« Apprendre de l’autre autant qu’il apprend de nous »

17 octobre 2024

Actualités, France, Témoignages

Après les Rencontres Nationales des Aumôniers de Prison, Renaud d’Hautefeuille témoigne

Aumônier auxiliaire de prison dans le Pas de Calais depuis 3 mois, Renaud d’Hautefeuille intervient en prison depuis 4 ans. Il a participé pour la première fois aux Rencontres Nationales des Aumôniers de Prison qui ont eu lieu à Lourdes du 10 au 13 octobre dernier sur le thème : « Rejoints par le Christ, cheminer ensemble au pas de l’autre. » Des Rencontres qui ont rassemblé 600 des 760 aumôniers de prison en France.

Interpellé par la fraternité vécue, « une heureuse surprise », Renaud d’Hautefeuille rentre de ces Rencontres avec le désir de se mettre plus à l’écoute de l’autre pour appendre de lui autant qu’il peut apprendre de nous. Il témoigne.

« Je pensais que c’était un Congrès. Je m’attendais plutôt à vivre des conférences pour nous aider à progresser dans notre mission, comment mieux toucher les personnes, sur notre comportement, nos relations avec l’administration… En fait, j’ai relu l’intitulé de l’événement : il s’agissait de Rencontres qui étaient donc très axées sur la fraternité. Ce qui a été le plus important, selon moi, c’est qu’on nous a constitués en fraternités de 6 à 8 personnes venant des quatre coins de France. Dans mon groupe, l’un venait de Toulouse, l’autre de Périgueux, de Strasbourg, une de Paris ou encore de région parisienne, moi qui venais du Pas de Calais. Nous nous sommes mis à l’écoute les uns des autres.

Ecoute et fraternité

C’est peut-être cela que je vais garder de ces rencontres à Lourdes : l’écoute et la fraternité ! Ce n’est pas ce que j’étais venu chercher a priori. Loin d’être une déception, je l’ai reçu comme une heureuse surprise qui m’a interpellé sur la manière de vivre concrètement cette fraternité, notamment avec notre équipe d’aumôniers. Nous avons compris que ce serait bon de se réunir en équipe régulièrement pour partager sur ce que nous vivons dans notre mission.

Et puis, je me suis senti invité à me mettre plus à l’écoute, notamment des détenus.

Dans la maison d’arrêt où j’interviens, dans le Pas de Calais, nous nous rencontrons, avec les détenus, le dimanche, une à deux fois par mois, pour la messe. Le prêtre qui m’accompagne ne fait pas d’homélie mais nous échangeons et partageons autour de la Parole de Dieu. C’est un peu un temps de catéchèse. Nous les faisons parler aussi. Nous avons à cœur de leur montrer que Dieu est présent à leurs côtés, qu’il est proche d’eux dans ce qu’ils traversent.

Jusque-là, je me suis toujours positionné comme un sachant. Or, l’idée qu’il ne devrait y avoir ni sachant ni apprenant est beaucoup revenue tout au long de ces trois jours. Nous sommes frères en humanité, frères en Christ, et nous avons autant à apprendre de l’autre que l’autre de nous.

J’ai été très touché par le témoignage d’un membre de mon groupe qui disait qu’en échangeant avec des détenus, plusieurs fois, leurs paroles étaient venues répondre à une question qu’il avait. Il y voyait là clairement une réponse du Seigneur.

Ces Rencontres m'ont ouvert des portes

Ce témoignage a fait bouger quelque chose à l’intérieur de moi et m’appelle à me mettre à l’écoute. Même si je n’ai pas l’impression d’en être capable. D’autant plus que c’est plus difficile dans le cadre d’un groupe que d’une rencontre individuelle.

Mais cela m’ouvre au désir de pouvoir rencontrer les détenus en cellule. Ce n’est pas encore possible aujourd’hui pour différentes raisons liées à la Maison d’Arrêt : en tant qu’aumônier auxiliaire, je n’ai pas le droit d’y aller tout seul. Or, vu la surpopulation dans les cellules, c’est presque impossible d’y aller à deux. Ils sont parfois à six par cellules, avec deux détenus qui dorment sur un matelas par terre.

Pour autant, je peux témoigner que ces Rencontres m’ont ouvert des portes : je vois que je pourrais demander à devenir aumônier titulaire et contribuer à proposer de nouvelles activités à partir des expériences entendues ce week-end. »