Banigbé (Bénin) : Quand une paroisse crée une ferme solidaire

Comment mettre fin à l’insécurité alimentaire qui s’impose comme une fatalité au Bénin ? Comment éveiller chez les jeunes l’amour de la terre pour lutter contre l’exode rural et développer les campagnes ? Telles sont les questions qui habitent le père Nestor Attomatoun, prêtre de la communauté de l’Emmanuel au Bénin, curé de la paroisse Saint-André de Banigbé, village de brousse situé à 25 kilomètres au Nord-Est de Porto Novo.

Article tiré d’Il est vivant! n°335

À son arrivée dans cette paroisse, en octobre 2015, face à la misère des paroissiens et au taux de chômage croissant, le nouveau curé, imprégné de la méditation de l’encyclique Laudato Si’ du pape François sur l’environnement et encouragé par son évêque, Mgr Aristide Gonsallo, s’engage à redonner espoir à ses paroissiens en leur inculquant les valeurs de la terre, source de richesse. C’est ce qu’il appelle la « pastorale du développement à la lumière de Laudato Si’ » : « Les pays pauvres doivent avoir comme priorité l’éradication de la misère et le développement social de leurs habitants. » Le premier acte social qu’entreprend le curé est la construction d’un forage et d’un château d’eau. Comme l’affirme l’encyclique « l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes, et par conséquent il est une condition pour l’exercice des autres droits humains ».

Le problème de l’eau étant réglé, l’urgence de mener une pastorale agricole se fait sentir, non sans peine. En effet, bien que le Bénin soit une terre fertile (le pays possède la vallée de l’Ouémé, deuxième vallée la plus fertile au monde après celle du Nil) et où l’eau est accessible facilement, l’activité agricole est de plus en plus délaissée. Pour sensibiliser et former les jeunes générations, le curé projette de créer une école agricole sous la tutelle de l’Emmanuel.

Le père Nestor cherche le moyen de rallier sa paroisse à la cause agricole. C’est alors qu’il demande à l’ONG Fidesco d’envoyer des volontaires pour le soutenir. L’idée est de créer une ferme agricole solidaire sur les 10 hectares de terres encore non exploitées de la paroisse. Arrivés en août 2016 avec leurs trois enfants de 9, 7 et 3 ans, Pierre et Marine Wemaere ont démarré ce projet ambitieux en constituant une équipe d’une quinzaine de personnes.

L’objectif de cette ferme agricole Laudato Si’ est de recruter et de former les paroissiens au travail de la terre et de les sensibiliser au respect de l’environnement. La permaculture est initiée pour favoriser la biodiversité. La culture de plantes médicinales est mise à l’honneur pour permettre aux populations de se soigner, en particulier une plante très efficace pour prévenir et soigner le paludisme : l’artémisia. L’usage des engrais chimiques est prohibé et des actions de sensibilisation sont menées pour le traitement des déchets.

À Banigbé, Laudato Si’ a un terrain d’application tout trouvé ! « Nous mettons toutes ces activités sous la protection du Père créateur par cette prière du pape François », concluent le père Nestor et les volontaires Fidesco : « Seigneur, saisis-nous par ta puissance et ta lumière pour protéger toute vie et préparer un avenir meilleur, pour que vienne ton règne de justice, de paix, d’amour et de beauté. Loué sois-tu. Amen. »


Pour aller plus loin


logo la croix africa« Aucun développement réel n’est possible en Afrique sans un changement d’attitude vis-à-vis de la nature »

Depuis 2017, en marge de la publication par le pape François, de l’encyclique Laudato Si, le père Nestor Attomatoun, avec l’appui de la Communauté de l’Emmanuel dont il est membre, a pris l’initiative d’un projet d’écologie intégrale en réponse à l’appel lancé par le Saint-Père pour la préservation de la nature.

En marge de l’inauguration, ce 5 octobre à Banigbé (près de Porto-Novo) d’un bâtiment de l’école-ferme créée dans le cadre de ce projet, il esquisse un bilan de ce projet et revient sur l’urgence écologique sur le continent. Lire l’article

Cet article fait partie du dossier thématique :Laudato si, un nouvel art de vivre ? →

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