Musulmans : comprendre, rencontrer, aimer, ces 3 verbes résument la démarche du Père Fautrad. Expérimenté dans le dialogue avec les musulmans, ce dernier sort un ouvrage pour nourrir une approche intellectuelle et une rencontre réelle de l’Islam. Extrait de la préface de son livre par Mgr Aveline, évêque auxiliaire de Marseille.
Ce livre propose une introduction claire à l’Islam et ses multiples expressions, et une proposition pastorale concrète pour entrer en dialogue avec les personnes musulmanes. par Henry FAUTRAD, prêtre de la communauté de l’Emmanuel et délégué épiscopal aux relations avec les musulmans pour le diocèse du Mans. 224 pages – Parution le 17/10/2018 PRÉFACE DE MGR AVELINE Le stimulant « essai pastoral » que le père Henry Fautrad développe dans ce petit livre est le fruit d’une longue expérience d’un homme de terrain, d’un prêtre ayant appris dans sa chair qu’on ne perd rien à oser la rencontre avec les musulmans. Bien au contraire, il sait d’expérience, depuis sa mission avec Fidesco en Tunisie et plus encore depuis qu’il exerce son ministère dans la cité des Sablons, à la périphérie du Mans, le bonheur qui se cache dans ces amitiés du quotidien, comme une présence discrète et appelante de la part de Dieu. Le jésuite français Michel de Certeau, souvent cité par le pape François, disait qu’« on découvre Dieu dans la rencontre qu’il suscite ». C’est cette expérience bien concrète que l’auteur cherche à faire partager à travers ces pages, afin qu’elle aide les chrétiens à se lever pour aller à la rencontre des musulmans car, dit-il, « à chaque fois qu’une rencontre se vit, Dieu se rend présent. Je l’expérimente tous les jours ». Encore faut-il – et c’est là, à mes yeux, tout l’intérêt de ce livre – que les chrétiens apprennent à vivre « pastoralement » les relations qu’ils peuvent engager avec des musulmans. Comment caractériser cette attitude « pastorale » ? Si je lis bien ce qu’en dit le père Fautrad, il me semble qu’il s’agit d’abord de dépasser les peurs et les inquiétudes que l’islam suscite, non sans raison d’ailleurs, chez nos contemporains, qu’ils soient ou non chrétiens. Dépasser ces peurs ne veut pas dire les ignorer ni les minimiser, mais les prendre au sérieux et les regarder en face dans la foi, en apprenant à se poser – et à poser – les bonnes questions. Il s’agit ensuite d’entrer dans une attitude spirituelle faite non seulement d’une disponibilité à accueillir l’action de l’Esprit Saint dans les vies de ces musulmans que Dieu nous donne pour compagnons de route, mais aussi du désir de rendre témoignage à l’Évangile du Christ à travers nos propres vies, nos paroles et nos actes, au sein même de ces rencontres, fût-ce dans la banalité du quotidien. Un regard pastoral dépasse ainsi les débats stériles entre les partisans de l’annonce et les militants du dialogue, car il ne saurait y avoir de dialogue vrai sans désir de témoigner de ce qui me fait vivre en donnant à l’autre un accès à l’Évangile, et il ne saurait y avoir d’annonce féconde sans accueil de ce que le travail de l’Esprit (qui était déjà là avant moi !) dans la vie de mon interlocuteur, me révèle de Dieu, peut-être encore au-delà de ce que je croyais savoir de Lui. Les quatre parties qui structurent l’ouvrage déploient cette intuition fondamentale en vue de fournir les bases d’un « témoignage chrétien auprès des musulmans ». Être bien enraciné dans sa propre Tradition est l’une des conditions fondamentales et il faut savoir gré à Henry Fautrad de donner accès aux textes traditionnels et magistériels sur lesquels repose l’engagement missionnaire de l’Église catholique dans le dialogue interreligieux. Comme le rappelait Jean-Paul II dans l’encyclique Redemptoris missio : « Le dialogue interreligieux fait partie de la mission évangélisatrice de l’Église » (§ 55). Chercher à mieux connaître l’islam est une autre condition, seconde mais pas secondaire ni facultative. Bien sûr, le regard du pasteur ne saurait se réduire à celui de l’islamologue, mais le pasteur a besoin de connaissances de base sur la religion musulmane, sur sa richesse culturelle, sur sa profondeur spirituelle, sur les crises qu’elle traverse actuellement, sur le regard qu’elle porte sur le christianisme, un regard toujours exigeant, mais souvent faussé et cependant parfois intrigué. Là encore, l’auteur fait profiter son lecteur des connaissances qu’il a lui-même acquises et qu’il s’efforce, depuis de nombreuses années, de mettre à la disposition d’un public toujours plus large. Enfin, la troisième condition est l’apprentissage d’un travail de relecture pastorale de ce qu’il nous est donné de vivre à travers ces rencontres. Il s’agit bien sûr de porter dans la prière chaque rencontre, en amont, pendant et en aval. Il s’agit aussi de chercher les traces du désir de Dieu et même du mystère pascal dans les existences humaines de ceux avec qui nous vivons, quelles que soient leurs religions ou leurs convictions. Il s’agit encore d’apprendre à vivre une « maïeutique de terrain » afin qu’advienne un geste, une parole, une invitation, qui ouvre la voie chez l’autre à la rencontre avec Jésus Christ. Il s’agit enfin de relire en Église ces expériences pastorales, d’évaluer entre chrétiens ce qui est vécu dans ces dialogues, d’en repérer les fécondités spirituelles, mais aussi les impasses ou les échecs, et de toujours revenir à la parole de Dieu et au Magistère de l’Église, qui sont comme une boussole pour guider nos pas sur les chemins de la mission. L’Esprit Saint qui travaille le cœur de toute personne humaine a besoin que ces personnes, à un moment de leur vie dont lui seul connaît « l’heure », puissent rencontrer des témoins du Christ qui puissent leur dire, un peu comme Philippe à Nathanaël, Pierre à Corneille ou Paul aux Athéniens : « Ce qui te travaille, ce que tu cherches plus ou moins confusément, c’est l’Esprit de Jésus Christ ; viens et vois ! » Telle est la belle mission de l’Église : en témoignant de Jésus Christ, l’unique Sauveur du monde, coopérer avec l’Esprit Saint afin que le levain du Royaume fasse germer les semences du Verbe répandues dans toute l’humanité et que le pain de la Vie puisse être un jour partagé au festin des noces de l’Agneau. Les pistes développées dans la quatrième partie de l’ouvrage proposent de façon très concrète quelques moyens pour mettre en œuvre cette orientation pastorale en répondant courageusement aux défis actuels de la société. En tant que président du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux au sein de la Conférence des évêques de France, je tiens à remercier le père Henry Fautrad pour la contribution qu’il apporte ainsi à l’un des défis les plus actuels pour la mission de l’Église. Son ouvrage constitue à mes yeux un outil fort utile en vue de l’instauration d’un débat entre catholiques à propos de nos relations avec les musulmans. D’autres initiatives sont à prendre en ce sens et je ne saurais trop les encourager. Celle-ci a l’avantage d’être bien ancrée dans une expérience spirituelle et pastorale, d’être ouverte à d’autres paroles chrétiennes sur l’islam et d’être soucieuse de la communion ecclésiale. Que son auteur en soit profondément remercié. + Jean-Marc Aveline Pour aller plus loin La Communauté de l’Emmanuel co-organise à Rome un colloque international du 15 au 17 février 2019 avec l’Institut Redemptor Hominis de l’Université pontificale du Latran, pour réfléchir sur notre manière d’évangéliser. Un évènement ouvert à tous, avec des spécialistes de nombreux pays. La question de l’évangélisation de l’Islam y sera abordée. Témoignages, enseignement, partages d’expérience aideront tous ceux qui sont concernés par l’annonce de la foi aux musulmans. Du 15 au 17 février 2019 3 grandes questions :Musulmans – Comprendre Rencontrer Aimer
Éditions de l’Emmanuel
Évêque auxiliaire de Marseille
Président du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux, au sein de la Conférence des évêques de France
Un colloque à Rome ou l’évangélisation de l’Islam sera évoquée
Informations pratiques
A Rome, Villa Aurelia
Comment parler du Christ au musulmans ?
Comment annoncer Dieu dans le monde actuel ?
Comment rendre compte de notre foi ?