60 ans après Pacem in Terris, qu’avons-nous fait de nos frères ?

"La paix sur la terre, objet du profond désir de l'humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s'affermir que dans le respect absolu de l'ordre établi par Dieu." Jean XXIII

Coïncidence ou clin d’œil de l’Esprit-Saint, les 60 ans de l’encyclique Pacem in Terris de Jean XXIII tombent ce mardi de Pâques, alors que nous préparons pour l’Ascension le forum Zachée sur La Paix à tout prix.

Des décennies après sa sortie, ce texte prend des accents intemporels. À l’époque, le Pape faisait écho à la crise des missiles de Cuba et marquait une étape de Vatican II. Transposé dans notre monde liquide et désespéré, il résonne désormais comme un message pressant du cœur de Dieu sur la dignité de nos frères et sœurs en humanité, et l’urgence d’en prendre soin.

Qu’avons-nous fait de l’appel à une ‘solidarité efficace’, de nos devoirs de ‘reconnaître et respecter’ les droits d’autrui ? La chute du bloc communiste a pu laisser entrevoir une période de relative prospérité. Mais les multiples crises contemporaines montrent aussi que nous n’étions pas fondés sur le roc. Les guerres notamment en Ukraine, le dérèglement climatique, celle des réfugiés ou encore les injustices sociales (rappelons que 6500 ouvriers sont morts au Qatar pour que nous vibrions devant la coupe du monde de foot)… Tout cela marque les limites d’une paix de ce type. Voilà l’occasion de relire l’encyclique.

Que nous dit donc le regretté pontife dans ce texte aussi limpide que prophétique ? Je retiens deux choses :

  • La première : la paix n’est pas qu’une cessation des conflits armés mais plus globalement un ajustement du monde à l’ordre de Dieu.

Presque tout le document est consacré à cette idée-force, notamment le droit pour l’homme de vivre selon la dignité que Dieu lui a donnée. Face à l’agression, la tentation est forte de nous laisser séduire par la violence ou pire, de se résigner. Au contraire, pour résister au mal, il nous faut restaurer la dignité dont des humains ont été privés. Nous en sommes capables. Et c’est la deuxième idée majeure que je retiens de Pacem in Terris :

  • Tout anonyme que je suis, j’ai prise sur la paix du monde.

Certes, Jean XXIII parle beaucoup d’action politique. Mais la communion invisible nous rappelle que nos actes discrets peuvent avoir une portée lointaine. Et nos choix anodins ont également des effets tangibles. Par exemple, mon travail, mes habitudes de consommation ou mon engagement dans le monde. Alors, si j’accepte que les 70 cm2 que j’occupe sur Terre soient laissés à l’Esprit Saint, je peux moi aussi être artisan de paix. Le Christ nous a d’ailleurs promis que c’était un chemin de joie dans les béatitudes.

Je trouve même très beau que le Seigneur en parle comme un labeur artisanal… minutieux comme la dentelle… Être artisan de paix, voilà un superbe programme que nous nous proposons de vivre lors de ce forum Zachée le 18 mai.

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