par l’abbé Roussel pour accueillir et donner une formation religieuse et professionnelle à des enfants abandonnés, pauvres ou orphelins. Lorsque le père Brottier arrive, l’œuvre s’occupe de 70 enfants et est au bord de la faillite. Il se fixe deux priorités : redresser l’œuvre pour sauver les enfants les plus malheureux et les plus pauvres et y associer son amie Thérèse pour faire découvrir son message d’amour. Dès sa nomination comme directeur, le père s’installe au 40 rue La Fontaine à Auteuil, siège de l’œuvre.

Rapidement, une joie de vivre et de travailler communicative change l’atmosphère de l’œuvre.

Chose qui peut paraître étonnante, sa première décision est de construire une chapelle à son amie Thérèse à qui il a promis – je cite – de « lui témoigner une gratitude particulière dès que ce serait possible ». La chapelle des Apprentis d’Auteuil sera la première église au monde dédiée à Thérèse de Lisieux.

Le père Brottier se lance donc dans une nouvelle campagne de dons. La première pierre de la chapelle est posée le 13 juillet 1924, soit 6 mois seulement après l’arrivée du père Brottier à la tête des Apprentis. La première messe est célébrée en la nuit de Noël 1925, année de la canonisation de Thérèse.

Le père Brottier est infatigable et aussi plein d’imagination innovante. Pour sa recherche de fonds, il n’hésite pas à recourir à l’affichage dans le métro. Au grand étonnement des parisiens, il fait placarder le portrait de Thérèse de Lisieux pour inviter à des concerts au profit de sa chapelle.

Avec la direction dynamique du père Brottier, les Apprentis d’Auteuil se développent dans toute la France. Il crée 7 nouvelles maisons. En 1936, l’ensemble de ces maisons accueillent 1400 orphelins.

Ces 12 années de travail intensif ont achevé d’épuiser le père. Le 2 février 1936, c’est consécration de la cathédrale de Dakar. Le père Brottier ne peut être présent. Le lundi 3 février, il est épuisé. Il se couche en fin de matinée et il meurt le 28 février 1936. Il a 59 ans. Il a passé sa vie à chercher de l’argent pour la mission, pour les enfants abandonnés, pour la chapelle de Thérèse qu’il a tant aimée. Alors que Thérèse avait promis de faire pleuvoir des pétales de roses depuis le ciel, le père Brottier, très pragmatique, a dit : « Moi, je ferai pleuvoir des billets de banque ! »

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