« Nous avons découvert le visage d’un Dieu proche qui nous offre un écrin pour notre humanité »
A l’occasion des 10 ans de l’encyclique du pape François, Laudato Si’, nous vous proposons de découvrir le témoignage d’Anne et Yvon. De la louange pour la Création à des choix de vie radicaux, ils découvrent le visage d’un Dieu proche qui les invite à retrouver l’harmonie originelle avec la Création. Récit.

« Ce qui domine depuis notre conversion écologique, c’est la joie ! Nos yeux se sont décillés à travers la contemplation de la nature et une attention renouvelée à la Création » témoigne Yvon. C’est en 2016, à l’occasion d’un Forum Zachée à Paray-le-Monial consacré à l’encyclique du pape François Laudato Si’, parue l’année précédente, qu’Yvon et Anne découvrent ce texte puissant et cette invitation à se convertir. « Une conférence d’un scientifique et des discussions intenses tout au long du Forum nous ont complètement bousculés. On a tout de suite compris que vivre l’écologie intégrale demandait une conversion et la conscience que cette conversion était à vivre ensemble. »
De retour chez eux, ils se mettent en route tant sur le plan matériel que spirituel : « Nous avons commencé à louer le Seigneur pour la beauté de la Création, la nature merveilleuse qu’Il nous donne de contempler. La prière du bénédicité, au début du repas, est devenue une prière de louange à travers laquelle nous remercions le Seigneur pour la Création, les fruits de la Terre, de la mer et le travail des hommes. Nous remercions les paysans grâce à qui nous avons de quoi manger. » Cette louange renouvelée a tourné leur regard et leur cœur vers les producteurs et les agriculteurs dont ils prennent la mesure de la détresse. « Nous avons commencé à nous questionner en ces termes : sommes-nous prêts à payer un peu plus cher ce que nous mangeons pour éviter le suicide d’un paysan ? » La réponse à cette question brutale les a conduits à des choix de vie radicaux. « Quand on prie, on ne peut pas ne pas agir » s’enflamme Yvon. « Nous sommes attentifs à la traçabilité de ce que nous achetons, c’est-à-dire que nous regardons d’où ça vient, par qui ça a été fabriqué, dans quelles conditions. Concrètement, nous avons dit non au plastique et aux produits de basse qualité importés de Chine ou d’Asie du Sud-Est, et nous disons oui aux produits locaux ou régionaux, responsables et de saison. »
Passé l’enthousiasme des débuts, Anne et Yvon sont parfois gagnés par une forme de lassitude ou de tristesse « quand [ils voient] les divisions des chrétiens autour de l’écologie. » Le remède ? « La prière, sans aucun doute. Une conversion écologique qui ne serait pas spirituelle risque fort de s’essouffler. » Yvon souligne aussi l’importance de ne pas juger ni condamner : « Ste Bernadette avait cette phrase lumineuse – « je ne suis pas chargée de vous convaincre, je suis juste chargée de vous le dire. » – que je reçois comme une invitation à la délicatesse et à l’écoute des doutes que certains peuvent exprimer. » Une attitude qui ouvre « avec persévérance, au partage, au dialogue et à l’annonce. En étant simple, factuel. »
Yvon revient régulièrement à l’évangile de la tempête apaisée (Mc 4, 35-41) : « Nous voyons les apôtres, dans leur barque (notre planète) en proie au catastrophisme (fin du monde annoncée). Puis Jésus, serein au milieu des disciples et manifestation de la puissance souveraine du Créateur, ordonne la juste place des éléments calmés : nous sommes ardemment invités, dans notre époque bouleversée, à retrouver cette même harmonie où chacun est à sa place, notre humanité dans ses activités en symbiose avec les éléments, dans une « relation de réciprocité responsable » (LS 67) et avec Jésus vivant au milieu de nous. »
Dans cet évangile, Yvon retient deux enseignements : « le grand calme pour déployer la contemplation de la merveilleuse harmonie de la Création qui ouvre à la louange » et « la question que se posent les apôtres : Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » qui évite à l’être humain d’être un danger pour lui-même et permet de rendre à Dieu sa juste place de maitre bienveillant de la Maison Commune. »
A travers leur conversion écologique et la contemplation de la Création, véritable Parole Vivante, Anne et Yvon ont découvert « le visage d’un Dieu proche qui nous offre un écrin pour notre humanité » et acquis une conviction : « Par la contemplation de la nature, notre capacité d’émerveillement peut jaillir de nouveau et ouvrir notre cœur à une gratitude profonde. Le reste, c’est-à-dire prendre soin de la Création, suivra. Avec Jésus, qui donne l’ordre à la tempête de se taire. »