Padre Pio, le saint au cœur transpercé – Marcher avec les saints

Ce prêtre capucin qui a reçu non seulement les stigmates du Christ, mais aussi le don de lire les consciences, a bien vécu au XXè siècle. Il est un symbole vivant de la puissance de Dieu et de son amour qui a tout donné pour nous.

Ce contenu fait partie des podcast Marcher avec les saints disponibles sur l’application Prier aujourd’hui

Découvrez chaque semaine un ou plusieurs saints. Quels sont les événements majeurs de leurs vies ? Quels ont été leurs grands enseignements ? Que peut-on en tirer pour notre vie aujourd’hui ? Et pour notre monde ? Jean-Luc Moens nous raconte leur histoire dans des podcasts de 5 minutes ! Bonne écoute !

Le 23 septembre, nous fêtons un des plus grands saints du XXème siècle. Un saint qui a fait courir les foules comme le curé d’Ars, un saint stigmatisé comme François d’Assise, un prêtre religieux amoureux de l’eucharistie : saint Padre Pio, capucin de San Giovanni Rotondo, petite ville du sud de l’Italie, au nord de Foggia, au milieu du massif montagneux du Gargano.

Francesco Forgione est né le 25 mai 1887 à Pietrelcina, au sud de l’Italie. Ses parents, Grazio et Maria Giuseppa (dite Peppa) le portent sur les fonts baptismaux le lendemain de sa naissance. Padre Pio, plus tard, dira que c’est la plus grande grâce de sa vie ! Voici encore un saint qui nous rappelle la beauté extraordinaire du sacrement de baptême et dont nous ne sommes pas toujours conscients.

Le petit Francesco a une santé fragile. Très tôt, il est attiré par le Seigneur. Il va prier à l’église matin et soir. Un des directeurs spirituels de Padre Pio affirme que le jeune Francesco a des expériences mystiques dès l’âge de 5 ans. Cela fait partie de sa vie et il croit, dans sa naïveté, que tous les autres enfants reçoivent des grâces similaires. Un autre de ses directeurs raconte qu’il s’est consacré à Dieu à l’âge de 5 ans et que Jésus lui est apparu sur l’autel de l’église de sa paroisse et a posé la main sur sa tête.

Francesco a fait sa première communion à l’âge de 12 ans et la confirmation un an plus tard.

À 16 ans, en 1903, Francesco entre chez les Capucins. Il prend le nom de fra Pio. Pendant sa formation, il va séjourner dans plusieurs couvents du sud de l’Italie. Sa santé fragile l’oblige même à retourner dans sa famille. Si vous allez à Pietrelcina (ce que je vous conseille vivement), vous pourrez visiter sa maison natale et les différents lieux où il se tenait pour prier et étudier.

Il est ordonné prêtre le 10 août 1910 à Benevento. Il devient Padre Pio. Seule mamma Peppa est présente à l’ordination car son père Grazio a émigré en Amérique comme beaucoup d’Italiens de cette époque : c’est un des drames de la pauvreté. Devenu prêtre, toujours pour raison de santé, Padre Pio reste à Pietrelcina où il aide le curé de sa paroisse.

À partir de septembre 1911, padre Pio reçoit les premiers stigmates, d’abord invisibles et non permanents. Ces grâces s’accompagnent de phénomènes mystiques : extases, visions célestes et combats avec le diable.

Tous les matins, à Pietrelcina, Padre Pio se lève tôt. Il va à l’église, prie le bréviaire, célèbre la messe et prend un long temps d’adoration. C’est de cette période que date un bel épisode. Padre Pio est en prière au fond de l’église. Une femme entre avec son petit enfant lourdement handicapé. Elle va devant le banc de communion et prie à haute voix : « Jésus, je t’en supplie, guéris mon enfant. » Elle attend et rien ne se passe. Alors, elle se fâche : « Si tu ne le guéris pas, garde-le ! » Et joignant le geste à la parole, elle jette son enfant dans le chœur de l’église par-dessus le banc de communion. Il retombe guéri ! Padre Pio, caché au fond de l’église, est toujours en prière…

En 1915, padre Pio est mobilisé dans l’armée. Nous sommes en pleine première guerre mondiale. Ses problèmes de santé obligent l’armée à lui donner de nombreux congés. Les médecins militaires ne comprennent rien. Padre Pio, par exemple, a des fièvres tellement fortes que tous les thermomètres explosent ! Finalement, il est démobilisé en 1918. Entre temps, en 1916, pendant un de ses congés de maladie, Padre Pio est arrivé au couvent de San Giovanni Rotondo pour un séjour provisoire qui va devenir définitif. Quand le papier officiel de démobilisation arrive à San Giovanni Rotondo, il est adressé à Francesco Forgione, on n’arrive pas à trouver le destinataire. Qui est ce Francesco Forgione ? Il faut tout un temps pour que quelqu’un dise : « Mais c’est padre Pio ! » Désormais, Francesco Forgione n’est plus : il reste Padre Pio !

Souvent, les frères qui logent à côté de sa cellule entendent des bruits bizarres : c’est le démon qui vient tourmenter padre Pio pendant la nuit. On a beaucoup de témoignages qui confirment ces combats contre le diable.

En 1918 toujours, Padre Pio reçoit de nombreuses grâces :

• En août, la transverbération du cœur comme Thérèse d’Avila,
• et le 20 septembre, les stigmates visibles alors qu’il est en prière devant le crucifix de la chapelle.

Padre Pio décrit lui-même l’événement dans une lettre : « Comment vous décrire ma crucifixion, écrit-il. Je me trouvais au sanctuaire, après avoir célébré la messe, lorsque je fus envahi d’une paix qui ressemblait à un doux sommeil. Tous mes sens entrèrent dans une quiétude indescriptible. Cela se produisit en l’espace d’un éclair. M’apparut, au même moment, un mystérieux personnage ressemblant à celui que j’avais vu le soir du 5 août, à la différence que ses mains et son côté saignaient.  Sa vue me saisit.  Je ne saurais dire ce que je ressentis à cet instant et je serais mort si le Seigneur n’était pas intervenu pour soutenir mon cœur, qui bondissait dans ma poitrine. […] Le personnage disparut et je constatai que mes mains, mes pieds et mon côté saignaient. Vous imaginez le tourment que j’éprouvai ; d’ailleurs, je le ressens encore, presque chaque jour.  La plaie au côté saigne continuellement, mais surtout du jeudi soir au samedi.  Père, je me meurs de peine pour le tourment et la confusion que je ressens en mon âme …  Jésus, si bon, me fera-t-il la grâce de soulager la confusion que j’éprouve pour ces signes extérieurs ?  J’élèverai bien haut la voix, ne cessant de le conjurer de retirer de moi, par son infinie miséricorde, non le tourment, non la souffrance …  mais ces signes extérieurs qui me causent une confusion et une humiliation quasi insupportables. »

Padre Pio décrit bien ici le cœur de son tourment. Il accepte la souffrance sans rechigner. Ce n’est pas ce qui le trouble. Il demande de garder la souffrance mais que ses stigmates deviennent invisibles parce qu’elles attirent l’attention des foules sur lui et, dans son humilité, cela le comble de confusion.

À partir de ce moment, la vie de padre Pio et des frères de son couvent va changer radicalement. Les foules commencent à arriver. On fait la file pour assister à sa messe de 6h du matin. On fait aussi la file pour se confesser chez lui. Des hommes et des femmes demandent au père de s’occuper de leur vie spirituelle : ce sont ses fameux fils et filles spirituels. Le père s’en occupe de près. Il y a plein d’histoires racontées par ces privilégiés. L’un d’entre eux s’entend dire : « Si tu savais ce que tu m’as coûté ! » En effet, padre Pio offre ses souffrances pour ses fils spirituels. Un autre passe devant une église bien loin du couvent de San Giovanni Rotondo sans faire de signe de croix. Et il entend la voix du padre Pio qui l’admoneste : « C’est ainsi que tu es chrétien ? » D’autres sont exaucés dans leurs prières et reçoivent le signe de la présence du père par un parfum de rose. Quand ils retournent à San Giovanni Rotondo, le père les accueille avec un sourire : « Tu as vu ? J’étais là… »

Mais, de même que saint Joseph de Copertino a attiré l’attention de l’inquisition à cause de ses lévitations, de même les stigmates de padre Pio suscite la suspicion de certaines autorités de l’Église. On envoie des enquêteurs, théologiens et médecins. Le fameux franciscain, le père Agostino Gemelli, médecin et psychologue, est ouvertement opposé à padre Pio. C’est un adversaire de taille car il est très apprécié dans les hautes sphères romaines.

La sanction tombe : padre Pio est interdit de ministère le 9 juin 1931. Il peut seulement célébrer la messe en privé dans la chapelle du couvent. Il obéit humblement et passe l’essentiel de ses journées dans la prière. La sanction est levée progressivement en 1933 : d’abord il peut de nouveau célébrer la messe en public, puis confesser les hommes, et enfin les femmes.

Padre Pio a dû faire face toute sa vie à des enquêtes et des enquêteurs souvent peu respectueux. Il ne montre ses stigmates, cachés sous des mitaines, que forcé par la sainte obéissance. Il se méfie toujours. C’est ainsi que lorsqu’il doit être opéré d’hernie, il demande à ne pas être endormi pour être sûr qu’on ne profite pas de l’anesthésie pour sonder ses stigmates sans sa permission.

Padre Pio n’est pas un confesseur d’une grande douceur. Il lui arrive de se fâcher. Il a reçu le don de lire dans les consciences. Si un pénitent oublie volontairement un gros péché, le père se fâche et le chasse du confessionnal. Parfois, il accueille le pénitent en lui disant tous ses péchés, mais en passant exprès sous silence le plus gros. Malheur à celui qui n’avoue pas de lui-même ce péché ! Il est chassé jusqu’à ce qu’il regrette vraiment ses fautes. Il y a beaucoup de conversions dans le confessionnal de padre Pio. Par exemple, des incroyants qui viennent et qui voient leur vie déballée par le saint capucin…

La foule qui vient à San Giovanni Rotondo grossit. Tout le monde veut se confesser, malgré la sévérité du père. Bientôt, padre Pio doit célébrer dehors. Les pères organisent un système d’inscription pour pouvoir se confesser. Des personnes illustrent viennent à San Giovanni Rotondo, comme par exemple Mgr Wojtila, futur Jean-Paul II. Beaucoup de personnes qui arrivent sceptiques partent convaincues.

Padre Pio fonde deux œuvres importantes : les groupes de prière qui se répandent dans le monde entier et qui existent encore de nos jours, et la Casa Sollievo della sofferenza, La Maison du Soulagement de la Souffrance, un hôpital qu’il veut ultra-moderne pour soigner les malades – sachant que cette région du sud de l’Italie est assez déshéritée et qu’un tel hôpital remplit un vrai vide sanitaire. L’hôpital est inauguré en 1956.

Mais les ennuis de padre Pio ne sont pas finis. Il est accusé injustement de malversation financière. Les capucins reçoivent en effet beaucoup d’argent que les pèlerins donnent pour les œuvres de padre Pio, et en particulier la Casa Sollievo della sofferenza. Il faut voir l’ampleur de cet hôpital pour imaginer les sommes importantes qu’il a englouties dans sa construction. Mais les pères capucins construisent aussi une nouvelle église plus grande à côté de l’ancienne chapelle du couvent. C’est l’église sainte Marie des Grâces. Padre Pio souffre de toutes ces accusations, mais il en sort innocenté.

Peu à peu, la santé de padre Pio se dégrade. Il marche de plus en plus difficilement. En novembre 1965, il reçoit l’autorisation de célébrer la messe assis.

Il meurt dans sa cellule le 23 septembre 1968 à 2h05 du matin entouré de ses confrères. Il est béatifié le 2 mai 1999 et canonisé le 16 juin 2002 par le pape Jean-Paul II.

Aujourd’hui, San Giovanni Rotondo est un lieu de pèlerinage mondial. Le petit bourg était un trou perdu lorsque padre Pio y est arrivé en 1916. C’est maintenant une ville de presque 28.000 habitants, une des plus riches des Pouilles. Derrière le couvent, une immense et magnifique église a été construite à dédiée à saint Pio de Pietrelcina. Elle a été décorée par le père jésuite Marco Ivan Rupnik, célèbre pour ses mosaïques. Pour ceux qui le peuvent, je suggère vraiment de vous rendre en pèlerinage à San Giovanni Rotondo. Vous ne le regretterez pas !

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