Une initiative pour marcher vers l’Année Sainte
Le 1er octobre dernier, fête de la sainte patronne des missions, l’Académie pour le dialogue et l’évangélisation, à Vienne, en Autriche, a organisé un banquet dans la rue avec près de 200 convives. Une première pour lancer l’année 2025 que le pape François a proclamé Année Sainte sous le thème « Pèlerins de l’espérance. »
Avec un objectif : favoriser le dialogue et la rencontre dans un monde polarisé, ouvrir son cœur et se laisser inspirer des initiatives de fraternité et d’hospitalité généreuses. Une expérience inspirante en cette Semaine Missionnaire Mondiale justement axée sur ce verset de l’évangile de St Matthieu : “Allez et invitez tout le monde à la noce” (Mt 22,9).
Otto Neubauer, à l’origine de cette initiative, étonnamment appelée « L’Autriche des tables rondes et carrées », nous raconte.
19 tables, 200 invités, 3 plats et des centaines de conversations entre des personnes aussi différentes qu’un rédacteur en chef de journal, un ouvrier, une célébrité, un étudiant, un entrepreneur, un réfugié ou encore une enseignante. Voilà comment on pourrait résumer cette initiative originale de l’Académie pour le dialogue et l’évangélisation, installée à Vienne, en Autriche, à la Figlhaus. « A une époque de tensions politiques croissantes, de polarisation sociale, nous avons à cœur – explique Otto Neubauer, co-initiateur de ce banquet – de permettre à des personnes de tous horizons d’interagir, de se rencontrer, de dialoguer. « L’Autriche des tables rondes et carrées » est un format de dialogue pour promouvoir l’échange. »
L’intention des organisateurs était de donner un avant-goût de fraternité et d’hospitalité appelé à se déployer en 2025 à l’occasion de l’Année Sainte. « Ste Thérèse que nous fêtions justement en ce premier octobre et qui est la patronne des missions, nous appelle à aimer en premier, sans condition. Ce banquet était pour tout le monde ! » s’enthousiasme Otto.
Tout le monde a une place ! Tout le monde est écouté ! Tout le monde est nécessaire !
Le premier défi pour les invités était de trouver quelqu’un à inviter qui soit « différent » d’eux. Les deux tiers des invités ont réussi à venir accompagnés. Le tiers restant s’est vu attribuer un partenaire pour la soirée. « Il y avait trois grands principes : Tout le monde a une place ! Tout le monde est écouté ! Tout le monde est nécessaire ! »
Les binômes ont été placés à des tables rondes ou rectangulaires de 8 ou 10 personnes, et la composition a été décidée par tirage au sort. « En partageant un repas, il n’y a plus de hiérarchie. Nous avons proposé aux convives, à chaque plat, de partager sur un sujet pour favoriser la connaissance et la rencontre de l’autre. » détaille Otto Neubauer.
Pour l’entrée, il était demandé de présenter son binôme aux autres personnes de la table et vice versa. Les conversations étaient accompagnées par une musique de fond.
Ensuite, pour le plat principal, les organisateurs ont proposé la question suivante : Que faut-il pour surmonter, dépasser les frontières ?
À la fin du plat principal, Mgr Hermann Glettler, évêque d’Innsbrück, a présenté sa vision pour le projet de 2025.
Au dessert, chaque convive pouvait piocher une des 20 citations de Ste Thérèse disposées sur la table et entrer en conversation avec les autres à ce sujet.
Enfin, pour terminer, les invités pouvaient partager ce qu’ils retenaient de cette soirée et quelles étaient leurs intuitions pour poursuivre les échanges.
Plus que des bavardages
« Les gens étaient tous très, très émus par les conversations. Au moment des adieux, tout le monde voulait partager comment s’était passée la discussion et ce qu’ils avaient appris de nouveau » se réjouit Otto, qui ne manque pas d’exemples ni d’anecdotes : « Une enseignante musulmane avait invité une collègue juive au banquet. Jusque-là, elles avaient eu peu de contact, et c’était difficile. Après la soirée, elle était heureuse de la belle et profonde conversation qu’elles avaient eue ensemble. Un ouvrier a discuté pendant le repas avec un rédacteur en chef de journal. Les voisins de l’ouvrier ont vu qu’il avait changé et vécu un vrai changement de cœur. Quant au journaliste, il était si enthousiaste d’avoir tant appris de son interlocuteur ! Un organisateur d’événements totalement laïc, très ému, a partagé sur les réseaux sociaux son expérience de rencontre et de dialogue avec un prêtre catholique pendant le banquet. »
Un modèle pour l'avenir ?
Ce banquet, préparé par des étudiants qui ont cuisiné gratuitement, a été servi par une trentaine de bénévoles et financé en partie par des dons, en partie par l’Académie et la Communauté de l’Emmanuel. Il est la première pierre d’un processus plus long : « Nous espérons que cette expérience inspirera chacun à inviter un voisin, un collègue de travail pour surmonter nos préjugés respectifs et participer à l’émergence d’un nouveau sentiment d’unité » souhaite Otto Neubauer, heureux des fruits de cette première expérience : « Nous avons constaté l’enthousiasme des uns et des autres pour continuer à participer à ce projet. Beaucoup trouvent l’idée d’organiser des milliers de tables à travers l’Autriche en 2025 excitante. »
En effet, l’aventure ne s’arrête pas là, puisque l’intention des organisateurs est de déployer le projet en Autriche en 2025.
En attendant, Otto Neubauer est intarissable : « La joie a été croissante tout au long de la soirée. Elle a été pour nous comme un miracle : il y avait quelque chose d’un avant-goût du Ciel, merveilleusement paisible. »