La joie d’être prof ?

Céline en témoigne et la partage : servez-vous !

Enseignante de SVT depuis 10 ans, Céline Dusautois exerce son métier comme une vocation, dans toutes les fibres de son être et avec une grande liberté. Par amour de la transmission et par amour des élèves.

Pas de découragement ni de lassitude mais un enthousiasme renouvelé chaque matin, qui déborde et qui rayonne.

Un témoignage qui décoiffe et qui fait du bien ! 

« Je voulais faire un métier directement utile » explique Céline Dusautois, professeur de SVT. D’abord enseignante dans un lycée public, elle travaille aujourd’hui dans un collège privé sous-contrat à Paris. Après avoir hésité avec la médecine, elle choisit l’enseignement « parce qu’elle aime transmettre et être en contact avec des jeunes » et la SVT « pour la dimension d’émerveillement face à la beauté du monde. » Et là-dessus, on la sent intarissable : « C’est une matière à la fois scientifique et qui donne accès à la langue car on apprend à mettre en mots, à décrire le réel, à formuler ses idées, à argumenter… »

Un large sourire aux lèvres, la jeune femme qui enseigne maintenant depuis 10 ans, est aussi enthousiaste qu’au premier jour : « C’est vrai que c’est un métier exigeant car tout est à refaire chaque matin, mais il est infiniment riche. On n’en a jamais fait le tour, il y a toujours mille choses qu’on n’a pas essayé avec les élèves et donc rien n’est jamais perdu. » Chez Céline, l’émerveillement va jusqu’aux erreurs et aux bêtises des élèves : « Je me réjouis de voir à quel point ils peuvent être créatifs. Ils font des erreurs auxquelles on n’aurait jamais pensé.  C’est souvent tellement drôle ! » A ce stade, je me dis qu’avec une telle prof, j’aurais pu aimer la SVT.

J’insiste un peu : Pas de désillusion, vraiment ? « Parfois, la désillusion vient des réformes institutionnelles qui ajoutent une certaine lourdeur. C’est vrai. Mais, le problème ce n’est pas le système. » Elle précise : « Le système crée des conditions plus ou moins favorables mais il ne pourra jamais aimer un élève. Ce sera toujours à moi de choisir avec quelles lunettes je regarde mes élèves et sur quelle partie du programme j’insiste. » Être un prof heureux c’est donc choisir d’être un acteur et non pas une victime ? « Ce qui m’aide c’est d’apprendre à regarder et à chercher chaque jour une pépite, une bonne action, une facétie, un petit sourire… et de chercher comment l’Esprit-Saint agit à travers moi, à travers mes élèves et surtout comment il émerge dans le collectif. »

« Nous sommes profs ensemble ! »

Si je pensais que le métier de prof était un métier solitaire, Céline va me prouver le contraire : « Nous sommes profs ensemble, nos regards différents sur les élèves nous enrichissent mutuellement. Il n’y en a jamais un qui a tout compris, nous trouvons les clés ensemble. » Encore une fois, vivre le métier ainsi, est une question de choix : « A nous de faire de la salle des profs un lieu de relecture de nos pratiques, un lieu où on parle de nos élèves, de nos joies, de nos réussites mais aussi de nos difficultés. » Même si parler de nos échecs peut susciter de la honte et de la peur d’être jugé par ses pairs ? « Il y a un enjeu à comprendre que l’autre va peut-être pouvoir me compléter là où j’ai échoué. Oui, ça demande un peu d’humilité… »

« C’est leur rendre justice que de croire qu’ils sont faits pour le ciel. »

Et ça met dans la joie, semble-t-il… « La joie nous est donnée. Les élèves sont vraiment talentueux, ils font vraiment des progrès et je crois que c’est leur rendre justice que de croire qu’ils sont faits pour le ciel, que Dieu a mis en eux le désir du ciel. Ne pas le voir reviendrait à étouffer ce désir en eux. » Je suis touchée par cet argument et je repense aux quelques profs qui ont su voir, chez moi, plus loin que mes copies médiocres.

Mais, tous ne croient pas au ciel… « Il y a beaucoup d’humanisme en salle des profs. J’ai des collègues extraordinaires qui ne sont pas croyants mais qui ont foi en leurs élèves. » Bien sûr… Pourtant l’école est en crise, beaucoup d’enseignants sont découragés et ont perdu foi en leur métier, bon nombre de parents n’y croient plus non plus…

Pas de quoi décourager Céline pour autant : « C’est vrai qu’un certain nombre d’injonctions viennent parfois étouffer notre désir, étouffer notre créativité, étouffer le sens de notre métier, bref, étouffer les possibles. Mais, je crois qu’il y a du bon bois en salle des profs. Une étincelle peut suffire à rallumer la flamme. »

Et Céline d’insister sur les bienfaits du collectif : « La joie est donnée à l’un pour plusieurs. Si on se raconte nos meilleurs moments avec les élèves, les pépites, les fous-rires, les instants suspendus, non pas pour se lancer des fleurs, mais pour que la joie se partage, alors la joie rayonne. Je crois que c’est le rôle des enseignants croyants d’insuffler cela auprès de leurs collègues. »

Un « Mur des Mercis » !

L’année dernière, Céline et quelques collègues ont voulu mettre de la gratitude dans leurs pratiques. Ils ont essayé dans leur classe de créer un « Mur des Mercis. » Chaque élève, à tour de rôle, a partagé un merci ou une fierté. « C’était extraordinaire, ils avaient tous des choses à dire ! » Certains se sont même enflammés en imaginant repeindre le mur de leur classe et coller des post-it « merci » de toutes les couleurs.

« Ce qui nous a touchés, avec mes collègues, c’est de voir, qu’au-delà des lourdeurs administratives, la gratitude, en action, est descendue jusque dans le cœur des enfants. Ils ont dit merci d’être dans la même classe que leur meilleur ami, merci parce que tel prof a ri avec nous, merci d’avoir pris des nouvelles de notre match de foot, merci du mot positif sur ma copie ou mon carnet de liaison… Ils sont hyper reconnaissants qu’on prenne du temps pour les aimer, leur dire qu’on est fier d’eux, nous intéresser à eux… »

« Savourer la joie… »

J’ose alors demander à Céline ce qu’elle dirait à un prof dont le feu s’est émoussé durablement : « Je lui dirais de revenir à son amour de jeunesse : une passion pour une discipline, un goût pour la transmission, un amour des jeunes… et de se libérer des injonctions, des programmes, du carcan du système. De lâcher du lest sur les contraintes pour retrouver, cachée au fond de soi, la joie du métier et la savourer. »

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Du 8 au 10 mai 2026 

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