Ludovic et Anne-Claire : “Dieu rend capables ceux qu’il appelle”

Ludovic et Anne-Claire ont accepté il y a 3 ans la responsabilité de l'ESM à Paray.

Comment avez-vous reçu cet appel à la mission ?

Anne-Claire : Nous habitions en Belgique, mariés depuis 11 ans nous avions 4 enfants. Ludo travaillait comme indépendant dans la gestion de projets informatiques et moi j’étais à la maison. Nous étions propriétaires d’une maison avec jardin dans laquelle nous avions fait pas mal de travaux et notre vie quotidienne était bien installée.
Engagés dans la Communauté de l’Emmanuel depuis 4 ans nous étions responsables de secteur à Namur et nous avions vraiment le souci de la mission.
Depuis quelques temps Ludo avait dans le cœur de partir, de quitter notre confort, mais je ne me sentais pas prête.

Ludovic : Je sentais une invitation à quitter, à abandonner ce que nous avions pour répondre à l’appel du Seigneur. Je trouvais qu’on se mondanisait, qu’on prenait des habitudes qui nous faisaient ronronner et je pensais plutôt à un appel à vivre à l’étranger, pour découvrir et nous confronter à d’autres cultures, d’autres réalités.

Anne-Claire : Fin août, nous avons été contactés par l’ESM Paray qui préparait une mission à Namur pour le mois de novembre suivant et nous demandait notre aval, comme responsables du secteur. Un peu pris de courts nous avons accueilli cette mission en la remettant au Seigneur.

En préparant cette mission quelque chose avait mûri en moi. J’avais réalisé que partir en mission c’était surtout et simplement me rendre disponible à ce que le Seigneur voulait pour nous.
Pendant la mission, nous avons accueilli chez nous les responsables de l’ESM Paray de l’époque, Jean-Paul et Marie-Laure Merle, chaque soir nous discutions ensemble après la veillée et nous leur avions partagé notre ouverture de cœur et notre désir de quitter notre train-train.

Ludovic : Pour nous provoquer, les Merle avaient évoqué la mission de responsables de l’ESM qu’ils quittaient à la fin de l’année, mais pour nous c’était évident que non. La France, ça n’était pas vraiment le pays étranger que nous imaginions.

Anne-Claire : En tout cas, à la fin de la mission de l’ESM Paray à Namur notre appel à partir était vraiment clair, j’en avais même parlé à quelques amis. Mais on ne savait pas où, quoi, quand… On ne savait rien !

Ludovic : En parallèle, nous avons été invités à une retraite de Fraternité et nous nous y sommes vraiment sentis appelés.

Anne-Claire : Pendant cette retraite, nous avons eu un temps de prière des frères et j’ai reçu le passage de l’évangile de Saint Jean dans lequel Jésus envoie Pierre comme pasteur (Jean 21, 15-19). Nous en avons parlé avec Ludovic et nous nous sommes dits « On sent que le Seigneur va nous appeler à quelque chose mais on ne sait pas encore à quoi ». Donc on a fait confiance, on a fait un acte d’abandon.

1 mois après nos responsables pays puis Emmanuel et Juliette de Sauveboeuf, alors responsables des Jeunes pour la France, nous ont contactés pour nous proposer la mission de responsables de l’ESM Paray.

Comment avez-vous accueilli cette mission et qu’est-ce qui vous a poussé à dire oui ?

Ludovic : Pour moi c’était plutôt non au premier abord. Je ne m’attendais pas à une grosse machine comme l’ESM et la responsabilité pastorale des jeunes, l’enjeu du discernement, m’effrayait. Bref… ce n’était pas ce que j’avais imaginé ! Il y avait la dimension évangélisation aussi ! Etions-nous assez évangélisateurs ? Nous connaissions des anciens responsables d’ESM et nous demandions si nous étions à la hauteur.

Anne-Claire de son côté était partante… et c’était un appel que nous avions reçu en couple et auquel nous voulions répondre en couple. Nous nous sommes donnés 15 jours pour discerner.

Anne-Claire : et pendant 15 jours nous n’avons pas cessé de recevoir des appels à l’abandon, à la confiance et ça a continué même après notre oui.

Ludovic : J’ai été profondément marqué par cette phrase « Dieu n’appelle pas des gens capables, il rend capables ceux qu’il a appelé » et je la redis souvent aux jeunes que nous accompagnons ! C’est avec nos faiblesses que nous sommes appelés à porter du fruit.
Si on avait regardé simplement nos CV je ne pense pas que nous aurions été pris !

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Comment a démarré votre mission ? En quoi consiste-t-elle ?

Ludovic : Très vite, après notre oui, tout s’est mis en place facilement. Nous avons trouvé une maison dès la première visite, un camion pour déménager à un tarif abordable, j’ai pu liquider mon entreprise très simplement…

Anne-Claire : Nous avons fait quelques passages à Paray pour être formé à la mission et recevoir de nos prédécesseurs tout leur bagage sur la mission. Nous avons reçu en entretien les jeunes avec l’équipe précédente et beaucoup échangé avec eux pour mieux comprendre les critères de discernement.

Ludovic : Nous devons d’abord prendre soin des jeunes qui nous sont confiés : construire le planning, différent chaque semaine selon les disponibilités des profs, les missions. Organiser les missions, les venues de groupes, les pèlerinages. Avec un accompagnement pastoral des jeunes, des points réguliers avec eux et pour échanger avec l’équipe sur chacun d’eux, ce qui prend beaucoup de temps. Nous vivons chaque temps fort avec eux. Nous devons en parallèle construire l’année suivante ce qui implique la promotion de l’ESM auprès de jeunes, le recrutement et déjà le lancement de missions. Il y a aussi l’entretien des bâtiments, du jardin et évidemment toute une partie administrative.

Anne-Claire : Nous avons vraiment pris la mission en couple et nous sommes répartis certaines tâches. Les journées commencent par la louange et l’adoration avec les jeunes et l’équipe. Nous nous arrangeons pour y être alternativement pendant que l’autre lève les enfants et les conduit à l’école. Même chose pour les déjeuners, sauf le jeudi où nous profitons de la cantine pour déjeuner avec l’équipe d’animation et avoir un vrai temps fraternel. Le soir nous essayons d’être à la messe de 18h à tour de rôle. Une soirée par semaine nous essayons d’être présents en alternance à l’ESM, simplement pour être avec les jeunes, accueillir ceux qui auraient besoin de parler.

Ludovic : Dans l’équipe il y a un couple, une sœur consacrée, un prêtre, et cette communion des états de vie est vraiment importante pour nous. C’est, pour les jeunes, un vrai témoignage de la mission au sein la Communauté de l’Emmanuel.

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Quels sont les fruits de cette mission ? Vos combats ? Vos joies ?

Anne-Claire : On a découvert que ce n’était pas si facile de travailler avec des frères et sœurs de Communauté ! On a beau avoir le même appel, le même chemin de sainteté, ce n’est pas toujours évident et on a besoin de se demander pardon régulièrement. L’unité de l’équipe est hyper importante.

Ludovic : Dès que l’appel vient du Seigneur, les choses se mettent en place de façon extraordinaire et très facilement. Nous l’avons vécu à plusieurs reprises

Anne-Claire : Et surtout ce n’était pas toujours comme on l’avait prévu ! Et nous étions parfois contrariés.

Ludovic : C’est vraiment quelque chose que j’ai reçu de ces 3 ans : une invitation à se laisser surprendre, à ne pas avoir peur de se laisser bousculer… et même à s’attendre à être bousculé et surpris !

Anne-Claire : Cela nous a appris à ne pas nous fixer sur ce que l’on avait prévu et à nous ré-abandonner à chaque fois. Hyper concrètement j’avais prévu le premier mois de la mission de prendre mes repères pour organiser mon rythme entre les enfants et l’ESM. J’ai vite compris que c’était impossible et au départ j’en étais assez contrariée. Puis j’ai choisi d’accueillir la flexibilité qui m’était demandée et accepté qu’il me faudrait me réadapter chaque semaine.

Ludovic : On avait une certaine crainte de l’évangélisation. Aucun de nous n’avait fait l’ESM et on pouvait le voir un peu comme un apprentissage de techniques. Mais l’ESM ce n’est pas ça du tout ! Car un jeune qui évangélise mais qui ne vit pas sa Foi, c’est un contre-témoignage. L’ESM c’est vraiment permettre à des jeunes d’être vraiment chrétiens. Et d’annoncer le Christ au travers de tout ce que je fais, ce que je vis, de tout ce que je suis. Bien sûr il y a des occasions d’évangéliser à créer, mais la vraie question c’est est-ce que le jeune a le Christ au cœur ? Est-ce qu’il a le désir de se rapprocher de Lui et que d’autres vivent cette rencontre.

Anne-Claire : Le chemin que les jeunes font pendant les 9 mois, dont nous sommes les témoins et qu’eux ne perçoivent pas encore, pour moi c’est vraiment une joie immense.

Ludovic : Ma grande joie c’est de voir la fraternité qui se crée entre les jeunes, au sein des promos. C’est quelque chose, qui les dépasse et qui grandit pendant ces 9 mois entre eux.

Et maintenant ?

Anne-Claire : La perspective a un peu changé ! Nous voulons vraiment avoir un travail dans lequel nous donner entièrement.

Ludovic : En tant qu’informaticien, je n’ai pas tellement de crainte pour mon travail… par contre, je veux vraiment être à l’écoute de ce que le Seigneur veut pour nous. Nous avons accompagné des jeunes qui ont formé leur cœur à se rendre disponibles à l’appel du Seigneur… et au fond, durant ces 3 années d’ESM, nous aurons nous aussi vécu ce à quoi ils étaient appelés.

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