Mission charismes : Il faut que ça brûle !

A la rentrée 2019, à l’appel d’Emmanuel et Bénédicte Odin, une « équipe charismes » est montée pour accompagner les initiatives mettant en jeu les charismes extraordinaires et former les frères. L’équipe nous présente sa mission et les objectifs.

Votre mission existe depuis un peu plus d’un an. Pourriez-vous nous la présenter ?

L’équipe charismes de la zone France a été appelée fin de l’été 2019 à la suite notamment des deux écoles des charismes organisées par la communauté et animées par Cor et Lumen Christi en 2018 à Neuilly et en 2019 à Baltard. Dans le même élan, de nombreux frères ont également participé aux écoles des charismes proposées lors des  derniers Congrès Mission et à différentes initiatives, notamment dans le diocèse de Paris. 

La première mission des frères de l’équipe charismes, probablement commune à toute mission, est de se laisser aimer et habiter par l’Esprit Saint de façon nouvelle pour aimer nos frères de façon nouvelle et désirer qu’ils soient visités par l’Esprit Saint d’une façon nouvelle. Oui, notre première mission est de désirer ardemment, personnellement et en équipe, une effusion de l’Esprit Saint, pour notre sainteté personnelle et celle de nos contemporains, en vue de la vie éternelle. 

Sans être exhaustif, et comment le pourrions-nous, la mission de l’équipe pourrait se présenter sous 4 axes :  

  • Le premier est d’être à l’écoute et d’accompagner les questionnements des responsables de province et de dresser un état des lieux « zone France » des propositions de formations et missions liées aux charismes extraordinaires, dans un cadre communautaire ; cela suppose un lien étroit et régulier avec les responsables de province ou les frères délégués.
  • Le deuxième est de transmettre à chaque frère de communauté en France ce qui a été reçu, renouvelé et éveillé en matière d’exercice des charismes, (à l’exception du sujet de la prière de libération ou délivrance qui est sous la responsabilité de l’équipe exorcisme), en inculturant, déployant dans les grâces de l’Emmanuel et en l’habitant de nos racines communautaires. L’équipe a écrit une école des charismes, sous forme d’un module d’un week-end, de deux week-ends ou 3 jours, destiné aux frères de communauté. A l’appel des responsables de province, un binôme de frères de l’équipe se rend dans les provinces pour vivre et donner cette formation, un temps fraternel, s’appuyant sur le primat de l’adoration. L’ensemble, avec les enseignements et les exercices pratiques, forment un tout. 
  • Le troisième axe s’attache à proposer des critères de discernement pour éclairer le déploiement des charismes extraordinaires dans les grâces de l’Emmanuel, afin de les exercer dans les missions diverses, existantes ou à venir, et favoriser la subsidiarité.
  • Le quatrième axe, et non des moindres, consiste à nous mettre en attitude de veille des initiatives non communautaires, des instances du renouveau charismatique, des paroles de nos évêques et des publications et travaux de l’Eglise en la matière.
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Comment est constituée l’équipe ?  

Nous vous la présentons avec joie, et même avec très grande joie ! Les frères, c’est si bon, la communion des états de vie, c’est si dynamisant ! L’équipe est constituée de 6 frères. 
Emmanuel et Nathalie Loevenbruck, de la région parisienne, respectivement coach et thérapeute familiale & conjugale, en service dans l’équipe nationale de formation à l’enseignement.  
Jean-Baptiste Edart, prêtre de l’Emmanuel, pour le diocèse de Rouen, en mission pour le diocèse d’Angers, maître de conférence à l’Université Catholique de l’Ouest, effectuant des recherches sur l’action démoniaque et la prière de libération. Il est responsable de l’équipe exorcisme pour la zone France.  
Pascale Poch, consacrée dans le célibat en vue du Royaume dans la communauté, titulaire d’un DEA en théologie, “amoureuse” de la petite Thérèse et diplômée de l’Institut Thérésien ; elle est médecin addictologue et exerce à l’hôpital de Digne-les-Bains.    

Pascale et Jean-Baptiste étaient dans le noyau de l’équipe d’animation de l’école des charismes de 2019. Pascale faisait également partie de l’équipe d’animation de l’école des charismes de 2018 et des frères « éclaireurs », missionnés par le délégué du modérateur pour la zone France en février 2017 pour découvrir l’école des charismes à Londres. 
Et nous-mêmes, Bruno et Delphine Berton. L’activité professionnelle de Bruno nous a permis de vivre la vie communautaire dans plusieurs provinces de France. Après 25 d’activités non professionnelles, Delphine travaille depuis un an pour l’Association Cléricale de la Communauté de l’Emmanuel. Nous avions été responsables, à la suite de Fabienne et François Duclos et avec toute une équipe d’animation, de la deuxième école des charismes de Baltard. 

Nous avons commencé dans un premier temps à 4, avec Pascale et Jean-Baptiste et avons esquissé les champs missionnaires à partir de la feuille de route, pris le temps de relire ce qui avait été vécu lors des écoles des charismes en écoutant les retours des frères, pour une grande part enthousiastes, pour certains dubitatifs, parfois contrastés. Nous avons aussi écouté des frères d’expérience sur ce qu’ils avaient vécu aux cours de ces 40 années de vie communautaire. Nous avons repris les questions récurrentes comme par exemple « Comment vivre cela dans nos grâces ? Et maintenant, que faire ? Exercer les charismes oui, mais s’exercer aux charismes, pourquoi, comment ? Peut-on tous exercer tous les charismes ? Quelle place pour le discernement lorsqu’un frère exerce une prophétie en direct ? Quelle place pour la liberté lorsque l’on exerce un charisme de guérison devant une assemblée ? Et ceux qui n’ont pas été guéris, que leur dire ? Et ceux qui croyaient être guéris et puis finalement non ? Ne favorisons-nous pas la recherche du merveilleux et du prodige ? Le charisme de guérison par parole de commandement ne contraint-il pas l’Esprit Saint ? Et le repos dans l’Esprit, la communauté ne l’a-t-elle pas interdit ? Est-ce vraiment notre culture ? Y-a-t-il un lien entre une maladie et l’esprit du mal ? Pourquoi ne prier que pour des maladies physiques ?  Quand pourrons-nous sortir dans la rue pour guérir et libérer au nom de Jésus ? Qu’avons-nous le droit de faire ? »  

Lors de notre première rencontre physique pendant la retraite de Fraternité 2019, au 17 rue des 2 Ponts de Paray le Monial (les habitués reconnaîtront la sympathique adresse du Stromboli), nous avons décidé d’écrire une Ecole des charismes dans les grâces de l’Emmanuel et nous nous sommes répartis les tâches : l’un à l’écriture des topos d’introduction et de conclusion, d’autres à ceux d’exercices de prophétie et guérison, un autre dédié à l’écoute de nos frères d’expérience et à la coordination et l’harmonisation de tout cela. Petit à petit, de relecture en partage, de discussion en ré-écriture, d’interventions tests en week-end tests, une proposition s’est affinée, une pédagogie, avec notammentle primat de l’adoration. Nous continuons de l’enrichir et de l’adapter. 

Nous nous appuyons sur des auteurs récents comme Mary Healy, Neal et Matt Lozano et plus anciens, comme le père Sullivan ou frère Albert de Montléon. 

A l’accueil du service, Delphine a reçu une compagne de route, une sœur qu’elle ne connaissait pas de son vivant, Marie-Nicole Boiteau, rencontrée par son livre « Découvrir l’Esprit Saint qui donne la vie ». Merci Marie-Nicole. Nous continuons à te confier ce service.

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Un week-end de formation a eu lieu fin novembre. Quel était ce week-end ? Quel bilan en tirez-vous ?

Cette session de fin novembre s’inscrivait dans le second axe du service, c’est-à-dire travailler à des critères de discernement pour continuer à déployer les charismes dans notre vie communautaire et dans nos missions, dans la grâce de ce qui a été donné ces derniers mois. Cette session s’adressait aux responsables de province et/ou à des frères délégués. 23 provinces étaient représentées par 90 frères qui avaient pu se libérer.  

Sur la forme, nous avons vécu, à distance, une alternance de temps en plénière et en fraternité, avec des enseignements, des temps de prière, d’exercice, des séances de question/réponse, remontées et reprise, de partage et de travail en fraternité. 

Sur le fond, nous avons par exemple développé quelques réflexions fondatrices qui ont guidées l’équipe dans l’écriture du week-end évoqué plus haut : le fait de proposer largement de s’exercer aux charismes, l’enjeu de communion dans la communauté et au-delà dans l’Eglise, le discernement communautaire, ainsi que le combat spirituel face à la disponibilité de grandir dans la vie de l’Esprit et l’appel universel à la sainteté et l’exercice des vertus, non seulement théologales, la foi, l’espérance et la charité, mais aussi morales, la prudence, la force, la justice et la tempérance. Nous avons aussi partagé quelques fondamentaux de l’exercice des charismes dans les grâces de l’Emmanuel. Pascale nous a enseignés, efficacement et de façon dynamique sur notre appel à l’adoration, la compassion et l’évangélisation, mais aussi notre appel à la communion, à la vie fraternelle

 

Nous aurions du mal à vous dresser un bilan de cette rencontre, si ce n’est qu’elle était enthousiasmante, réjouissante, dynamisante et encourageante.

Nous pouvons plus aisément vous partager 4 de nos observations : 

  • Comme nous le rappelaient Emmanuel et Bénédicte, l’exercice des charismes est l’affaire de chaque frère de l’Emmanuel et non pas celles de quelques frères que nous érigerions comme spécialistes.  
  • Nous ne pouvons qu’êtres conformes au charisme de l’Emmanuel. Nous ne pouvons modifier ce charisme dont nous sommes dépositaires. Mais l’expression de celui-ci n’est pas uniforme et peut s’exprimer différemment, dans nos réalités propres et en un temps donné.
  • Les avancées sont diverses selon les provinces, chaque province et secteur ayant leurs réalités propres. On peut comprendre que sur un lieu, pour une raison qui ne nous appartient pas, des missions spécifiques dans lesquelles des charismes extraordinaires seraient déployés ne soient pas mises en œuvre dans les délais que certains pourraient souhaiter. 
  • La communion entre nous et avec l’Eglise est un rempart, un appui. « Un signe clair de l’authenticité d’un charisme est son ecclésialité, sa capacité de s’intégrer harmonieusement dans la vie du peuple saint de Dieu, pour le bien de tous » (Evangelii gaudium, 130

Après les deux écoles des charismes avec Cor et lumen christi et Damian Stayne en 2018 et 2019, quels sont les axes pour 2021… et pour la suite ? 

Ne nous y trompons pas.  L’exercice des charismes n’est pas une fin en soi, les prières de libération et de guérison par exemple ne sont pas le tout de la mission, ni même le cœur, c’est la proclamation du message qui l’est. Parce qu’elles peuvent être au service de l’évangélisation, il est souhaitable de les voir mises en œuvre dans nos missions. Le déploiement de l’exercice des charismes dans les missions qui existent déjà ou encore dans le cœur de Dieu sont confiées aux responsables locaux. Nous continuerons à travailler à- et transmettre des éléments de discernement, pour grandir et déployer la grâce de l’Emmanuel. 

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées ». Isaïe 55, 9  

Notre service consiste en partie à contribuer à ce que nous entrions toujours davantage, personnellement et en communauté, dans un habitus sans cesse renouvelé de l’action de l’Esprit Saint, de façon ordinaire ou extraordinaire, par « notre moyen », pour reprendre les propos de Jésus à Sainte Marguerite-Marie. A ce jour, nous continuons à nous rendre disponibles pour visiter, à la demande des responsables, les provinces lors d’un ou deux week-ends ou d’une « session » de 3 jours, comme cela est prévu sur plusieurs provinces cette année et en cours de programmation pour l’année prochaine. 

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Avec les maisonnées « online » qui risquent de se prolonger encore quelques mois nous nous sentons parfois un peu pauvres et secs dans la louange et l’exercice des charismes. Comment faire ? 

Avant de répondre une petite précision s’impose !

Le concile Vatican II distingue les charismes ordinaires et extraordinaires. Un charisme ordinaire se greffe sur une qualité naturelle. En raison de la façon dont il est vécu et des fruits qu’il porte, il devient un charisme, c’est-à-dire un don mis au service de l’Eglise, de la construction du corps tout entier. Par exemple le gouvernement, le service des pauvres, l’enseignement, le chant, savoir lire à la messe… sont des charismes ordinaires. Ordinaire ne veut pas dire banal, ils sont ordinaires car ils sont dans l’ordre des choses.

Les charismes extraordinaires, eux, sont d’origine purement surnaturelle, donnés par le Seigneur et pas liés à un talent. Dans la communauté, nous exerçons habituellement des charismes extraordinaires, ce qui nous amène parfois à une petite confusion. Ainsi, le chant en langue, le charisme de texte ou les images sont bien des charismes extraordinaires, que nous exerçons “ordinairement”. Donner un texte « qui tombe juste », sans même connaître la demande de mon frère, donner une image qui dilate le cœur par exemple dépassent nos capacités naturelles. Chanter en langue n’est pas lié à un talent musical et le charisme de texte n’est pas lié au fait de bien connaître la Bible. Il s’agit bien de charismes extraordinaires.

Il faut toujours resituer l’exercice de tous les charismes, ordinaires comme extraordinaires, dans l’appel universel à la sainteté. La vocation de la Communauté c’est la sainteté de ses membres. Un charisme quel qu’il soit ne se mérite pas mais nous appelle à une plus grande sainteté de vie et à renoncer au mal, à accepter d’être délivré de ce qui nous empêche d’avancer.

En ce qui concerne l’exercice des charismes dans nos maisonnées… comme nous le disions précédemment, nous ne sommes pas des spécialistes et nous n’avons pas de conseils à donner… Nous pouvons vous partager simplement quelques réflexions.

Dans ce temps de restrictions et de distanciation physique qui imposent à beaucoup de vivre nos rencontres communautaires chacun chez soi, nous pouvons éprouver une difficulté supplémentaire à louer et exercer les charismes. Louer dans une même pièce nous manque, ne le nions pas !  

Nos activités communautaires sont comme enfouies sous la neige. Tout fonctionne au ralenti, les sons sont assourdis, on avance doucement et un peu à tâton, on est davantage tournés vers l’intérieur. On est renvoyés à l’essentiel, la charité !

Cependant, il nous semble que nous pourrions nous méprendre sur le combat à mener. Nous avons beaucoup de retours qui nous disent que les charismes s’expriment très simplement, même derrière nos écrans, lorsqu’un frère demande la prière. Rien de surprenant en effet. Nous aimons nos frères et lorsque l’un se met à genou devant le Père pour se laisser revêtir par son onction, nous l’accompagnons de notre prière et nous mettons à genou avec lui, nous sommes habités de compassion et de désirs ardents pour lui ! Nous sommes alors, mus par l’amour, désireux de laisser l’Esprit Saint œuvrer, et par notre moyen si c’est son désir. Cela peut nous offrir un autre éclairage sur ce qui nous meut (ou ne nous meut pas) dans ce temps que nous « consacrons » à la louange communautaire, de façon parfois trop mécanique. 

Ce qui est rendu difficile pendant le couvre-feu qui nous empêche de nous retrouver en soirée, c’est le discernement communautaire, la soumission aux pasteurs de ce que je pense recevoir de la part du Seigneur. Il est impossible de passer sa bible à son voisin et peu aisé de partager une image ou une prophétie pour poser un discernement avant de la donner à tous… et exercer dans l’ordre, selon la recommandation de saint Paul (1 Cor 14).  

Nous pouvons en revanche reconnaître que la Providence nous propose en ces temps de nous rendre particulièrement disponibles à exercer les charismes ordinaires, comme le discernement, la charité, le gouvernement, l’enseignement, l’accueil, le service des malades, des pauvres… Notre frère Pierre Goursat a exercé largement les charismes ordinaires tout du long de sa vie. Ils ne sont pas des sous-charismes ! En faisant grandir dans la foi et l’amour de Dieu ceux qui en bénéficient, ils contribuent à édifier le corps tout entier de l’Eglise, ce qui est la définition d’un charisme. Que serait l’Eglise sans le charisme du service des pauvres par exemple ?

Un dernier mot ?

Esprit Saint, viens habiter nos capacités naturelles d’une manière nouvelle en ces temps !
Recevons-les comme un don, dans l’abandon à l’Esprit Saint. Nos tours de partage en maisonnée sur l’évangélisation en seront renouvelés et nos louanges n’en seront que plus habitées ! 

Pour grandir dans le discernement des inspirations de l’Esprit Saint, nous vous proposons ci-dessous de poursuivre avec une brève méditation de Saint François de Sales.

Frères, convertissons-nous, soyons des artisans d’amour, prions les uns pour les autres,  ensemble et en communion… « il faut qu’ça brûle »!

 

« Nous appelons inspirations tous les attraits, mouvements, reproches et remords intérieurs, lumières et connaissances que Dieu fait en nous, prévenant nos cœurs en ses bénédictions (Ps 20) par son soin et amour paternel, afin de nous réveiller, exciter, pousser et attirer aux saintes vertus, à l’amour céleste, aux bonnes résolutions, bref à tout ce qui nous achemine à notre bien éternel.
Les trois meilleures et plus assurées marques des légitimes inspirations sont : la persévérance, contre l’inconstance et légèreté ; la paix et douceur de cœur, contre les inquiétudes et empressements ; l’humble obéissance, contre l’opiniâtreté et bizarrerie.
Saint François de Sales, IVD, 2e partie, ch. 18, Pléiade, p. 110. et TAD, Livre 8, ch.13, Pléiade, p. 752 » 

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