Annoncer ensemble le message essentiel de l’Évangile – Témoignage d’Hubert de Torcy

Hubert de Torcy est le fondateur de SAJE, maison de distribution et de production de films chrétiens. Habitué a travailler avec des évangéliques, il témoigne de leur zèle missionnaire et de l’annonce de l’Evangile qu’il est possible de faire en commun avec eux.

H de Torcy IEV356Les actions d’évangélisation menées par le Top chrétien sur le web nous semblaient très inspirantes. Nous avons donc décidé d’aller rendre visite à ces frères évangéliques (à l’époque, le Top était dirigé par Éric Célérier et Stephan Piaugier). Petit à petit, des liens d’amitié se sont tissés entre nous. Une expérience fondatrice de notre foi nous était commune : l’effusion de l’Esprit. Et, fruit de cette expérience personnelle de l’amour de Dieu, nous avions le même désir d’évangéliser. Nous nous sommes ainsi reconnus comme des frères et sœurs dans la foi et avons décidé de mener des actions missionnaires ensemble, notamment, après la création de SAJE, autour du cinéma. La plus récente ? La sortie en France de The Chosen, une série sur la vie de Jésus au succès mondial, produite par un évangélique et dont l’acteur principal est catholique. Avec Éric Célérier, pasteur évangélique fondateur du Top chrétien, nous avons pu mobiliser pour sa sortie un grand nombre de « leaders » catholiques et protestants1.

Ces dernières années, à travers ces actions communes, j’ai donc eu de nombreuses occasions de travailler avec des évangéliques. Nos projets portent sur l’annonce essentielle de la foi qui nous est commune et qu’on appelle le kérygme : « Jésus est le Messie, le sauveur ; il est mort et ressuscité pour nous sauver de la mort et du péché ; nous en sommes témoins ; vous aussi, vous pouvez marcher à sa suite et recevoir le baptême en rémission de vos péchés. » Les films évangéliques produits aux États-Unis que j’importe en France portent pour la plupart sur ce kérygme. Nous, catholiques, pouvons apporter aux évangéliques nos 2000 ans de tradition, de compréhension de la foi par la théologie, l’exégèse, la lectio divina, les grandes familles spirituelles auxquelles ils n’ont pas accès et qui parfois leur manquent. Comme le dit mon ami pasteur : « L’histoire de l’Église, pour un évangélique, remonte au jour de sa conversion… »

De notre côté, nous avons à apprendre de nos amis évangéliques l’importance, pour la mission, de revenir à l’annonce du message essentiel de la foi. Ainsi le pasteur évangélique Billy Graham, décédé en 2018, qui avait l’oreille de tous les présidents américains, a provoqué le retour à Dieu de centaines des milliers de gens dans le monde entier, uniquement en prêchant le kérygme2 ! J’ai été édifié en le découvrant. À l’inverse de l’évangélique, le catholique ne sait plus toujours ce qu’il doit annoncer parmi tous les trésors de sa foi. Il perd souvent de vue la perspective des fins dernières, du salut. Or c’est bien l’annonce du message essentiel de l’Évangile qui peut rejoindre chacun avec beaucoup de puissance car l’inquiétude du salut est au fond de tout cœur humain.

Les évangéliques réveillent également notre zèle missionnaire. Dans l’Église catholique, nous sommes très forts pour parler d’évangélisation, organiser des colloques autour de ce thème, etc. mais dès qu’il s’agit de passer à la pratique, il n’y a plus grand monde… Les évangéliques, eux, qui ont cette profonde inquiétude du salut de l’âme de leurs prochains, ne cessent d’annoncer l’Évangile. Et cela se ressent sur la composition de chacune de ces Églises. Lors des projections de films distribués par SAJE, il est très facile d’identifier, dans le public, qui est catholique et qui est évangélique : le catholique est plutôt âgé, issu d’une catégorie sociale supérieure tandis que l’évangélique est un jeune converti, souvent noir ou beur, éventuellement d’origine musulmane. C’est bien par la prédication du kérygme, appuyé par des signes, que les évangéliques parviennent à rejoindre des couches plus populaires de la population.

Une fois que l’on est devenus amis et bien que ce qui nous unit soit plus grand que ce qui nous sépare, comme le dit le père Raniero Cantalamessa3, notre unité n’est pas encore parfaite. Il nous faut donc toujours continuer à avancer et à désirer ardemment cette unité.

(Interview par LAURENCE DE LOUVENCOURT)

1. Voir à ce sujet ce film, à partir de 6’30 : https://www.youtube.com/watch?v=u5XRMzVDksA
2. Cf. son interview par PPDA sur TF1 à retrouver sur Youtube. Par ailleurs SAJE a sorti récemment un documentaire sur Billy Graham : Billy Graham, un parcours extraordinaire.
3. Prédicateur de la Maison pontificale depuis 1980 et grande figure du Renouveau charismatique catholique.

LA NOSTALGIE D’UNE VRAIE COMMUNION

Lors d’un voyage à Jérusalem avec des amis évangéliques, une Sainte Cène a été improvisée. Un plateau où ont été disposés du pain et un verre de vin est passé parmi nous, pour signifier la communion qui nous liait. Un ami prêtre m’avait rejoint. Devant mon hésitation (je savais qu’un catholique ne peut communier au sein d’une autre église), un ami pasteur évangélique me dit : « Par esprit de communion, pourquoi est-ce que tu ne prendrais pas part à cette Sainte Cène ? » J’étais très embarrassé. Mon ami prêtre a alors expliqué : « Même si nous avons ce désir de communion, cette communion, aujourd’hui, n’est pas pleine et entière. Et cela doit nous faire souffrir. Le fait de ne pas participer à cette Sainte Cène manifeste ce désir, cette nostalgie d’une vraie communion entre nous. » Ses paroles nous ont touché mon ami pasteur et moi-même. HUBERT

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