Etats-Unis, le défi de la communion !

Rencontre avec Laurent et Marie-Noëlle Albisetti, délégués du modérateur pour l’Amérique du Nord.

Cette année dernière aux Etats-Unis a été marquée comme dans le monde entier par la crise sanitaire. Cela s’est doublé d’une crise politique autour des élections présidentielles qui ont vu se manifester de grandes tensions. Comment les membres de la Communauté de l’Emmanuel ont-ils vécu tout cela ?

Toute la société est marquée par de fortes divisions et par une polarisation croissante. Les réseaux sociaux, dans leur fonctionnement même, accentuent et accélèrent cette polarisation. Le reportage Derrière nos écrans de fumée (The Social Dilemma) diffusé récemment sur Netflix montre d’ailleurs très bien ce phénomène. Cette polarisation touche aussi les catholiques et divise l’Eglise Catholique aux Etats-Unis : pour ou contre les mesures sanitaires, pour ou contre le président, pour ou contre le pape François. La communauté de l’Emmanuel est traversée par toutes ces tensions.

 

Y a-t-il des risques particuliers liés à ces situations ? Quels sont les défis pour la Communauté ?

Le risque est clairement celui de la division. Les opinions différentes deviennent des options divergentes qui éloignent, créent la méfiance et la fermeture de chaque côté. Le danger est vraiment là. C’est frappant de voir dans l’Evangile comment les pharisiens en viennent à tendre des pièges à Jésus et guettent la moindre petite phrase qu’il va dire. Ils se sont fermés sur leur questions et ne sont plus capables d’entendre la Parole de Dieu ni de répondre à des questions simples et évidentes. Ce phénomène nous menace tous. Comment continuer à avancer ensemble alors qu’on n’est pas dans le même camp ? La solution, c’est de soigner nos relations et de grandir dans la communion.

Cette année, j’ai réalisé de manière plus forte pendant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens que l’unité est fragile. Je me suis aperçu que c’est un enjeu tout à fait majeur. Nous devons être des ferments de communion. Le manque d’unité est un scandale monumental. Ce risque existe parmi nous. La communion n’est pas juste la communion des états de vie, c’est beaucoup plus large : c’est la communion entre les générations, entre les classes sociales, entre les différentes opinions, les différentes croyances religieuses. Cette communion et cette fraternité, c’est notre appel prophétique. La communion permet de rapprocher les différents pôles sans les polariser.

Je pense aussi à cette phrase de la lettre aux Hébreux : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang. » (He 12, 4). Je pense souvent à nos frères rwandais. Pour moi le Rwanda est comme un modèle : il y a tant de divisions entre ethnies mais, dans la Communauté, on choisit de vivre ensemble. Dans la Communauté, des ennemis deviennent des frères. C’est un modèle et un devoir pour nous : la communion.

 

L’ESM de New York n’a pas pu démarrer comme prévu à cause de la Covid. Quelle est la suite ?

On a dû fermer en avril 2020 peu après le confinement, et finir l’année à distance (entre l’Australie et la Californie, en passant par l’Europe !). Le nouveau directeur, le père Philippe Vigneron, a enfin reçu un papier qui lui permet de faire sa demande de visa à l’ambassade des USA en France… au bout de 4 mois ! Donc pour cette année, tout est en stand-by. On se dit : « doit-on continuer ? ». Et en même temps, fin janvier on a déjà 15 candidatures pour septembre prochain. Donc, on se dit : « on doit continuer… » (Rires). On espère donc ré-ouvrir en septembre et qu’on sera un peu sorti de la crise. Le défi pour cette ESM est de continuer à recruter des jeunes nord-américains. Je vous confie cette intention de prière.

 

Quels sont les signes d’espérance que vous percevez dans ce contexte ?

Hum… (silence). La communion, c’est pour moi un signe d’espérance. Je crois qu’il est possible de sortir du schéma : les cathos de bases / les agents pastoraux / la hiérarchie cléricale, ou encore les chrétiens de droite / les chrétiens de gauche, les blancs / les noirs, les jeunes / les anciens. Dans la communauté, il n’y a pas de lutte de pouvoir. Nous sommes différents mais nous sommes des frères. En communauté, on peut le vivre. C’est un art de vivre possible. Nous y croyons.

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La Communauté aux Etats-Unis c’est…

81 frères engagés, 46 EAD, 3 membres associés et 37 regardants/amis proches… répartis sur 22 états. Il faut considérer l’extrême dispersion des frères sur un territoire qui fait 15 fois la France; ainsi, la Californie est divisée en 2 secteurs, le Texas en 3…

65% des frères se retrouvent sur 6 états :

  • Minnesota (St Paul-Minneapolis) – 18%
    • 2 prêtres incardinés (mais 1 seul actuellement, l’autre étant détaché pour l’ESM), et 1 sœur en formation à Paris;
    • 30 frères (incluant les regardants/amis)
  • Secteur de New York (incluant Connecticut, New-Jersey et Pennsylvavie)
    • 16% des frère, soit 27, incluant les regardants/amis
    • 1 paroisse, 1 prêtre incardiné (et un en provenance de St Paul pour l’ESM, + Philippe Vigneron pour l’ESM), 1 diacre en cheminement vers le sacerdoce associé
  • Secteur de Washington : 18 frères
  • Secteur de Boston : 16 frères (dont 1 prêtre associé)
  • Secteur de la Californie : 16 frères
  • Secteur du Texas : 11 frères
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