Eric et Casilda, comme des parents aimants à Chezelles

Eric et Casilda sont maître et maîtresse de maison pour les maisons d’accueil de Chezelles et Marigny depuis 5 ans. De l’appel reçu à l’action de grâce ils nous racontent leur mission.

Comment avez-vous reçu cet appel à la mission ?

Eric : Je travaillais à Annecy dans un grand groupe industriel dont j’accompagnais les différentes filiales. J’étais à 2 ans de la retraite. Casilda était à la maison. Nos 5 aînés étaient dans la vie active et notre dernier enfant, lycéen, vivait avec nous.

Casilda : Nos accompagnateurs nous avaient invité à faire silence pour accueillir ce que le Seigneur voulait pour nous, pour notre retraite qui s’approchait. J’avais été marquée par le témoignage de frères qui avaient été désarçonnés par cette nouvelle étape et je ne souhaitais  pas être  prise de court. Nous avons senti qu’il nous fallait laisser la responsabilité du secteur d’Annecy que nous portions depuis  quelques années pour nous mettre à l’écoute de ce que le Seigneur voulait nous dire. Le silence n’a duré que quelques mois !

Eric : En janvier 2014, nous avons reçu un appel de Philippe Chevillard – DRH de la Communauté, persuadé que nous étions à la retraite. Nous avons d’abord corrigé son erreur mais lui avons tout de même demandé la raison de son appel. Il nous a présenté la mission pour laquelle il avait pensé à nous. On nous demandait de prendre le relais comme maître et maîtresse de maison à Chezelles et Marigny, à L’Île-Bouchard.

Casilda : J’ai ressenti à ce moment-là comme un énorme rocher de joie dans le cœur. Nous n’avons pas dit oui tout de suite et avons pris le temps de discerner mais nous étions vraiment envahis par la joie.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à dire oui ?

Eric : Notre fille aînée qui avait une grande dévotion à Notre-Dame de la Prière, faisait justement baptiser son bébé à naître le dimanche de Pâques, à L’Ile-Bouchard, lieu plus central pour famille et belle-famille.

Casilda : A l’issue du week-end pascal nous avons présenté le projet à nos enfants et le plus jeune a aussitôt répondu « Si c’est votre appel, il faut que vous y répondiez ». Comme c’était pour lui que cela avait le plus d’impact (arrachement à ses amis, internat…) son accord était vraiment déterminant pour nous !

Eric : Rétrospectivement nous avons vu tout un tas de « clin Dieu » qui manifestaient l’invitation à nous ancrer dans le mystère de l’Annonciation et nous montraient le soutien de mon père, décédé.

Casilda : L’été qui a suivi notre oui nous avons participé à une VSF (Vacances Spirituelles et Familiales) et nous avons mesuré un peu plus ce qui se passait à Chezelles. On s’est dit… Le Seigneur ne nous demandera pas l’impossible, on fera ce qu’on pourra ! 

pommeret

Comment a démarré votre mission ? En quoi consiste-t-elle ?

Eric : Nous devions prendre la mission en mars 2015, en pleine année scolaire. Nous sommes d’abord venus tous les deux alternativement une semaine par mois jusqu’à fin juin : les frères présents et les équipes de salariés ont été formidables d’engagement dans cette période de transition ! J’ai pris ma retraite le 30 juin 2015 et le 2 juillet nous emménagions à Chezelles, dans la petite maison mise à notre disposition sur place.

Notre mission c’est d’abord l’accueil des nombreux pèlerins et toute la gestion ordinaire de la maison « en bon père de famille ». Dans la maison de Chezelles se côtoient un frère consacré et deux prêtres, qui résident sur place et une petite équipe hôtelière salariée (secrétaire général, intendant, cuisinier, femmes de ménage, maintenance…). A Marigny vit une fraternité de 3 sœurs consacrées, et il y a aussi, par ailleurs, l’équipe des prêtres de la paroisse. Nous avons été appelés à travailler à la communion entre toutes ces personnes en établissant des rendez-vous fraternels réguliers : louange et café hebdomadaire avec les sœurs consacrées à Marigny, déjeuner hebdomadaire avec les prêtres de L’Île-Bouchard, rencontre avec les résidents de Chezelles, café quotidien avec l’équipe de permanents…

Casilda : Notre mission, c’est « être avec ». Mettre en route le petit déjeuner, être présent avec les équipes pour la vaisselle, le service des repas. Etre là pour accueillir les arrivants, les rassurer et répondre à leurs besoins. Préparer l’accueil des enfants lors des VSF, fleurir la maison, soigner l’accueil dans les petits détails, fêter les anniversaires, organiser une sortie pour les salariés… Etre comme une mère aimante au fond.

Eric : Nos prédécesseurs avaient participé très activement à la recherche de fonds et nous avons eu la mission de discerner du bon usage à faire des dons reçus.

La priorité c’est la prière, nous avons fait le choix de commencer  par la rénovation de la chapelle de la maison d’accueil de Chezelles. Puis, nous avons rénové et mis aux normes les chambres du château, en veillant à faciliter l’accès des personnes à mobilité réduite, et rénové la chapelle des sœurs à Marigny.

Sur un plan davantage pastoral nous avons participé à un projet d’accompagnement de jeunes start-uppeurs et de dirigeants d’entreprise… prêt à être lancé. D’autres travaux sont préparés et seront suivis par nos successeurs, comme la rénovation et la mise aux normes de 24 chambres annexes de Chézelles et des chambres de Marigny.

Casilda : Quand nous sommes arrivés nous avons réalisé qu’il y avait autour des maisons près de 70 hectares de terres. Avec le gouvernement de la Communauté, nous nous sommes demandé quel était le projet du Seigneur, ce qui nous a conduit à participer au cadrage du projet Terres de Promesse qui va se déployer à partir de 2020.

Seminaire Chezelles OCT2015 0143

Quelles sont vos joies ? Vos combats ?

Casilda : L’accueil des pèlerins qui est la première dimension de notre mission peut être parfois fatiguant et aride mais c’est aussi une source de joie profonde. Le service des repas, la vaisselle, la préparation de la chapelle sont des occasions d’échanges profonds et d’évangélisation tout simple avec les personnes. Ce qu’il y a de plus humble et concret dans la mission est vraiment un lieu de témoignage et de compassion.

Je suis bouleversée par l’humilité et la prière fervente de ces pèlerins parfois très humbles et très pauvres qui viennent de toutes petites paroisses. Ce sont « les âmes pieuses » dont parle la Sainte Vierge à Jacqueline qui portent le monde.

Ce qui me touche aussi c’est que le monde entier débarque ici, dans ce tout petit trou perdu de 135 habitants en comptant les fermes isolées ! Je me sens au cœur du monde !

Eric : Il y a un enjeu de communion avec la paroisse-sanctuaire. Ne l’oublions pas, ce qui justifie les maisons d’accueil c’est le sanctuaire de L’Ile-Bouchard. Et ce sanctuaire est aussi une paroisse : ce lien est sans cesse à travailler.

Notre grande joie c’est la présence dans l’équipe de Xavier Bertin, un frère donné dans la mission qui porte avec nous à la fois le souci pastoral et tous les aspects logistiques. Et puis nous avons la grâce d’avoir un frère consacré avec nous, un homme de prière, plein de bienveillance et de joie.

Casilda : Je crois que les salariés sont heureux de venir à Chézelles et il y a une réelle confiance, une fraternité qui se crée. C’est un vrai cadeau.

Eric : Dans ma famille nous avons une devise : « La force vient du Ciel ». Nous nous confions en particulier à la vénérable Anne de Guigné, dans la maison natale de laquelle nous avions eu la grâce de vivre à Annecy.

 

Et maintenant ?

Cette mission a été un cadeau pour nous. Ces 5 premières années de retraite nous ont permis de nous donner dans des projets qui correspondaient à ce que nous portions dans le cœur parfois depuis des années. Nous mesurons à quel point c’est une grâce que le Seigneur nous a donnée, par le biais de la demande que la Communauté nous avait fait, de construire cette nouvelle étape de notre vie, l’âge de la retraite, en nous mettant ensemble au service de nos frères et de la mission, de cette manière.

Nous avons compris que notre place était ici, à L’Île-Bouchard. Nous avons acheté une maison en face du sanctuaire et nous remettons la nouvelle page qui s’ouvre pour nous dans les mains de Marie : Deo Gratias !

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