« Avec Carlo Acutis, être saint un portable à la main » – Rencontre avec le père Will Conquer

Le père Will Conquer, contemporain direct de Carlo Acutis, est missionnaire au Cambodge pour les Missions étrangères de Paris (M.E.P.). La découverte de cette belle figure de sainteté a été pour lui une vraie révélation.

Vignette Carlo Acutis

(Article extrait d’Il est vivant! n°347)

Il est vivant ! Pourquoi ce livre sur Carlo Acutis ?

Will ConquerWill Conquer Sur un coin de table à Panama, tout peut arriver. Même l’idée d’écrire un livre. Nous discutions avec deux amis, Pierre et Grégory. Un homme d’affaires, un chanteur, et un prêtre, qui se retrouvent après avoir passé la soirée à louer Dieu avec des jeunes venus des quatre coins de la terre. Nous venions d’avoir un enseignement de Monseigneur Robert Barron, un des évêques les plus suivis sur les réseaux aux États-Unis qui a fondé un ministère pour la nouvelle évangélisation : sa Parole est de feu (Word on Fire) ! Nous nous demandions : qui seront les modèles pour cette nouvelle génération ? Qui saura nous apprendre à devenir des missionnaires du nouveau millénaire ? Tellement de défis à relever, tellement de peurs à surmonter, et si peu de modèles à imiter. Aucun, plus précisément : aucun jeune de notre génération n’a encore été canonisé. Tellement de prophètes d’un temps ont déçu. D’autres ont vieilli . Mais Pierre me demande alors : « Est-ce que tu as entendu parler de Carlo Acutis ? » Mieux qu’il aurait cru, mais pas encore assez. Comme jeune catho branché à mon écran depuis plus de vingt ans, ça faisait déjà longtemps que je m’étais posé la question de savoir si on pouvait devenir saint avec un portable dans la main, et avec ces avalanches d’informations qui nous bombardent. Carlo Acutis était déjà apparu dans mes recherches Google depuis longtemps. Avec un groupe d’adolescents en pèlerinage à Rome pour Noël 2006, nous avions même pu voir son exposition sur les miracles eucharistiques dans l’université pontificale où il était exposé. C’était son deuxième lieu d’exposition. Les textes n’étaient qu’en italien, mais les photos et les dessins parlaient d’eux-mêmes. Depuis, l’expo a fait le tour du monde et est traduite en plus de dix langues. Qui pouvait imaginer que le travail de ce jeune italien mort si prématurément aurait une telle résonance ? Personne. Depuis, j’étais devenu prêtre et missionnaire, et vivant à Rome pour mes études, j’avais pu apprendre l’italien. Après les JMJ, j’ai pris contact avec la famille de Carlo. Plus j’en savais sur lui, plus il m’inspirait. J’ai trouvé en lui un ami, et comme un petit frère, qui m’aide à trouver l’autoroute du Ciel. C’est de cette rencontre dont parle le livre. Celle d’un petit frère qui vient nous aider à trouver le chemin du Ciel.

Quel message le Pape souhaite-t-il transmettre aux jeunes en béatifiant ce jeune homme décédé il y a si peu de temps ?

Le message du pape François, il est clair : c’est l’urgence de la sainteté.

Primo, la sainteté n’attend pas les années. On ne peut pas remettre à demain notre désir de devenir saint. En canonisant de nouveau un enfant, le Pape François nous rappelle à quel point il faut prendre au sérieux la vie spirituelle des plus jeunes, des plus petits. Ces prières enfantines, ces petits sacrifices, ces caprices parfois comme ces étapes de maturation. Cette vie a du prix aux yeux de Dieu.

Secundo, la sainteté entre dans notre temps. Le pape François fait tout pour dépoussiérer le visage de l’Église. En canonisant un enfant du troisième millénaire, il vient dépoussiérer toutes nos statues de plâtre et nos images d’Épinal. La sainteté n’est pas une nostalgie du passé mais un appel au présent.

Tertio, la sainteté vient nous toucher du bout des doigts. Carlo devient le premier saint à avoir une adresse mail, un portable, un ordinateur. Ça ne l’a pas empêché de devenir saint, et au contraire, il a su faire de la technologie un outil au service de sa mission d’évangélisation ! Face à l’écueil que représente Internet pour notre génération prise au piège de mille tentations, il est urgent de faire du lieu de notre perdition, le lieu de notre sanctification.

S’il y avait trois sources d’inspiration dans sa vie/son “message”, lesquelles retiendriez-vous ?

L’évangélisation commence en famille. La famille Acutis est une famille qui respire la foi. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. On a du mal à imaginer la maman de Carlo loin des bancs de l’église, elle qui vit et respire au souffle de l’Esprit, et pourtant. Son papa, si discret, avoue que Carlo l’a, bien des fois, bousculé et qu’il le bouscule encore aujourd’hui en l’incitant à témoigner encore de sa foi. Mais c’est surtout sa cousine dont le témoignage m’a davantage éclairé. Nous avons tous un cousin qui a perdu la foi. Et Flavia était celle-là. Elle se souvient de son cousin chéri qui insistait pour aller chaque jour à la messe sans jamais forcer personne. Après la mort de son cousin, elle s’est éloignée progressivement du Christ et de l’Église. Mais aujourd’hui elle fait partie de cette génération milanaise qui retrouve la joie de l’Évangile. Et pour elle, c’est sûr, Carlo n’est pas pour rien là-dedans.

L’évangélisation commence maintenant. Carlo n’a pas attendu à regarder le Ciel comme les disciples après l’Ascension. Toute sa jeunesse, il l’a mise au service de son plus grand projet : devenir saint. Et sa sanctification passe par l’évangélisation. Il meurt sans pouvoir assister à l’inauguration de son exposition. Tant d’efforts en vain ? Bien au contraire. Du Ciel, il doit se réjouir de voir tout le bien que son travail continue à faire sur la Terre. Tous les baptisés sont appelés à devenir des disciples missionnaires, et Carlo n’a pas attendu les années pour répondre à cet appel.

L’évangélisation commence ici. On peut rêver de partir en humanitaire, de faire un volontariat avec les MEP ou Fidesco. Mais on ne sera pas missionnaire à l’autre bout du monde si on ne sait pas être missionnaire au coin de la rue. Carlo croit à une évangélisation de la proximité qui commence par le pauvre qu’il croise de l’autre côté du trottoir. Elle passe par toutes ces personnes que l’on côtoie sans forcément penser que Dieu les aime ; ainsi Carlo aura une affection particulière pour un employé de maison d’origine hindoue qui s’appelle Rajesh. La simplicité de cœur de Carlo et son témoignage joyeux, ainsi que les réponses si simples à ses questions sur la vie de Jésus aideront Rajesh à devenir chrétien. Et si par Internet, Carlo peut toucher des gens très loin de lui et de l’Église, il se rappelle qu’avant de devenir un lieu de mission, Internet, sur lequel on passe aujourd’hui tant de temps, doit d’abord être un lieu possible pour notre sanctification. Peut-on être saint avec un portable dans la main ? Carlo vous dira que oui. ¨


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