« Après 50 ans de vie religieuse, je refais mon noviciat à chaque visite ! » Petite Sœur Véronique

Cet article fait partie du dossier thématique :Charles de Foucauld, frère de tous →

Dieu se révèle à nous à travers les personnes que nous rencontrons. C’est la leçon que Sœur Véronique tire de ses visites dans les EHPAD et auprès des adultes handicapés.

Depuis bientôt 8 ans, je fais des visites à l’établissement d’Alise-Sainte-Reine (21), où résident plus de 200 personnes âgées dans 5 services d’EHPAD. Il y a aussi un foyer pour adultes handicapés.

En réalité je suis visitée autant et plus que je ne visite. Je suis avant tout “accueillie”. Il y a une réciprocité dans chaque rencontre et ce n’est pas moi qui “mène le jeu”. Ainsi, quand j’arrive chez Mme N., je frappe, dis mon nom, entre et j’entends alors : « Je vous attendais. Ce matin j’ai demandé à la Sainte Vierge d’avoir votre visite ; j’étais sûre que vous viendriez. » Une autre personne me dit toujours lorsque je la quitte : « Que le Seigneur vous bénisse ! » Je reçois cette bénédiction presqu’en tremblant, car c’est bien la main de Dieu qui bénit ! Souvent la personne que je visite me dit au bout d’un moment : « Maintenant, allez chez untel, il n’a personne et surtout portez-lui beaucoup de tendresse. » Une visite, ce peut être aussi de m’asseoir dans un couloir à côté d’une dame qui ne parle pas mais chantonne à longueur de journée des chants dans sa langue d’origine. Parfois encore je m’assieds à la table du goûter où je suis “l’invitée”…

Avec ces personnes, je suis à l’école de l’amour, de la foi, de la compassion, de la vie… J’ai beau avoir 50 ans de vie religieuse, je refais là mon noviciat ! Parfois c’est une aide-soignante qui m’envoie chez une personne « trop triste en ce moment », ou qu’elle pressent proche du grand passage… Cette attention des soignants est inestimable. J’appelle en secret certains “un ange”… Jésus à l’agonie a connu cette présence réconfortante. Quand j’approche de l’établissement, je pense à Moïse près du Buisson ardent : « Ôte tes sandales, car tu arrives sur une Terre Sainte. » Oui chacun, chacune est bien le lieu où Dieu se révèle, dans le buisson d’épines qui symbolise la douleur et dans le feu, l’amour qui réchauffe et éclaire : le lieu où Dieu révèle ses secrets.

Je rentre chez moi avec un panier plein de sourires, de regards, de petits mots doux, de silence partagé , de détresse aussi et de fardeaux trop lourds, de drames inimaginables parfois… Je n’ai plus qu’à déposer ce panier dans le Cœur du Seigneur. Il sait, lui, et c’est à lui de jouer ! Je remets toutes ces vies « entre tes mains, avec une infinie confiance, car tu es notre Père. »1 ¨

1. D’après la prière de Charles de Foucauld.

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Le magazine Il est vivant a publié le numéro spécial :

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