Dilexi te : la foi est indissociable de l’amour des pauvres

Quelques pistes pour se mettre en route

Dimanche 16 novembre, à l’appel de l’Eglise, nous célèbrerons la neuvième Journée Mondiale des Pauvres. L’occasion de prendre le temps de découvrir la belle exhortation apostolique du pape Léon XIV, Dilexi te, un texte commencé par le pape François.

Johan Glaisner, directeur adjoint de l’IRCOM et responsable de la Mission Zachée, nous accompagne dans notre découverte de ce premier grand texte du pape Léon XIV, publié le 04 octobre dernier. Il nous donne également quelques pistes pour nous l’approprier et le mettre en œuvre.

« Dilexi te fait suite à la précédente exhortation de François, Dilexit nos. Il faut les comprendre comme les deux piliers sur lesquels s’appuie notre foi : l’adoration du Cœur de Jésus et l’amour des pauvres. » explique Johan Glaisner, directeur adjoint de l’IRCOM et responsable de la Mission Zachée, avant d’ajouter : « C’est une exhortation apostolique qui ne donne rien de nouveau sur le plan doctrinal mais qui a pour vocation de nous bousculer un peu en nous rappelant nos obligations en tant que chrétien : on ne peut pas bien servir les pauvres si on ne prie pas et on ne peut pas bien prier si on ne sert pas les pauvres. »

Les pauvres étant définis par les papes comme celles et ceux qui sont dépendants, que ce soit sur le plan matériel, social, moral, spirituel, culturel ou juridique, ou en lien avec une fragilité physique ou psychique : « Il s’agit d’une dépendance non choisie, d’une dépendance subie. »

La démarche spirituelle à laquelle nous sommes invités comporte ainsi un double mouvement : « Vers le Cœur du Christ, par l’adoration. Vers les pauvres, où le Christ se rend présent. »

En effet, « la charité n’est pas une voie facultative, mais le critère du vrai culte. » (DT n°42)

Pour Johan, « c’est un rappel évangélique fort que l’exercice de la charité n’est pas une option car le pauvre n’est pas un objet de la charité mais un lieu de révélation du Christ » comme le proclame l’évangéliste Matthieu : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! (…) Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 35-36, 40)

Le Christ se révèle à travers la personne pauvre, ainsi l’exercice de la charité n’est pas un geste technique, mais une manière de rencontrer et de connaitre le Christ. Autant que dans l’eucharistie. Johan Glaisner se souvient : « Dilexit nos nous a rappelé la présence du Christ dans le Sacré-cœur et dans l’adoration, Dilexi te nous enseigne qu’il y a plusieurs manières de rencontrer le Christ que l’on ne peut dissocier l’une de l’autre. »  

Et Johan de nous interpeller : « Avons-nous vraiment conscience que nous rencontrons le Christ à travers le pauvre ? Acceptons-nous de recevoir des pauvres, de nous laisser évangéliser par eux pour briser la logique de domination inhérente au fait que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit ? »

Ma relation aux pauvres

Ici, nous pouvons nous arrêter un instant et nous interroger sur notre relation aux pauvres : 

Quels sont les pauvres que je connais ?

Leurs noms

Le(s) type(s) de pauvreté qui les touche(nt)

Ce que j’accepte de partager avec eux

Ce que j’ai du mal à partager avec eux

Ce que j’accepte de recevoir d’eux

Les pauvretés qui me touchent / celles qui me font peur :

Quelles sont les pauvretés qui me touchent ?

Quelles sont les pauvretés qui me font peur ?

Quelles pauvretés cela révèle-t-il en moi ?

Est-ce que j’accueille facilement les pauvres sans les juger ? Dans quels cas est-ce plus difficile ?

« Les pauvres ne sont pas un problème à résoudre, mais des frères et sœurs à accueillir » (DT, n°56)

Et en Eglise, dans ma paroisse, mon diocèse, mon mouvement ou ma communauté :

Accueillons-nous souvent des pauvres dans nos activités ecclésiales, paroissiales, diocésaines…  ?

Associons-nous des pauvres au discernement de nos missions ?

Avons-nous des missions spécifiques en Eglise à destination des pauvres ?  

Quels ont été les fruits pour les fidèles de ma paroisse, mon diocèse… de toutes ces initiatives ?

Vivre la sobriété et le partage

Enfin, Dilexi te nous invite à une cohérence de vie : « Je ne peux pas m’approcher des pauvres si je n’accepte pas moi-même de me simplifier, de consentir à la dépossession : cela inclut de choisir une vie sobre, de vivre le partage et de s’engager contre les structures injustes. »

Claire d’Assise « exprimait sa confiance totale en Dieu et sa conscience que la pauvreté volontaire est une forme de liberté et de prophétie » (DT, n°65)

Comment vivre la sobriété ?

Pour moi, la sobriété signifie :

A quoi ai-je volontairement renoncé ces dernières années pour vivre la sobriété ?

Est-ce que nous nous encourageons entre frères et sœurs chrétiens à vivre davantage la sobriété ?

Qu’est-ce que tout cela a produit comme fruits ? S’il n’y pas de fruit, que faudrait-il changer pour en récolter ?

Suis-je capable d’entretenir des relations sans calcul ni intérêt dans tous les domaines de ma vie ?

« L’aumône reste […] un moment nécessaire de contact, de rencontre et d’identification à la condition d’autrui […], elle invite à s’arrêter et à regarder la personne pauvre en face, à la toucher et à partager avec elle quelque chose de soi-même ». (DT, n°115-116)

Vivre le partage

Qu’est-ce que je donne facilement ?

Qu’est-ce que je donne moins facilement ?

Comment vivons-nous concrètement la charité dans notre paroisse, diocèse, communauté, mouvement… ?

Et avec les personnes extérieures à notre cercle ?

Est-ce qu’il y a des initiatives de charité qui m’interpellent ? me donnent envie ?

Ainsi, l’on comprend que Dilexi te nous invite à vivre une bascule essentielle : « passer du faire pour les pauvres à faire avec eux. On respecte encore plus la dignité des pauvres quand on fait avec eux, même si parfois il est nécessaire de passer par l’étape où l’on fait pour. »

Se préoccuper des pauvres demande soit de les intégrer réellement dans les activités missionnaires existantes, soit de lâcher des activités pour en créer des nouvelles.

Comment allons-nous faire pour accueillir des pauvres dans nos missions existantes ?

Qu’est-ce que nous allons arrêter et quelle mission je propose de lancer qui permettra à ma paroisse, mon diocèse, ma communauté, mon mouvement… d’incarner son souci de compassion avec les plus pauvres ?

Seigneur, montre-nous les pauvres auprès de qui tu veux nous envoyer.

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