Session de rentrée des séminaristes de l’Emmanuel sur le thème “Liturgie et Mission”

Entrer dans la liturgie à travers une pédagogie missionnaire et non pas rendre la liturgie missionnaire

La session de rentrée des séminaristes de la Communauté de l’Emmanuel des zones France, Europe et Asie, s’est tenue à Lyon et Ars du 27 août au 1er septembre dernier, sur le thème « Liturgie et Mission ».  42 séminaristes, venus de 7 pays différents, s’y sont retrouvés autour de sœurs consacrées, couples et prêtres pour un temps fraternel et spirituel.

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Le père Jacques Gomart, Responsable de la formation des prêtres, diacres et séminaristes de la Communauté de l’Emmanuel, donne le ton d’emblée : « L’objectif de cette session n’était pas d’abord académique mais fraternel et spirituel. Nous avons ouvert le sujet « liturgie et mission » sans l’épuiser. Il a été le fil rouge de notre session. »

Ainsi, les séminaristes ont pu visiter l’Eglise Ste Blandine à Lyon Centre pour y découvrir sa pédagogie innovante en termes de liturgie et rencontrer quatre curés* de la Communauté de l’Emmanuel qui ont témoigné comment ils articulaient liturgie et mission dans leur paroisse.

« Nous avons également rencontré Mgr de Germay, archevêque de Lyon, qui nous a donné un enseignement sur la lettre apostolique Desiderio desideravi du Pape François, publiée le 29 juin dernier. Son enseignement clair et vivant n’était pas seulement magistériel mais illustré aussi par son expérience pastorale comme curé puis évêque. » ajoute le Père Jacques.  

Sujet sensible et délicat, la liturgie suscite toujours des émotions diverses et variées. Pour répondre à l’enjeu de communion que révèlent les querelles liturgiques, Jacques Gomart invite à « passer de l’émotion à l’intelligence, sans faire l’impasse sur les émotions car elles révèlent l’importance et la profondeur du sujet. Il faut donc accueillir nos émotions tout en les dépassant. » Et pour cela prendre du recul en prenant conscience que la tradition latine n’est pas la seule tradition de l’Eglise : il y a d’autres rites. « Cela détend de le savoir car le risque c’est d’absolutiser son expérience et son point de vue, alors même que la liturgie est le lieu par excellence où se donnent à voir la polyphonie et la catholicité de l’église. » ajoute le père Jacques.

“Avoir le souci pastoral de servir la liturgie, pour le peuple de Dieu, dans sa mission d’évangélisation.” 

Et de continuer : « Il est donc important d’éveiller les séminaristes à avoir cette ouverture de cœur et le souci pastoral de servir la liturgie pour le peuple de Dieu dans sa mission d’évangélisation. Il ne s’agit pas d’utiliser la liturgie, ce qui pourrait être une tentation, pour attirer et faire venir car la liturgie est un culte rendu à Dieu et non pas un faire-valoir pastoral. »

Photo rentree seminaristes 2022 2Une ligne de crête car c’est souvent la liturgie qui attire ou qui repousse… Pour rappeler aux séminaristes que le prêtre est serviteur de la liturgie et non propriétaire, Mgr de Germay les a fait réfléchir sur le lieu de prédication du prêtre, comme le raconte Jacques Gomart : « L’archevêque nous a sensibilisés au risque pour un prêtre de prêcher devant l’autel avec son micro, plutôt que de rester derrière l’ambon. Symboliquement, lorsqu’on reste derrière l’ambon, celui-ci fait écran, or, justement il y a une médiation ; le prêtre n’est pas propriétaire de la Parole qu’il annonce, il en est le serviteur. Il y a un filtre entre lui et l’assemblée qui est la Parole de Dieu. S’il se met devant l’autel sans ambon, c’est lui qu’il met en avant et non la Parole de Dieu. Le risque pour le prêtre est alors de se mettre au centre, de s’identifier à la Parole qu’il annonce. Il existe un vrai risque de « starisation » du prêtre, qui est mis parfois malgré lui mais aussi avec sa collaboration, sur un piédestal et cela peut engendrer des contre- témoignages manifestes. »  

La “spiritualité de communion” : au cœur du charisme de la Communauté de l’Emmanuel

Le discernement à plusieurs apparait comme un garde-fou puissant. C’est ce qu’expérimentent les prêtres de la communauté de l’Emmanuel dont la spécificité se joue dans une « spiritualité de communion » : « L’expression nous vient de Saint Jean-Paul II. Nous avons conscience, comme prêtres et membres de la Communauté, d’être appelés à vivre notre mission dans la communion des états de vie. Nous avons besoin de frères et de sœurs qui partagent notre mission, pour être prêtre selon le cœur de Dieu, et besoin d’une vie fraternelle avec d’autres prêtres qui partagent cet appel », explique le père Jacques Gomart, avant d’ajouter : « Dans les équipes formatrices des maisons de séminaristes, à Namur comme à Paris, il y a des sœurs consacrées, des couples. Nous ne dispensons pas une formation de prêtres par des prêtres mais par le peuple de Dieu. Cela recoupe d’ailleurs certaines des recommandations de la CIASE. »

La question n’est donc pas de savoir comment rendre la liturgie missionnaire car, en nous donnant Dieu, elle est missionnaire par nature. « Il y a un point d’attention pastoral et fraternel qui consiste à aider ceux qui sont à la messe à y « participer activement ». (Comme la Constitution Sacrosanctum Concilium** nous y invite.) Participer activement ce n’est pas faire des choses, mais entrer dans le mouvement de la liturgie avec tout son être, son cœur, son corps, son esprit, en se tournant vers le Seigneur, en se laissant nourrir par sa Parole, en s’offrant avec Jésus dans le sacrifice eucharistique, tourné vers le Père pour le salut du monde. Il y a donc toute une dynamique interne à la liturgie. La pédagogie missionnaire va consister à aider l’assemblée à entrer dans cette dynamique sans tordre la liturgie pour l’adapter ou la simplifier. »

Les séminaristes ont pu entendre de nombreux témoignages pastoraux intéressants vécus dans plusieurs paroisses confiées à la Communauté : « comme « les dimanches autrement » ou « les dimanches en paroisse » qui sont des étapes préparatoires à la messe pour permettre de découvrir ce qu’est une assemblée de prière, pourquoi se retrouver à plusieurs pour écouter la Parole de Dieu, poser un geste ou encore entendre des témoignages qui montrent que la parole de Dieu touche personnellement…Petit à petit, des gens témoignent qu’ils viennent ou reviennent à la messe car ils sont passés par cette expérience autre que la liturgie dominicale. »

Un sujet en effet loin d’être épuisé pour les 300 prêtres et 80 séminaristes de la Communauté de l’Emmanuel à travers le monde, comme pour chacun de nous.

Les prêtres et séminaristes de l’Emmanuel en chiffres

300 prêtres dans le monde dont 170 en France

80 séminaristes dont 30 en France, 34 en Afrique, 3 en Asie, 3 en Amérique du Nord, 3 en Amérique Latine et 7 en Europe hors France

14 jeunes en année de propédeutique dont 9 à la Maison St Joseph à Namur (Belgique) et 4 à Abidjan

*Père Didier Grain de la paroisse St Jean XXIII à Grenoble / Père Brice Petitjean pour son expérience au Québec / Père Charles Rochas de la paroisse St Nizier à Lyon / Père Bertrand du Rusquec des paroisses Saint-Enogat de la Rance et Notre-Dame d’Emeraude à Dinard – Pleurtuit

**Sacrosanctum Concilium est l’une des quatre constitutions conciliaires promulguées par le concile Vatican II, par le pape Paul VI, le 4 décembre 1963 après avoir été adoptée à la quasi-unanimité.  

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