Obsèques de Johnny Hallyday : un événement missionnaire ?

Eglise de la Madeleine
Source : Creative Commons

Le père Étienne Lhomme, membre de la commumauté de l’Emmanuel, était un des quelques prêtres présents aux obsèques de Johnny Hallyday. Récit d’un événement évangélisateur inattendu.

Comment vous êtes arrivé à participer à cette célébration ?

Un autre prêtre de ma paroisse, a lancé l’idée d’y aller et on s’est dit « on peut pas rater un moment qui rassemble autant de personnes et surtout autour d’un homme qui affichait d’une certaine manière sa foi ». Johnny Hallyday connaissait l’infinie miséricorde de Dieu quand il a dit : « Je suis sûr que Jésus, lui, ne m’en veut pas. » Alors on voulait à la fois rendre hommage au bonhomme et ne pas rater un événement qui rassemblait beaucoup de personnes.

Qu’est-ce que l’assemblée était venue y chercher ?

Il y avait une foule incroyable. Ce que j’ai trouvé très beau, c’est qu’au fond de la Madeleine, ils avaient laissé de la place pour les gens simples, des fans de Johnny. C’est hyper intéressant de voir les belles choses que Johnny Hallyday a réussi à faire autour de lui, et les gens simples disaient : « il nous a donné de la joie, il nous a donné un peu de baume au cœur, d’espérance ». Et puis c’était très recueilli. Ce n’étaient pas les fans furieux qui sont en adoration, c’étaient vraiment des gens simples qui ont été rejoints par ce gars-là.

Vous avez donc la sensation que c’est vraiment Dieu qui était au centre de cette célébration ?

J’en veux pour preuve la manière dont la cérémonie s’est déroulée. Les 2 premiers discours ont été suivis d’applaudissements, c’était un peu le show. Puis ils se sont raréfiés et on a senti la profondeur de la célébration : plus le temps passait, plus l’assemblée était recueillie et priante, et moins elle regardait les stars qui étaient là.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en ce temps ?

A la fin, au moment où on repartait avec le cercueil, un grand gaillard habillé exactement comme Johnny, même coiffure et tout, pleurait à chaudes larmes. Alors je lui ai pris la main, c’était beau, c’était un vrai moment de communion.

Est-ce que vous en avez retiré un enseignement ?

L’Église doit être absolument présente et les chrétiens en nombre à ce genre d’événements parce qu’on touche tout le monde. Le monde médiatique est là, il y a tous ces gens simples qui sont là, il y a tous ces hommes politiques. J’ai traversé toute la place de la Madeleine pour accéder à l’église et les gens demandaient « priez pour nous, priez pour Johnny ! » ou encore « mon Père, bénissez-nous ! »,  ils voulaient parler. C’est la preuve que les gens nous attendent. Alors l’Église doit leur dire qu’elle est aussi concernée, qu’elle est avec eux et prie pour eux.


Homélie de Mgr de Sinety aux obsèques de Johnny Hallyday

Lire l’homélie en intégralité

«Avec une seule poignée de terre, Il a créé le monde

Et quand Il eut créé la Terre, tout en faisant sa ronde

Le Seigneur jugeant en somme qu’il manquait le minimum

Il créa la femme et l’amour qu’elle a donné aux hommes.»

En ce jour où une foule immense communie à la même tristesse, autour de vous Laeticia, Jade et Joy, autour de vous David et Laura, autour de vous leurs mamans, voici que ce refrain chanté par un jeune homme au début des années 60, peut retentir de nouveau.

Ces paroles résonnent comme en écho à celles que nous venons d’entendre, paroles initiales du Livre de la Vie: «La vie s’est manifestée!». L’Apôtre Jean pousse ce cri de joie en écrivant aux premières communautés chrétiennes: oui la vie s’est manifestée et elle se manifeste encore, jour après jour, comme un don inestimable qui nous est confié en partage, à nous, hommes de toutes conditions, de tous peuples et de toutes cultures.

En entendant la nouvelle de sa mort, beaucoup ont été saisis de chagrin, d’angoisse, de détresse: ainsi celui qui avait accompagné tant de moments heureux ou douloureux de nos existences ne chanterait plus, sa voix s’est éteinte… Même si chacun au plus intime de lui-même se reconnaît finalement mortel, on en vient à rêver que ceux que nous aimons et que nous admirons, ne connaissent jamais de fin. Et lorsque les ténèbres du deuil paraissent, un froid glacial saisit nos cœurs et nos esprits.

Il y a deux mille ans, un homme naquit. Il se manifesta à ceux qui attendaient du Ciel un Envoyé, comme le Messie, le Christ. Ceux qui le reconnurent comme tel, le suivirent, pensant qu’Il leur donnerait de voir un royaume humain inédit, que rien ni personne ne pourrait détruire. Ils le suivirent sur les chemins de Judée et de Galilée, de Samarie et jusqu’au Temple de Jérusalem. En l’écoutant parler, en le regardant guérir l’aveugle de ses obscurités, purifier le lépreux des rejets qu’il inspire, relever la femme que tous veulent lapider, accueillir l’étranger que nul ne veut recevoir, relever ceux qui étaient morts, ceux qui le suivent apprennent à comprendre qu’en ce Jésus se révèle le visage de Dieu.[…]

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