A L’Ile-Bouchard, le ciel s’est fait proche de nous

Le 25 mars prochain, fête de l’Annonciation, le sanctuaire de L’Île-Bouchard entre dans une année jubilaire pour fêter les 70 ans des événements de 1947. Jean-Romain Frisch vit à L’Île-Bouchard depuis quinze ans. Avec son épouse, Catherine, ils sont au service du sanctuaire Notre-Dame de la Prière. Spécialiste des événements de L’Île-Bouchard, il vient de publier La voie de la Belle Dame, Nouvelles perspectives sur L’Île-Bouchard, aux Editions de l’Emmanuel.

Pouvez-vous nous rappeler les événements de 1947 ?

Pendant une semaine, du lundi 8 au dimanche 14 décembre 1947, une « belle dame », toujours accompagnée d’un ange, se manifeste à quatre fillettes de L’Ile-Bouchard, petit village tranquille de Touraine, à dix reprises dans l’église paroissiale Saint Gilles, lieu unique de ses visites. Elles identifient rapidement celle qui se désigne comme « leur maman du ciel » à la Vierge Marie, et l’ange, à l’ange Gabriel.

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Quel est son message ?

La Vierge leur demande en priorité de prier pour la France « en grand danger », de fait ces jours-là au bord de la guerre civile. Dès le lendemain, à la surprise générale, la situation politique se détend et le chemin d’une paix nationale durable est retrouvé. Marie prie beaucoup avec les fillettes et les participants toujours plus nombreux, surtout le chapelet. Elle leur apprend à prier, renouvelant en particulier leur manière de faire le signe de croix, lentement et majestueusement. A tel point qu’elle sera plus tard invoquée dans le sanctuaire sous le titre de « Notre Dame de la Prière ». Elle insiste pour que l’on prie pour les pécheurs, présentant la croix de son chapelet à embrasser. Elle multiplie les gestes de tendresse maternelle à l’égard des fillettes, embrassant leur main, offrant la sienne à embrasser, embrassant aussi des bouquets de fleurs. Elle va promettre de « donner du bonheur dans les familles. » Elle guérit miraculeusement les yeux de l’aînée des fillettes et envoie le dimanche un vif rayon de soleil, totalement improbable ce jour-là, et visible de tous dans l’église. Les fillettes reprennent ensuite leur vie d’écolières.

Depuis ces événements, un pèlerinage s’est spontanément créé sur les lieux, en particulier tous les 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception marquant le début des événements. Le 8 décembre 2001, Mgr Vingt-Trois, alors archevêque de Tours, autorise officiellement le culte public et les pèlerinages à Notre Dame de la Prière. Dès lors, le sanctuaire connaît un grand essor, sous l’impulsion des équipes de prêtres et de laïcs de la Communauté (avec l’aide des paroissiens fidèles) à qui la paroisse/sanctuaire est confiée depuis 1998.


En quoi ce message est-il original ?

L’Ile-Bouchard est le seul lieu où Marie a demandé explicitement de prier pour la France, et à plusieurs reprises. Ce que les pèlerins et les paroissiens ont fait régulièrement depuis 1947. Par les temps compliqués et troubles que nous vivons, cette prière est plus que jamais d’actualité.
C’est aussi le seul lieu où la Vierge s’est engagée personnellement à donner du bonheur dans les familles. Là aussi, les dérives contemporaines contre la famille rendent ce message d’autant plus brûlant. C’est actuellement la motivation principale qui anime la majorité des pèlerins se rendant à Saint Gilles.
La prière pour les pécheurs est aussi à l’honneur, orientée vers leur conversion et portée par la proposition implicite de la Vierge d’offrir nos épreuves en les unissant à celles du Christ sur la croix (le baiser à la croix de son chapelet).
L’amour de Marie pour l’Eglise y est attesté également clairement, ainsi que sa sollicitude pour les prêtres et pour les vocations.

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Qu’est-ce qui vous touche personnellement à L’Île-Bouchard ?

Au-delà de l’importance des messages que nous essayons de faire découvrir et de diffuser, le cadre lui-même est déjà une grâce : simplicité des lieux, restés authentiques, simplicité des paroles allant à l’essentiel, humilité de Jacqueline, l’aînée et la porte-parole des fillettes, paix et recueillement de l’église romane. Grâce aussi de la proximité et de l’intimité avec Marie, par la fréquentation quotidienne de cette « terre sainte » qu’est le sanctuaire lui-même, une petite chapelle de l’église accessible à tous pour quelques instants ou une plus longue étape. Joie de la découverte, pour beaucoup de jeunes familles en particulier, de cette tendresse de Marie offerte à tous ses enfants. Appel au don de notre vie, à la suite de Marie, à travers cette représentation, là aussi unique, de l’Annonciation, le cadre qu’elle a choisi pour se manifester en Touraine. Joie de la communion de tous les fidèles serviteurs, paroissiens et membres de la Communauté, autour de notre « Maman du ciel ». A L’Ile-Bouchard, le ciel s’est fait proche de nous ; et c’est encore vrai, palpable, aujourd’hui. Dans une grande simplicité, le ciel nous appelle, dans le sillage de Marie et de l’ange. Et nous sommes poussés, délicatement mais fermement, à répondre « oui » au Seigneur, dans la confiance et la paix.

J’ajouterai, dans mon cas, un appel inattendu à entrer progressivement dans la profondeur de ces messages et à m’efforcer d’en restituer toute l’originalité et l’actualité à travers deux publications : en 2009, L’Ile-Bouchard : des messages pour aujourd’hui, un panorama de l’ensembles de messages, directs et indirects, livrés par la Vierge en 1947 ; en 2017, pour cette année des « 70 ans » : La voie de la Belle Dame, un ensemble de réflexions creusant les principaux messages mais aussi des aspects singuliers de ce sanctuaire, décidément pas comme les autres, comme l’analyse précise des paroles de Marie, l’histoire mouvementée et unique de la création des statues ; ou encore un essai original de mesure des grâces dispensées par la Vierge.


70 ans après, en quoi ces messages peuvent-ils nous toucher ?

Leur actualité est indéniable depuis quelques années, après toute une longue période où prier pour son pays était passé de mode ; et où il ne semblait pas si urgent et déterminant de prier pour la famille. Sans l’avoir cherché, L’Ile-Bouchard se retrouve en première ligne des principaux combats spirituels et politiques de notre époque. Et nous avons de plus en plus besoin chacun d’une « Maman du ciel » capable de nous écouter, de nous comprendre, et surtout de nous donner de l’espérance dans l’avenir de notre pays et de nos familles. Tout simplement en la priant, en venant jusqu’à elle dans cette petite église, avec nos croix, nos attentes et nos désirs, humblement et en lui faisant pleine confiance. Les nombreux témoignages que nous recueillons sont là pour confirmer l’attention délicate et l’action discrète et efficace de la Vierge, toujours soucieuse du bien de ses enfants.

Que prévoyez-vous pour cette année jubilaire ?

L’année jubilaire va être inaugurée le 25 mars, solennité de l’Annonciation, par Mgr Perrier, ancien évêque de Lourdes. Elle culminera le 15 août avec la solennité de l’Assomption, présidée par le Cardinal Barbarin. Et sera clôturée le 8 décembre par Mgr Aubertin, évêque de Tours.

Le traditionnel pèlerinage de familles, le dimanche 14 mai, présidé par Mgr Brouwet, actuel évêque de Lourdes, revêtira une importance spéciale. De même, la nouvelle initiative du pèlerinage des enfants pour la France le 14 juillet ; et la journée « Oh le beau ange » du dimanche 24 septembre, marquée cette année par un double hommage à l’ange Gabriel de L’Ile-Bouchard et à l’ange de Fatima (pour le centième anniversaire des apparitions portugaises).

EE La voie de la Belle Dame

En parallèle, deux manifestations artistiques originales vont accompagner le jubilé. Une exposition qui va renouveler notre regard sur les statues de Saint Gilles à travers des photos de grande qualité associées à des poésies inspirées des messages (présentée du 25 mars au 8 décembre à l’Accueil Notre-Dame). Avec en complément, une série de récitals y ajoutant une dimension musicale (programmés à Tours, à L’Ile-Bouchard, et à Paris). Et un grand spectacle populaire en nocturne et en plein air illustrant d’une manière particulièrement vivante (théâtre, danse, vidéo, musique et chants) le témoignage sur les événements (les soirs du 12, 13, 14 août dans la propriété de Marigny), préparant ainsi notre rendez-vous liturgique et festif du 15 août.

 

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